• Posidonios d'Apamée ou de Rhodes : Histoires, XXIII, Traduction de : Edm. Cougny, 1986, Paris, Errance
Texte:
Les Celtes emmènent avec eux, même à la guerre, de ces commensaux qu'on appelle parasites. Ces parasites célèbrent les louanges de leurs patrons et devant des assemblées nombreuses et même devant quiconque veut bien en particulier leur prêter l'oreille. Ces personnages qui se font entendre ainsi sont ceux qu'on appelle Bardes: ce sont aussi les poètes qui dans leurs chants prononcent ces éloges. [...]
Posidônios dit que: ce prince [Luernios, père de Bituitos], pour gagner la faveur de la multitude, passant en char à travers les campagnes, jetait de l'or et de l'argent aux myriades de Celtes qui le suivaient. Il faisait parfois enclore un espace de douze stades carrés, avec des cuves remplies de boissons d'un grand prix, et une telle quantité de victuailles que, plusieurs jours durant, chacun pouvait librement entrer dans l'enceinte et user des mets qui y étaient préparés et qu'on servait à tout venant sans interruption. Une fois que ce même prince avait donné un grand festin à un jour fixé d'avance, un poète de chez ces barbares était arrivé trop tard. Il alla au-devant de Luernios avec un chant où il célébrait sa grandeur, mais en gémissant du retard dont il portait la peine. Le prince, amusé par ses vers, demanda une bourse d'or et la jeta au barde courant à côté [de son char], lequel la ramassa et fit entendre un nouveau chant disant que les traces laissées sur la terre par le char du prince étaient des sillons qui portaient pour les hommes de l'or et des bienfaits ".