Ayant franchi le Pô, les Gaulois coalisés pillèrent l'Étrurie sans rencontrer la moindre opposition. Ils se décidèrent donc à prendre la route de Rome et ne tardèrent pas à atteindre Clusium (Chiusi, province de Sienne). Là, ils apprirent de leurs éclaireurs que l'armée qui avait reçu la charge de défendre l'Italie depuis l'Étrurie, les suivait de près. Bien décidés à l'affronter, les Gaulois firent demi-tour et vinrent à leur rencontre (Polybe, Histoire générale, II, 25).
La nuit tombant, les deux armées bivouaquèrent à faible distance l'une de l'autre. Les Gaulois profitèrent de l'obscurité pour mettre en place un habile stratagème : les fantassins gaulois quittèrent discrètement leur campement pour rejoindre une position plus avantageuse à Faesulae (Fiesole, ville métropolitaine de Florence). Au petit matin, les cavaliers gaulois se retirèrent à leur tour, mais ostensiblement, pour que leur apparente retraite soit vue par les troupes romaines. Espérant vaincre les Gaulois en fuite, les Romains se précipitèrent à leur poursuite et furent ainsi conduits jusqu'à Faesulae où le gros de l'armée gauloise les attendait en embuscade. Un vigoureux combat s'engagea, au terme duquel les Gaulois remportèrent la bataille. 6000 soldats romains furent tués et le reste de l'armée prit la fuite vers une colline, plus aisée à défendre, selon Polybe (Histoire générale, II, 25). Ces faits furent également évoqués de manière fort confuse par Orose(1), qui faisait état quant à lui de la perte de 3000 hommes (Histoires contre les païens, IV, 13, 8-9).
En apprenant que les Gaulois coalisés étaient entrés en Italie par l'Étrurie et qu'ils menaçaient à présent Rome, le consul Lucius Aemilius Papus avait quitté Ariminum (Rimini) à la tête de son armée. Le hasard a voulu que cette autre armée romaine avait déjà gagné l'Étrurie, lorsque les rescapés de la bataille de Faesulae se préparaient à subir un siège. Mieux, depuis leurs positions, les assiégés pouvaient apercevoir dans la nuit les feux de l'armée de Lucius Aemilius Papus. Profitant de la pénombre, ils envoyèrent des représentants auprès du consul pour l'alerter des événements en cours. Les Gaulois aussi perçurent ces mêmes feux et se rangèrent à l'avis émis par le roi Anéroestos : chargés par le riche et encombrant butin amassé en Étrurie, il ne fallait pas prendre le risque de le perdre dans de nouveaux combats. La décision fut prise de regagner la rive gauche du Pô en longeant le littoral de l'Étrurie. Les Gaulois espéraient ainsi déposer leur butin en lieu sûr, avant de reprendre leur expédition contre Rome (Polybe, Histoire générale, II, 26).
Bien décidé à reprendre aux Gaulois leur butin, le consul Lucius Aemilius Papus ne céda pas à la précipitation. Avec son armée, grossie par les rescapés de la bataille de Faesulae, il décida de suivre l'armée gauloise en retraite et de guetter une occasion favorable pour les attaquer (Polybe, Histoire générale, II, 26).
Notes
(1) Le récit d'Orose mêle des éléments relatifs à la bataille de Faesulae avec un évènement qui se déroula lors de la bataille de Télamon, la mort du consul Caius Atilius Regulus (Histoires contre les païens, IV, 13, 8).
Sources littéraires anciennes
Orose, Histoires contre les païens, IV, 13, 8-9 :"Lorsque la bataille s'engagea près d'Arretium, le consul Atilius fut tué. Après qu'une partie de l'armée romaine eut été tuée, le reste des huit cent mille s'enfuit. Mais leurs pertes n'étaient nullement suffisantes pour leur causer des craintes, car les historiens rapportent que seulement trois mille d'entre eux furent tués à cette occasion. Que tant de colonnes aient fui quand si peu sont morts est d'autant plus ignominieux et honteux, que cela trahissait le fait qu'elles avaient remporté d'autres victoires non par la force de leur esprit, mais par l'issue heureuse de la bataille. Qui, je demande, dans l'armée romaine croirait que c'était vraiment le nombre ? Et je ne parle pas du nombre de ceux qui ont fui."
Polybe, Histoire générale, II, 25 :"Les Gaulois, parvenus en Étrurie, se mirent à parcourir le pays et à le ravager sans être inquiétés ; ne rencontrant aucun ennemi, ils marchèrent enfin sur Rome. Ils étaient arrivés à Cluses, ville située à trois journées de marche de la capitale, lorsqu'ils apprirent que les troupes romaines envoyées contre eux en Étrurie arrivaient sur leurs derrières et allaient les atteindre. Ils revinrent aussitôt sur leurs pas pour les attaquer. Les deux armées se trouvèrent en présence au coucher du soleil et bivouaquèrent à quelque distance l'une de l'autre. La nuit venue, les Gaulois allumèrent des feux et, laissant derrière eux leur cavalerie, avec l'ordre de suivre leurs traces au petit jour, dès qu'elle aurait été vue par les Romains, battirent en retraite sans bruit jusqu'à Fiésole ; là, ils prirent position pour fondre à l'improviste, dès que leur cavalerie les aurait rejoints, sur les adversaires lancés à leur poursuite. Quand le jour parut, les Romains aperçurent les cavaliers gaulois et, supposant que l'ennemi avait pris la fuite, se précipitèrent après eux dès qu'ils les virent tourner bride. A leur approche, les Gaulois surgirent et tombèrent sur eux. Le combat fut d'abord soutenu, des deux côtés, avec une égale vigueur ; mais les Gaulois, plus vaillants et plus nombreux, finirent par avoir l'avantage ; les Romains perdirent au moins six mille hommes ; les autres s'enfuirent, et la plupart d'entre eux se réfugièrent dans une forte position, où ils s'établirent. Les Gaulois eurent d'abord l'idée d'aller les y assiéger ; mais, épuisés par leur marche de nuit et toutes les fatigues qu'ils avaient supportées, ils eurent la fâcheuse inspiration d'aller se reposer et se refaire, en confiant à une partie de leur cavalerie la mission de monter la garde devant la colline occupée par les fuyards ; ils avaient l'intention de revenir le lendemain les y assiéger, s'ils ne se rendaient pas d'eux-mêmes."
Polybe, Histoire générale, II, 26 :"Cependant L. Émilius, qui avait été envoyé dans la région de l'Adriatique, avait appris que les Gaulois, entrés en Étrurie, approchaient de Rome ; il se hâta de venir à la rescousse et arriva au bon moment. Comme il était campé non loin des positions ennemies, les soldats réfugiés sur la colline aperçurent ses feux, devinèrent de quoi il retournait et, reprenant : courage, envoyèrent de nuit, par la forêt, quelques hommes sans armes informer le consul de ce qui s'était passé. A ce récit, Émilius comprit qu'il n'avait pas de temps à perdre à délibérer : il donna à ses tribuns l'ordre de se mettre en marche au point du jour avec l'infanterie ; lui-même prit la tête avec la cavalerie et marcha droit vers la hauteur en question. Les chefs gaulois, de leur côté, avaient aperçu ses feux pendant la nuit et, conjecturant qu'une armée ennemie était proche, tenaient conseil. Le roi Anéroeste émit cette opinion qu'après avoir fait autant de butin (car ils emmenaient, comme bien on pense, un nombre incalculable de prisonniers, de bestiaux et d'objets divers) il ne fallait pas courir les chances d'un nouveau combat qui remettrait tout en question ; il valait mieux revenir tranquillement dans leur pays ; puis, une fois déchargés et allégés de tout ce qui les encombrait, ils pourraient, si bon leur semblait, recommencer la lutte contre Rome. On se rangea à l'avis d'Anéroeste ; la décision fut prise la nuit même, et avant le jour les Gaulois, levant le camp, battaient en retraite le long de la mer à travers l'Étrurie. Bien que l'armée d'Émilius fût grossie des troupes qui avaient trouvé un refuge sur la colline, il ne jugea pas à propos de hasarder une bataille rangée et préféra suivre les ennemis en guettant l'occasion et le lieu favorable pour leur infliger quelque perte ou leur reprendre leur butin."