Cotins - Peuplade celte de Pannonie, qui ne nous est connue que par une unique mention dans la Géographie de Ptolémée sous la forme Κύτνοι (Géographie, II, 14, 2) et sur trois inscriptions lapidaires découvertes à Rome, sous les formes CIVES COTINI (CIL 06, 2389 ; 2833 ; 2835 ; 32542 et CIL 06, 2831 ; 2852 ; 32557) et COTINORVM (CIL 06, 2419 ; 2800 ; 2832 ; 32544 ; AE 2001, 219). Cet ethnonyme est possiblement gaulois. On peut y identifier le terme cottos qui signifie "vieux / ancien".

Il est fort probable qu'ils étaient apparentés aux Cotins de Germanie, lesquels occupaient les Carpates occidentales intérieures.

Ptolémée (Géographie, II, 14, 2) situe les Cotins dans l'est de la province de Pannonie supérieure, sans précision supplémentaire. Sur une inscription votive découverte à Rome et datée de 223 ap. J.-C. (CIL 06, 2389 ; 2833 ; 2835 ; 32542), rendant hommage à un dieu non-identifié et à l'empereur Sévère Alexandre, les soldats de cinq cohortes prétoriennes, tous citoyens cotins, indiquent être originaires de deux villes : Mursa (Osijek, Croatie) et Cibala (Vinkovci, Croatie). Ces deux villes sont voisines, et se situent toutes deux dans la portion orientale de la Slavonie, donc dans l'est de la province de Pannonie inférieure.

La présence des Cotins dans cette région est-elle ancienne ? Dion Cassius (Histoire romaine, LXXI, 12) indique qu'en 173 ap. J.-C., les Cotins de Germanie, frontaliers avec la Pannonie, réclamèrent aux Romains de l'argent et des terres. Compte-tenu du fait qu'ils trahirent leurs engagements, il est fort peu probable qu'ils furent installés en Pannonie à cette occasion. Aussi, la source la plus ancienne qui les mentionne, la Géographie de Ptolémée, a été rédigée autour de 150 ap. J.-C. (Ptolémée est décédé en 168 ap. J.-C.). La présence des Cotins dans la région est donc nécessairement antérieure. Les attestations épigraphiques de leur présence remontent toutes, quant à elles, à la première moitié du IIIe s. ap. J.-C. L'inscription votive de Rome (CIL 06, 2389 ; 2833 ; 2835 ; 32542), rédigée au cours du consulat de Lucius Marius Maximus Perpetuus Aurelianus et Lucius Roscius Aelianus Paculus Salvius Iulianus (223 ap. J.-C.), est cependant riche en informations. Tous les Cotins mentionnés étaient originaires de deux villes, Mursa (Osijek, Croatie) et Cibalae (Vinkovci, Croatie). Ces deux villes ont été élevées au rang de colonies romaines, au cours du règne d'Hadrien (117-138 ap. J.-C.) pour la colonie d'Aelia Mursa (CIL 03, 3279 ; 10260), et vraisemblablement au cours de celui de Caracalla (198-217 ap. J.-C.) pour la colonie d'Aurelia Cibalae. Lors de ces refondations, les citoyens originaires de ces deux villes ont donc été respectivement inscrits aux tribus Aelia et Aurelia. Dans le cas présent, on remarquera que bien que tous les soldats mentionnés appartiennent à ces deux tribus, tous possèdent les mêmes praenomens et nomina, tous s'appellent Marcus Aurelius (accompagné d'un cognomen). Ceci semble indiquer qu'ils n'ont acquis la citoyenneté romaine qu'au temps de Caracalla (Marcus Aurelius Severus Antoninus), certainement du fait du célèbre édit de Caracalla (212 ap. J.-C.) qui a octroyé la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l'Empire. Cette observation est corroborée par une seconde inscription votive, également découverte à Rome (CIL 06, 2419 ; 2800 ; 2832 ; 32544 ; AE 2001, 219), rédigée au cours du règne de Sévère Alexandre (222-235 ap. J.-C.). Bien que les praenomens n'y soient pas mentionnés, tous les nomina sont Aurelius. Enfin, sur ces deux inscriptions, les cognomina de ces soldats sont presque tous latins. On en déduira que bien que n'ayant acquis la citoyenneté romaine depuis peu de temps, ces Cotins étaient issus, dans leur grande majorité, de familles pérégrines fortement romanisées. Ce constat semble incompatible avec une installation récente dans l'Empire romain.