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La conquête romaine de l’Illyrie (14-9 av. J.-C.)
Après de nombreuses campagnes engagées par les Romains en Illyrie, les populations illyriennes demeurèrent agitées, et fréquemment sujettes à des rébellions. Les campagnes menées entre 35 et 33 av. J.-C. par Octavien permirent de pacifier les marges de l’Italie et de la province d’Illyrie (qui ne s’étendait alors que le long du littoral de l’Adriatique), et de conquérir les territoires riverains de la Save jusqu’à Segestica (Sisak, comitat de Sisak-Moslavina, Croatie), chez les Colapians. À l’issue de ces opérations, malgré la position frontalière des territoires conquis et les troubles récurrents qui agitaient cette province, l’Illyrie demeura une province sénatoriale.
Des troubles ne tardèrent pas à intervenir. Ainsi, en 16 av. J.-C., des Pannoniens entraînèrent les Noriques dans une expédition contre l’Istrie, nécessitant l’intervention du gouverneur de l’Illyrie, Publius Silius Nerva, qui leur imposa un nouveau traité. Cette pacification fut de courte durée, puisque dés 14 av. J.-C., ces mêmes populations pannoniennes se rebellèrent de nouveau et reprirent leurs pillages des régions adjacentes. Dans un premier temps, les Romains intervinrent avec pour objectif de mâter cette rébellion, mais très rapidement leur objectif changea. Cette intervention fut le prétexte pour asservir l’ensemble de l’Illyrie, depuis les bornes de l’Italie et du royaume du Norique, entré depuis peu dans la clientèle de Rome, jusqu’au Danube et à la province de Macédoine (La province de Mésie n’existait pas encore).
Les sources relatives à cette conquête, parfois dénommée Bellum Pannonicum, sont rares. La principale est le bref récit qu’en fait Dion Cassius dans son Histoire romaine, auxquelles s’ajoutent quelques témoignages forts laconiques issus de l’Histoire romaine de Velleius Paterculus et les Vies des douze Césars de Suétone (Vie d’Auguste et Vie de Tibère), quand les témoignages ne se résument pas à une seule phrase, comme dans les Hauts faits du divin Auguste, les Periochae de l’Histoire romaine de Tite-Live, l’Abrégé de l'Histoire romaine de Florus, les Abrégé des hauts faits du peuple romain de Festus Historicus, l’Abrégé de l'Histoire romaine d’Eutrope, ou encore dans la Chronique d’Eusèbe de Césarée. Parfois même, les éléments relatifs à ces conflits se résument à de simples anecdotes, comme dans les Stratagèmes de Frontin. La pauvreté des témoignages réside notamment dans le fait que certain de ces historiens étaient notablement hostiles à Tibère (Suétone, Tacite et Dion Cassius) et n’ont eu de cesse de minimiser son œuvre et ses mérites (Domić Kunić, 2006).
L’Illyrie désignait alors une vaste région, comprise entre l’Adriatique et le Danube, où étaient établies diverses populations illyriennes, celtiques et thraces, parfois fortement imbriquées, et souvent confondues sous les noms d’Illyriens, ou encore de Pannoniens et de Dalmates dans les sources antiques faisant référence aux découpages provinciaux ultérieurs, comme cela est régulièrement souligné depuis le travail de R. Syme (1937). Ce fut donc dans le cadre de ces campagnes, fort mal documentées, qu’une grande partie des peuples celtiques danubiens entrèrent dans l’escarcelle de Rome.

| Auguste, Hauts faits du divin Auguste, V, 30 : "Les peuples pannoniens, chez lesquels aucune armée du peuple romain n'avait jamais pénétré avant mon prince, ayant été soumises par Tibère Néron, alors mon beau-fils et mon légat, je les plaçai sous la souveraineté du peuple romain et je repoussai la frontière de l'Illyrie jusqu'aux rives du Danuvius. Une armée de Daces qui traversa au sud de ce fleuve fut, sous mes auspices, vaincue et écrasée. Ensuite, ma propre armée traversa le Danuvius et força les tribus daces à se soumettre aux ordres du peuple romain." |
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