Stace - Silves (Silvae) - Les Silves (littéralement "ébauches" ou impromptus) constituent un recueil de poèmes occasionnels composés par Publius Papinius Statius (Stace). L'oeuvre fut rédigée entre 81 et 95 apr. J.-C., sous le règne de Domitien, et comprend cinq livres totalisant 32 poèmes, en mètres variés. Stace y traite de sujets divers liés à la vie aristocratique romaine : éloges, fêtes, mariages, naissances, décès, descriptions de villas ou d'oeuvres d'art, ainsi que quelques pièces à caractère personnel. Le recueil reflète à la fois la culture de cour flavienne et l'esthétique raffinée de la poésie d'apparat.
Dans les Silves, Stace évoque à deux reprises le passage des Alpes, avec un lien probable au sanctuaire du col du Montgenèvre (dédié à Apollon - probablement en lien avec la divinité celtique Albiorix). En I, 4 (v. ~80-86), le poète mentionne le franchissement des "Alpes neigeuses" sous la protection d'Apollon, à l'occasion du retour du marié (Stella). Bien qu'Albiorix ne soit pas nommé, ce passage correspond vraisemblablement au sanctuaire alpin dédié à Apollon Albiorix, attesté par l'épigraphie. En III, 1 (v. ~25-28), Stace reprend cette allusion de manière plus explicite : "le dieu qui, près de la cime escarpée des Alpes, marque de son nom révéré les bois d'Apollon" - description qui est traditionnellement rapprochée du Montgenèvre. Ici encore, Albiorix n'est pas cité, mais l'expression "dieu des bois alpins" suggère une forme de mémoire d'un culte indigène assimilé. La lecture conjointe de I, 4 et III, 1 permet donc d'interpréter ces mentions comme un témoignage poétique du syncrétisme romano-celtique, où Apollon récupère les attributs d'Albiorix ("roi du monde" dans la théonymie gauloise). (Voir : Apollon par Stace).
Stace, Silves V (probablement V, 2) évoque la mémoire du gouverneur Vettius Bolanus en Bretagne. Il imagine que, dans les champs calédoniens (Écosse), les habitants rappelleraient à son fils les actions glorieuses de son père : édification de fortifications, organisation militaire, victoires sur les chefs locaux, trophées élevés aux divinités guerrières. Bolanus y apparaît comme un civilisateur et stratège romain aux confins du monde. La comparaison finale avec Pyrrhus apprenant les exploits d'Achille fait du fils l'héritier d'une gloire héroïque. Le passage exalte la puissance romaine et la transmission du prestige familial dans un style épique. (voir : Succès remporté par Marcus Vettius Bolanus).
Sources: Pierre Crombet pour l'Arbre Celtique
|
|