Lugi / Λοῦγοι - Ensemble de peuples installés au niveau des plateaux de Petite-Pologne (Montagnes d'Asciburgium), mentionné par Tacite (Germanie) et Ptolémée (Géographie). Cet ethnonyme s'explique par le gaulois *lugu- "lumineux, brillant", voire le théonyme Lugus. Autre indice de celticité, il y avait sur leur territoire une localité de Lugidunum (Legnica). Ils étaient les homonymes des Lugii de Calédonie.
Ptolémée nous apprend que ce peuple était scindé en trois fractions distinctes :
- Lugii Omani / Λοῦγοι οἱ Ὀμανοὶ (Ptolémée, Géographie, II, 11, 18) - peuplade voisine des Βουργούντας (Bourgountas > Burgondes) et des Λοῦγοι οἱ Διδοῦνοι (Lugii Diduni) de l'Ἀσκιβουργίου (Askiburgium).
- Lugii Diduni / Λοῦγοι οἱ Διδοῦνοι (Ptolémée, Géographie, II, 11, 18) - peuplade de l'Ἀσκιβουργίου(Askiburgium).
- Lugii Buri / Λοῦγοι οἱ Βοῦποι (Ptolémée, Géographie, II, 11, 20) - peuplade voisine des sources de la Vistule.
Les fractions décrites par Ptolémée diffèrent de celles données par Tacite (Germanie, XLIII, 2). Ces fractions seraient : les Haries, les Helvecones, les Manimes (les Lugii Omani de Ptolémée ?), les Elisiens et les Nahanarvales. Ces noms apparaîssent majoritairement germaniques.
Tacite, Germanie, XLIII, 2 : "Au-delà, vivent de très nombreux peuples, dont les Lugii, qui se dispersent en diverses tribus sur de très vastes étendues. Je me contenterai d'en citer les plus puissantes: les Haries, les Helvécons, les Manimes, les Élisiens et les Nahanarvales."
Selon Strabon (Géographie, VII, 1, 3), les fractions des Lugiens diffèrent encore :
Strabon, Géographie, VII, 1, 3 : "Ce Marobod, simple particulier à l'origine, s'était emparé du pouvoir à son retour de Rome : il avait passé là toute sa jeunesse auprès d'Auguste, qui l'avait comblé de ses faveurs. Une fois de retour dans sa patrie, il devint en peu de temps l'un des principaux chefs et réunit sous ses lois, indépendamment des Marcomans que je viens de nommer la grande nation des Luges, la tribu des Didunes, celles aussi des Butons, des Lugi Manes, des Sudins et jusqu'aux Semnons, tribu nombreuse appartenant à la nation des Suèves."
Ce peuple (plus particulièrement les Lugii Buri) était selon Tacite, proche des Suèves de part leur mode de vie et leur langue, ce qui en ferait un peuple germanisé.
Tacite, Germanie, XLIII, 1-2 : "À l'arrière, les Marsignes, les Cotins, les Oses, les Bures contiennent les Marcomans et les Quades. La langue des Marsignes et des Bures et leur mode de vie les apparentent aux Suèves. Les Cotins parlent gaulois, les Oses pannonien. Voilà qui prouve bien qu'ils ne sont pas des Germains, tout comme le fait qu'ils se laissent, en tant qu'étrangers, imposer des tributs, par les Sarmates d'une part, par les Quades de l'autre. Les Cotins pour se déshonorer plus encore extraient le fer. Tous ces peuples n'occupent que peu de régions de plaines, mais ils se sont plutôt installés dans des forêts et sur des sommets et des crêtes. En effet une chaîne montagneuse continue divise de part en part la Suévie."
En 20 ap. J.-C., Les Lugii, alliés aux Hermondures, attaquèrent le roi des Quades, Vannius, chassé de son trône. Ce roi était allié des Romains et des Sarmates. Palpellius Hister, gouverneur de Pannonie, décida alors de protéger les rives du Danube pour bloquer les envahisseurs.
Tacite, Annales, XII, 29 : "Car une multitude innombrable de Lugii accourait avec d'autres nations, attirées par le bruit des trésors que Vannius, pendant trente ans d'exactions, avait accumulés dans ce royaume. Vannius, avec l'infanterie qu'il avait à lui et la cavalerie que lui fournissaient les Sarmates Iazyges, était faible contre tant d'ennemis. Aussi résolut-il de se défendre dans ses places et de traîner la guerre en longueur. "
Tacite, Annales, XII, 30 : "Mais les Sarmates ne pouvaient souffrir l'ennui d'être assiégés. En courant les campagnes voisines, ils attirèrent de ce côté les Lugii et les Hermundures, et le combat devint inévitable. Vannius quitte ses forteresses et perd une bataille, revers qui lui valut au moins l'éloge d'avoir payé de sa personne et reçu d'honorables blessures. Il gagna la flotte qui l'attendait sur le Danube. Bientôt après ses vassaux le suivirent, et reçurent dans la Pannonie des terres et un établissement. Vangion et Sidon se partagèrent le royaume, et nous gardèrent une foi inaltérable; très aimés des peuples avant qu'ils fussent leurs maîtres, et (dirai-je par la faute de leur caractère, ou par le malheur de la domination?) encore plus haïs quand ils le furent devenus. "