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MessagePosté: Jeu 07 Sep, 2006 23:34
de Taliesin
quelle histoire ? Celle de Geoffroy de Monmouth ? Macsen est connu en Bretagne armoricaine avant Geoffroy : Maxen ri dans le cartulaire de Quimperlé. Sans parler de Hoel, Salomon, Alain, etc

en parlant d'ascendance, voici celle de saint Gurthiern (saint breton armoricain de Quimperlé) conservée dans le cartulaire de Quimperlé et établi probablement avec l'aide d'un gallois, Juthael fils d'Aidan :

Igitur Gurthiern filius Boni filii Glou filii Abros (= Ambrosius) filii Dos filii Jacob filii Genethauc filii Jugdual filii Beli (çui-ci, on le retrouve aussi dans l'HRB) filii Outham Senis (= Eudaf Hen) filii Maximiani (tiens, Macsen) filii Constantii filii Helen

en dessous, le rédacteur commence à raconter une histoire :
Beli et Kenan (= Conan Meriadec) duo fratres erant, filii Outham Senis. Ipse Kenan tenuit principatum quando perrexerunt Britones ad Romam. Illc tenuerunt Laeticiam et reliq...

Beli et Kenan étaient deux frères, fils d'Outham l'Ancien. Lui-même Kenan tint le principat quand les Bretons se dirigèrent vers Rome. C'est là qu'ils tinrent la Létavie...et cetera..

l'histoire est tellement connue à l'époque dans les deux Bretagnes que le rédacteur termine par et reliq, etc...
Le manuscrit du cartulaire de Quimperlé a été composé entre 1119 et 1128. Mais d'après Fleuriot, la forme Outham daterait au moins du 9ème siècle.
Les Bretons du nord-ouest ou d'ailleurs (ici Cornouaille) n'ont pas attendu Geoffroy de Monmouth pour apprendre des traditions sur Eudaf Hen et sa famille. Le prologue de la Vie de saint Gouesnou fait référence à une Historia Britannica et en donne le résumé du début, où il est question de Conan Meriadec et de son arrivé dans le Léon à Plougoulm. La Vie de Gouesnou a été écrite vraisemblablement en 1019 par Guillaume, un prêtre léonard. Mais l'Historia Britannica est plus ancienne. Elle a du être utilisée (ou une de ses copies) par le rédacteur du Livre des Faits d'Arthur, rédigé au début du 14ème siècle. Le LFA, dont il ne reste que des fragments, a été utilisé par Le Baud pour composer son Histoire de Bretagne.

Toujours d'après Fleuriot, et aussi Gwenael le Duc, cette Historia Britannica daterait environ du 10ème siècle et serait une des sources de Geoffroy de Monmouth.

En Bretagne armoricaine, on a donc, au plus tard au 11ème-début 12ème siècle, mais sans doute avant, deux versions d'une même tradition sur Conan Meriadec : l'une cornouaillaise, proche de la tradition galloise, l'autre léonarde, qui est plus proche du récit de l'HRB.

Quant au Gewissei.....La capitale de Eudaf Hen était Caernarvon, dans le Gwynedd. Geoffroy a confondu Gewissei et Gwynedd, rien ne dit que les Bretons armoricains auraient fait de même.

MessagePosté: Ven 08 Sep, 2006 0:39
de jakes
"Quant au Gewissei.....La capitale de Eudaf Hen était Caernarvon, dans le Gwynedd. Geoffroy a confondu Gewissei et Gwynedd, rien ne dit que les Bretons armoricains auraient fait de même."

je ne comprend pas l'argumement.

MessagePosté: Ven 08 Sep, 2006 8:53
de Taliesin
je recolle mon message du 13 mai :

je viens de rechercher les passages concernant les Gewisséens dans l'HRB de Geoffroy de Monmouth, j'avais quasiment fini d'écrire mon message quand une mauvaise manip. l'a fait s'envoler. En résumé vite fait : seul un passage (le dernier § 202) concerne explicitement les Saxons, et encore s'agit-il plutôt des Saxons de l'ouest en général = Wessex, et non du Wiltshire.
Les autres passages laissent à penser que les Gewisséens sont plutôt des Gallois. Octavius (Outham Senis / Eudaf Hen dans les généalogies galloises, oncle ou père de Conan Meriadoc, père d'Helen, elle-même épouse de Maxen Wledig) est dit duc des Gewisséens (§ 80), or, il régnait à Segontuim = Caernarvon en Gwynedd. Vortegirn / Vortigern est dit chef des Gewisséens (§ 94), les Gewisséens sont associés aux Vénédotiens dans les Prophéties de Merlin (§ 116, 50)

A mon avis, lorsque GM emploie le terme "Gewisséens" en référence à une période antérieure aux invasions saxonnes, il ne peut s'agir ni de Saxons, ni de territoires contrôlés par eux ensuite, mais de Gallois.
Le seul emploi correspondant réellement à celui de Bède est le dernier, qui se rapporte à l'histoire bretonne au 7ème siècle. Les autres renvoient au 4ème-5ème siècle.




moi, j'ai toujours du mal à saisir le rapport entre les traditions sur Conan Meriadec et Lancelot.
Le nom de Genewis viendrait des Gewissei d'Octavius mentionné par Geoffroy de Monmouth (les Gallois du Gwynedd, donc), et non des Gewissei du Wiltshire ?
A ce compte là, on peut dire que Genewis vient de Gwynedd et on se passe de Gewissei. C'était d'ailleurs ce que j'avais proposé au départ : Pant Genewis = B(r)an Gwynedd, autre nom possible pour le héros des Mabinogion Bran Vendigeit = Ban Benoic.

D'ailleurs, le nom de Bran apparaît dans l'HRB, sous la forme Brenne, Brennius ou Briennus : il est le frère de Beli, qui, dans les traditions galloises et bretonnes armoricaines, est le fils de Eudaf Hen.

MessagePosté: Ven 08 Sep, 2006 11:16
de jakes
Gewissae de Bède = Gewissei de Geoffroy. Faut pas chercher midi à quatorze heures. Si Geoffroy avait voulu parler du Gwynedd, pourquoi aurait il utilisé le nom de Genewis ? Pour le lustre antique ? Venedotie sonne déjà pas mal.

Les Gewissae-ei, assez discrets ces derniers siècles ont l’air de mettre les pieds dans le plat.
Il s’agit pourtant d’un peuple, les west saxons qui se nommait ou était nommé de cette façon par leurs adversaires bretons.
Par contre il est probable que Geoffroy leurs associe des chefs bretons parce que la tradition galloise les a intégrés
Ils seraient « associés » au Gwynedd dans la prophétie de Merlin §116(50) ??!: Voyons :

49. La Tamise coulera à nouveau.
50. » elle s’adjoindra de vigoureux hommes de Galabes( La fontaine ou vallée de Galabes est situé en pays Gewissséens selon Geoffroy) plein de ruse et de fourberie. De la naîtrons des révoltes qui inciteront les Venedotiens au combat. Les chênes de leurs bois se rassembleront et rencontreront les rochers des Gewisséens. Le corbeau volera avec les milans et dévorera le corps des morts. »
51. » sur le mur de Gloucester (on retrouve la reine Genwissa) nichera un hibou etc…

Les « associés » s’entretuent sous la muraille de Glouchester si j’ai bien compris.
Décidément non, Quand Geoffroy parle des Gewissei, il ne confond pas avec les hommes de Venedotia.

MessagePosté: Ven 08 Sep, 2006 12:05
de jakes
La prophétie de Merlin à de la mémoire:
Bataille de Deorham en 577. Les Bretons de Galles sont séparés de ceux de Domnonée. Prise de Bath, Glouchester, Cirenchester.Trois rois bretons sont tuésCoinmail, Farinmail, Condidan(Jackson 1953, p204; Ashe 1960, p255).(Léon Fleuriot, Les origines de la Bretagne 1982)

MessagePosté: Ven 08 Sep, 2006 13:35
de Taliesin
donc, lorsque Geoffroy parle des Gewisséens, il s'agit à chaque fois de Saxons. Parfait. Eudaf Hen, chef breton du 4ème siècle, était donc duc des Gewisséens, peuple saxon. Or, les Saxons n'ont commencé à envahir l'île de Bretagne qu'au milieu du 5ème siècle...

Sinon, quels sont les textes de la tradition galloise qui mentionnent les Géwisséens ?

Autre explication de Tatlock, cité par Mathey-Maille : les Géwisséens sont les "men of Gwent". Effectivement, un autre nom du Gwent est le Glewissig, assez proche de Gewissei. Mais on reste toujours au pays de Galles.

MessagePosté: Ven 08 Sep, 2006 15:14
de jakes
Ta déduction n’est pas parfaite : Geoffroy n’identifie pas les Gewissei aux West saxon.
Pour lui, Les Gewisséens sont les anciens habitants de l’actuel Wessex.
Il en connaît le nom, il leur attribue également des chefs bretons, il sait qu’ils ont été en conflit avec les Venedotiens (et d’ou pourrait il tenir cela sans une tradition galloise ? Ou alors il a tout mis dans le chapeau et il a mélangé. Mieux, il a tout inventé.)
Quoiqu’il en soit il les met en scènes 5 fois (§ 80, 94, 116(50), 128, 202) dans L’HRB.

J’ai peine à croire que Geoffroy de Monmouth utiliserait une telle dénomination pour la région, le Gwent directement voisine de sont lieu de naissance (région of Gwent close to Monmouth):Gewissei pour Glewissig?
Les langues, ça se parle et c'est rudement conservateur: c'est comme si je disais Tegor ou Conouaille 5 fois dans un texte!
Pour faire si compliqué, Tatlock ne doit pas connaître les Gewissae de Bède, tout simplement. Mais je doit reconnaître que je n’ai rien de lui en bibliothèque, comment soutient il cette hypothèse ?

MessagePosté: Ven 08 Sep, 2006 16:07
de Taliesin
Geoffroy a latinisé pas mal de noms gallois comme Octavius, Eudaf Hen dans la tradition galloise, etc.
Il a aussi déformé des noms gallois : Gurguint Barbtruc pour Gurgant Baryftruch, Gwrgant Varf-Drwch dans la traduction galloise de l'HRB
Guenhuaauara, Ganhumara,... pour Gwenhwyfar
sa façon d'écrire Gauvain (Galgwainus, Gualguanus,etc...) est plus proche des formes latines et vieux-français que du gallois Gwalchmai (dans Kulhwch et Olwen) ou que du vieux-breton Uualtmoe (cart. de Redon)

Tatlock était un spécialiste de la période "historique" arthurienne. M'étonnerais fort qu'il n'ait pas lu Bède.

Sinon, pour déduire des paragraphes 50 et 51 des prophéties de Merlin qu'il y a eu une bataille entre les Vénédotiens et les Géwiséens, qui plus est à Gloucester, faut être fort. Il faudrait déjà prouver que ces deux paragraphes ont un rapport entre eux.


Autre chose :
ce matin, 11h16 : "Géwisséens de Bède = Géwisséens de Geoffroy", donc, Selon Bède (source de Geoffroy), ancien nom donné par les Bretons aux Saxons de l'Ouest (= Wessex)
cet après-midi, 15h14 : "Geoffroy n’identifie pas les Gewissei aux West saxon. Pour lui, Les Gewisséens sont les anciens habitants de l’actuel Wessex." Avant les Saxons, je suppose. Des Bretons donc.

c'est pas un peu contradictoire ?

MessagePosté: Ven 08 Sep, 2006 18:37
de jakes
les passages cité des prophétie de Merlin se suivent dans l'ordre. Si tu as une autre interprétation?

L'analyse de texte c'est bien. A usage modéré quand même quand elle n'a pas lieu d'etre.

MessagePosté: Ven 08 Sep, 2006 21:16
de jakes
J’ai vraiment hésité à dire que le texte se suivait dans l’ordre sans omission car j’ai en fait abrégé le paragraphe 49. Je restitue l’intégralité mais je ne pense pas que cela modifiera le sens :

« La Tamise coulera à nouveau ; Grossie d’autres fleuves, elle débordera de son lit, recouvrira les villes voisines et renversera les montagnes qui feront obstacle à sa route.
Elle s’adjoindra de vigoureux hommes de Galabes plein de ruse et de fourberie. De la naîtrons des révoltes qui inciteront les Venedotiens au combat. Les chênes de leurs bois se rassembleront et rencontreront les rochers des Gewisséens. Le corbeau volera avec les milans et dévorera le corps des morts.
Sur le mur de Gloucester nichera un hibou et dans son nid naîtra un âne. Le serpent de Malvern l’élèvera et lui inspirera un grand nombre de ruses ». Etc.

J’enlève la numérotation et je laisse la ponctuation. On est encore loin du texte en latin, mais bon, je n’ai rien de mieux en stock.

MessagePosté: Sam 09 Sep, 2006 19:33
de jakes
Je reprends tes arguments du 7 décembre dans l’ordre :

1-La souveraineté de Clarisse ?
Une relecture du passage que j’ai recopié le 12 août s’impose :
« Sa bonté et son sens de l’honneur l’avait conduit à veiller sur la noble Clarine ». Or Apjol, le protecteur de Clarine (elle en avait donc besoin ? pas sûr le métier de reine celtique.) n’est pas du tout le même personnage que le seigneur désigné à la demande des princes pour gouverner le pays et qui déclare « Il n’y a pas de roi ici ».

2-Erec fait parti de la tradition bretonne armoricaine.
Ben voilà de l’eau pour mon moulin? Non, trop facile :
En fait, Erec comme Johfrit de Liez (admettons Jauffre), Giot (Guioz dans le chevalier au lion, effectivement du scribe champenois Guiot), le Géant Esealt (plutôt Estult l’orguillus dans Tristan ou Eslit dans le chevalier à la charrette ?) sont connus par les romans courtois .C’est à ce réservoir que viennent s’alimenter l’onomastique et les thèmes des 9444 vers restants du Lanzelet. Cela me semble également valable pour les chevaliers et lieux d’origine galloise : Le caractère anglo normand du livre français d’Hugues de Morville ne fait pas de doute pour Perennec.
Restent sans solutions : Linier (Alier ?), Ade, Orphilet, Diepalt, Aspjol avec les lieux Gagunne et Dioflé (Giflès ? fils de Do dans Perceval, mais c’est un nom d’homme).

3-Les Léonards connaissent les traditions sur Conan Mériadec bien avant Geoffroy de Monmouth ?
D’accord avec toi.
C’est pour çà qu’il sont peut être tout spécialement intéressés quand un Britannique affirme en 1138 dans L’Historia regnum Brianniae qu’ Octavius (Eudaf Hen) oncle de Conan était duc des Gewisséens. Si j’ai bien compris l’intérêt propagandiste du titre littéraire Pant Genewis, Pen Gewissei, ça donne de l’entre jambe pour asseoir ses droits sur le Wiltshire, n’est ce pas Hervé ? C’est pas du miel ?
Dommage que les descendants des Gewisséens concernés ne l’ai pas entendu de cette oreille. Le peuple est versatile, Hervé n’a pas du lui demander son avis pour garder le titre pour lui tout seul. Il a du se barrer avec en 1141.

A part çà, je ne veut pas suggérer de rapport entre Conan, neveu d’Octavius duc des Gewissei et lanzelet le fils de Pant Genewis.

4-C’est sûrement dans Ovide que l’auteur de la version française de Lanzelet (Perennec) a trouvé l’identification entre Iweret seigneur de Dodone (donc Zeus) et Esclados le roux ( Taranis) ?
Il me semble que c’était toi, Taliésien qui a fait ce rapprochement, fort justement et brillamment, dans la comparaison de Lanzelet et du chevalier au Lion.

5-Le décor sicilien de Lanzelet :
Si tu regardes bien le texte de Perennec tout le débat part d’un rapprochement que fait R.S. Loomis en 1951 au sujet d’Iblis qui serait un anagramme de Sibille. Le mixage Sibylle/Hybla/Iblis, a un parfum sicilien conforté par l’existence d’Iblis épouse d’Ibert roi de Sicile dans Parzifal( pas antérieur à 1203).
Mais pour le rapprochement Dodone-Hybla,( Dodone-vallis Iblê dans Lanzelet), il est bien tiré d’Ovide : Dodona-Ible vallibus.
Mais ce fait là (Perennec cite Ovide) a l’air de t’agacer si j’en juge ta précédente formulation (en 5-).

6-En quoi l’assassinat de Thomas Becket et celui de l’évêque du Léon, à un mois d’intervalle sont liés « politiquement »?
Et bien c'est politique mais pas politiquement correct:
L'evêque Hamon, chassé par son frère Guillomarc’h dans un premier temps en 1169 s’est fait rétablir par les armes à la bataille de Mechonet (Commana) avec l’appuis des troupes ducales.
Pas besoin de rappeler les relations de dépendance du duc vis à vis d’Henry Plantagenêt : c’est le principal motif de la révolte des seigneurs bretons sous la conduite d’Eudon du Porhoet.
Si celui qui vient, par duc interposé, imposer par la loi des armes le retour en chaire d’un frère, traître à la cause familiale, se permet dans sa propre boutique de trucider un religieux autrement plus estimable, çà lève pas mal d’interdits au niveau des pulsions de meurtre, non ?
Chez des féodaux aux mœurs un peu rude, il fallait quand même braver le risque d’excommunication, grand dam pour l’époque.
En tout cas cela a valu au Léon une occupation anglaise de représailles (pourquoi anglaise ?: parce que Henry a pris l’insoumission du Léon très au sérieux.) et la mise sous tutelle de l’évêché du Léon par Barthelémy, l’archevêque de Tours pendant 7 ans.
Guillomarc’h finalement dépossédé en 1179 part en terre sainte vec Nobilis son épouse.

Même si historiquement l’assassinat de Thomas Becket le 28 décembre 1170 eu des conséquences autrement plus importante que celui d’Hamon le 25 janvier 1171(ce qui explique qu'actuellement qu’on ignore souvent le second), le crime d’un religieux était une abomination au moyen age, et le meurtre d’Hamon n’à pas du passer inaperçu en son temps.

7-Le rapport entre les deux assassinats et la transmission des légendes :
Suite à l’échec de la révolte généralisée des vassaux, des fils et d’Alienor contre Henry Plantagenêt, Hugues de Morville (l’un des assassin de Thomas Becket, qui transmet le livre français à l’origine de Lanzelet en 1194) doit fuir en Palestine en 1174 en passant par la Sicile.

Le meurtre des évêques a encore un retentissement européen.
Ni les compagnons d’infortune d’Hugues de Morville, ni les chevaliers Léonards qui retrouvent en exils ne pouvaient pas ne pas faire le lien entre le destin de Morville et celui de Guillomarc’h IV :
D’un parti opposé au départ, ils ont tout deux été amenés à l’assassinat sacrilège d’un évêque. Et par la faute d'Henry Platagenêt.
Le premier a tué son frère, évêque, mais c’était un traître. Il a expié sa faute et a fondé une abbaye ( Daoulas en 1173). Il se trouve pourtant dépossédé et contraint à l’exil.
L’autre est un peu celui qui endosse toute la responsabilité à la place du commenditaire: Henry Plantagenêt, celui qui l’a amené (sinon inspiré) au crime de l’archevêque a fait amende honorable à Avranches. Maintenant il le renie et le contraint à fuir l’Angleterre. Cet exil en terre sainte a un goût amer.
Dans l’entourage d’ Hugues de Morville, la fière résistance d’Hervé puis de son fils Guillomarc’h à Henry II a valeur de bonne leçon. En tout cas, tout le monde devait se réconcilier en cultivant la haine du roi Henry (qui n'était pas si mauvais que ça d’ailleurs.)
Si Guillomarc’h à dans ses bagage un récit de retour et de revanche (au moins imaginaire, c’est le sens principal de l’enfant sauvé de l’incendie du château, avec tout les détails), c’est une bonne raison pour que son récit soit adopté par les seigneurs anglo-normands exilés, puis rapidement récupéré et « délocalisé ». L’épisode léonard du château de Trèbe incendié en bord de mer et entouré de marais (paradoxal et pourtant rigoureusement exact), de la mort du roi etc se délayent et intègre le corpus déjà largement constitué des légendes de la matière de Bretagne à cette époque. Son nom réparait en 1221 avec tous ces attributs mais on peut déjà les reconnaître dans Lanzelet de 1194.

MessagePosté: Sam 09 Sep, 2006 20:02
de Pierre
jakes a écrit:Son nom réparait en 1221 avec tous ces attributs ...


Ouh là, le pauvre :?

Se casser le nom et les "attributs", ça a du faire très mal :lol:


@+Pierre :wink:

MessagePosté: Sam 09 Sep, 2006 21:59
de jakes
bah, se casser avec l' entrejambe en 1141 et retrouver ses attributs en 1221, à l'age du vieux, c'est plutôt réjouissant.

MessagePosté: Dim 10 Sep, 2006 12:23
de Taliesin
salut tout 'n dud

Je suis vert !!! pourquoi, lorsqu'on envoie des messages de deux, trois lignes, tout se passe toujours très bien, alors que pour des messages hyper-longs qu'on a passé deux heures à rédiger, on se fait déconnecter à la fin (saloperie de connection ADSL) et tout s'envole.

Du coup, ce sera un résumé vite fait :

1 - pourquoi est-ce que Clarine n'a pas été chassée du royaume de son mari ? Pourquoi n'y a t-il pas de roi nommé à la place de Pant Genewis ?

2 - bizarre de s'appuyer sur des héros breton armoricain (Erec), occitan (Jaufre) ou sur un scribe champenois (Guit) pour démontrer le caractère anglo-normand d'un texte.
Il n'y a pas de Guioz dans Le Chevalier au Lion, ni dans toute l'oeuvre de Chrétien de Troyes, d'ailleurs. Eslit est cité dans Erec et Enide, pas dans le Chevalier de la Charrette. Girflet fils de Do apparaît d'abord dans Erec et Enide, avant Perceval. Jaufre est inconnu au bataillon chez Chrétien.

Les romans courtois, réservoir onomastique du Lanzelet ? Possible, mais il y a aussi la tradition orale. Erec est connu dès 1150-1160 en Catalogne (cité dans le poème Cabra Joglar de Guerau Cabrera). Estout l'orgueilleux apparait dans le roman de Jaufre, où l'on trouve aussi la fata del Gibel, la fée de la Montagne, c'est-à-dire Morgane, et le Gibel, c'est l'Etna, en Sicile, tiens donc.

Le caractère anglo-normand du Lanzelet est relatif. Les thèmes sont celtiques insulaires, normal. La localisation des romans au temps d'Arthur et en Bretagne insulaire, c'est un peu un lieu commun obligé de l'époque (voir aussi les lais de Marie de France). Par contre, le nom de Lanzelet/Lancelot n'est sans doute pas d'origine insulaire, mas plutôt bretonne-angevine (Lancelin). Par ailleurs, la forme qui se rapproche le plus de Lanzelet se trouve dans un poème du troubadour occitan Guiraut de Calanson, vers 1200 : Lansolet.

Enfin, il n'y a pas de coupure entre le monde anglo-normand et le monde sicilo-normand. A la première croisade, les croisés commandés par Robert Courteheuse, fils de Guillaume le Conquérant, séjournent à Bari, sur les terres de Bohémond d'Antioche, fils de Robert Guiscard. Au retour, Robert Courteheuse épouse Sibille de Conversano, descendante de Tancrède de Hauteville. Plus tard, en 1176, Jeanne, fille de Henri II et Aliénor, épouse Guillaume II, roi normand de Sicile. Enfin, en 1190-91, Richard Coeur de Lion rend visite à Tancrède de Lecce, roi de Sicile, à qui il remet l'épée d'Arthur, Excalibur. Il y eut même un projet de mariage entre la fille de Tancrède et le neveu de Richard, Arthur de Bretagne.

3 - Il ne faudrait pas perdre de vue que l'identification Pant Genewis = Penn Gewissei est toujours du domaine de l'hypothèse non démontrée. J'ai l'impression que pour toi, c'est devenu une certitude. Ensuite, pour que ce tu dis devienne quelque peu plausible, il faudrait montrer que :
- Herve de Léon a eu connaissance de l'HRB avant 1139, année où il est nommé comte du Wiltshire
- il ait pu faire le rapprochement entre les Gewisséens, vassaux de son ancêtre Eudaf Hen, et les habitants du Wiltshire (et les Géwisséens, dans ce cas précis, semblent bien désigner des Gallois)
- sa nomination comme comte du Wiltshire ne soit pas due aux intérêts politiques et stratégiques de son beau-père Etienne de Blois (genre coller un allié en face des partisans bretons de Mathilde en Cornouailles et sur les marches de Galles), mais à sa propre volonté de récupérer une sorte d'héritage
- le titre Penn Gewissei soit attesté

4 - le premier à avoir rapproché Iweret/Zeus et Esclados le Roux, c'est l'auteur du Lanzelet en vieux-français, et il n'a pas eu besoin d'Ovide pour ça

5 - pour la bonne raison que Pérennec ne cite pas Ovide, mais les Carmina Burana (lire plus attentivement la page 24). La "citation ovidienne" se réfère au vers 4852 du Lanzelet où il n'est question ni de Dodone, ni de Ible vallibus. En fait, Pérennec part de la mention dans les Carmina Burana (poèmes anonymes composés vers 1150) pour ensuite développer des arguments montrant la localisation sicilienne du Lanzelet. La phrase charnière étant : "Il en va autrement si Dodone et vallis Iblê indiquent non plus seulement un niveau d'imprégnation culturelle qui peut être acquis aussi bien au nord des Alpes, mais une localisation méridionale, et suggèrent en somme qu'il convient de territoire rattaché au domaine arthurien depuis l'Etna, du haut de Mongibel." Pérennec met également l'accent sur le contexte politique et l'importance stratégique de la Sicile à l'époque où le Lanzelet a été transmis aux Allemands (conflit d'intérêts entre Richard Coeur de Lion et l'empereur d'Allemagne, marié à Constance, fille de Roger II de Sicile (voir p. 27)
On voit que la couleur sicilienne du Lanzelet va bien au-delà d'un simple emprunt littéraire.
En fait, je suis parti des éléments de René Pérennec, en allant juste un peu plus loin que lui, puisque je suppose que le Lanzelet en vieux-français a été écrit à la cour de Palerme, à partir de traditions déjà connues et transmises soit par les Bretons présents en Sicile, soit par les courants d'échanges entre Anglo-normands et normano-siciliens, soit même par les deux à la fois.

6 - ouais, admettons

7 - c'est du roman

MessagePosté: Dim 10 Sep, 2006 13:38
de Pierre
Salut Taliesin,

Effectivement au bout d'un certain temps d'inactivité (le serveur ne voyant pas que tu saisis), ta connection est fermée est plus moyen d'envoyer ton message. Ce problème est insoluble.

C'est pas pour autant que ta saisie est perdue. En restant calme, on arrive à tout récupérer. Lorsque cela arrive, il suffit de faire page précédente avec ton navigateur, ton texte réapparait. Tu entres dans le champ de saisie, "clic-droit", "selectionner tout", "clic-droit", "copier". Reconnectes toi, puis sur le bon fil faire "répondre". Tu entres dans le champ de saisie, "cli-droit", "coller", et tout est revenu. Reste plus qu'à envoyer la sauce :wink:

Mais le mieux pour éviter ce problème, Est de faire "prévisualisation" de temps en temps. Le serveur voyant que tu es toujours là, ne te déconnecte pas.

@+Pierre