Le titre originel de cette oeuvre ne nous est connue que par Dion Cassius (Histoire romaine, LX, 35), sous la forme Ἀποκολοκύνθωσις. Il s'agît d'un jeu de mots destiné à moquer l'apothéose (ἀποθέωσις "déïfication") de l'empereur Claude. Le terme ἀποθέωσις s'explique par le préfixe grec ancien ἀπό- "transformation", associé à -θεό(ς)- "dieu" et au suffixe -σις. Ici, le mot θεός "dieu" a été remplacé par κολοκύνθη "citrouille", pour former le composé ἀπο-κολοκύνθω-σις signifiant littéralement "la transformation en citrouille / citrouillification (de l'empereur Claude)". Il s'agît d'un ouvrage satyrique de Sénèque, dans lequel l'auteur raconte comment Claude a été chassé du paradis, pour se retrouver en enfer, après avoir assisté à ses propres funérailles. Il devra jouer éternellement aux dés avec un cornet sans fond.
Dion Cassius, Histoire romaine, LX, 35 :"Ce fut ainsi que mourut Claude : une comète, qui se montra pendant longtemps, une pluie de sang, la foudre, qui tomba sur les enseignes des gardes prétoriennes, les portes du temple de Jupiter Vainqueur s'ouvrant d'elles-mêmes, un essaim d'abeilles qui se peletonna dans le camp, la mort d'un magistrat par chaque collège, semblèrent des signes de cette mort. Claude obtint la sépulture et tous les autres honneurs qui avaient été décernés à Auguste. Agrippine et Néron firent semblant de regretter celui qu'ils avaient tué, et élevèrent au ciel celui qu'ils avaient emporté de table sur un brancard. Ce fut pour L. Junius Gallion, frère de Sénèque, le sujet d'une plaisanterie. Sénèque a composé un écrit sous le titre de Apokolokuntosis, c'est-à-dire, la Divinisation en citrouille ; la raillerie que l'on rapporte de Gallion renferme beaucoup en très peu de mots. Comme les bourreaux traînent avec de grands crocs à travers le Forum le corps de ceux qui ont été exécutés dans la prison, et de là les jettent dans le fleuve, il dit que Claude avait été attiré au ciel avec un croc. Néron aussi a dit une parole qui mérite bien de ne pas rester oubliée ; il a dit que les champignons étaient un mets des dieux, puisqu'ils avaient valu à Claude de devenir dieu."
Sources
• Pierre Crombet pour l'Arbre Celtique
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique