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Merlin et Tarot de Marseille

MessagePosté: Ven 11 Nov, 2011 11:14
de marco95
Bonjour,
Lors d'une recherche de "paternité celtique" des images des 22 arcanes du Tarot de Marseille, je suis tombé sur le texte suivant :
http://www.merciangathering.com/sacred_circle_tarot.htm
RJ Stewart a suggéré que le tarot est eu ses origines dans « la narration des traditions et des images conservées par les troubadours, à l'origine bardes ou filid de la culture celtique ».
Il a souligné que les images du tarot ont des liens clairs avec les images décrites dans la Vita Merlini , un texte qui date d'avant les premiers jeux de tarots connus. Il décrit clairement l'Impératrice, le Pendu, La Roue de la Fortune, le mat ...

J'ai acheté la version en français de "La vie de Merlin" de Geoffrey of Monmouth et je n'ai trouvé aucune trace de la description des lames Impératrice, Pendu, Roue, Mat...
Si l'un d'entre vous peut me donner une piste, est-ce une erreur sur le titre du livre, est-ce un bluff, .. ???
Merci d'avance de vos pistes.
Cordialement
Marc

Re: Merlin et Tarot de Marseille

MessagePosté: Ven 11 Nov, 2011 14:13
de Sedullos
Salut,

tu as bien fait d'acheter la Vie de Merlin de Geoffroy de Monmouth !

Pour le reste le site de Anne Franklin est un site New-age empreint de néo-druidisme : le Pape du Tarot de Marseille n'est pas un druide et l'Hermite avec le H de Hermès n'est pas un chaman. :s44: Le néo-druidisme plonge ses racines dans la Renaissance et c'est à la fin du XVe siècle qu'apparaît le jeu de tarots, cf le très beau jeu dit de Charles VIII, peut-être rapporté d'Italie, à vérifier.

Re: Merlin et Tarot de Marseille

MessagePosté: Ven 11 Nov, 2011 14:17
de Séléné.C
Le Pendu peut se rapprocher de la légende qui rapporte comment le dieu Odin découvrit les runes. Mais c'est pas celte.

La Vita Mirdini n'est pas d'inspiration exclusivement celtique. On pourrait aussi lui chercher des filiations dans l'érudition gréco-latine, je pense...
J'ai le livre, mais je n'y ai jamais cherché de traces d'un ancêtre du tarot. Donc je ne peux pas confirmer, ni infirmer...

Cependant, le tarot s'est construit, je suppose, sur la base de traditions qui préexistait. Il serait donc normal qu'on trouve des traces antérieures de tel ou tel de ses symboles dans tel ou tel document antérieur

Dame Fortune actionnant sa roue, par exemple, est une thématique médiévale très importante


Edit = mis trop longtemps à poster???
L'Ermite, un chaman ? D'où ça sort, ça ?
Moi il me fait plutôt penser à cette histoire de philosophe grec avec une lampe allumée en plein jour
Empreint de sagesse à méditer, mais pas chamanique...

Re: Merlin et Tarot de Marseille

MessagePosté: Ven 11 Nov, 2011 14:22
de DT
Salut à tous,
Une base de réflexion :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tarot_de_Marseille#cite_note-0
A+

Re: Merlin et Tarot de Marseille

MessagePosté: Ven 11 Nov, 2011 19:34
de marco95
Merci à tous pour vos éclairages :D

Concernant :
DT a écrit:Salut à tous,
Une base de réflexion :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tarot_de_Marseille#cite_note-0
A+

j'y ai trouvé un lien vers :
http://www.tarotpedia.com/wiki/Bardic_origin_of_Tarot
mais c'est plus pour les 52 cartes "normales" que pour les images des 22 arcanes majeurs.

L'idée générale de ma recherche "trouver des textes qui décrivent l'imagerie des lames", comme le propose Sénélé pour le pendu ou la roue de la fortune.

Merci
A+
Marc

Re: Merlin et Tarot de Marseille

MessagePosté: Ven 11 Nov, 2011 19:44
de Sedullos
L'image de la roue de Fortune se trouve à la fin du roman, La Mort le Roi Artu que l'on date du XIIIe siècle, ch 176-177.

Re: Merlin et Tarot de Marseille

MessagePosté: Sam 12 Nov, 2011 1:32
de Séléné.C
The Major Arcana consists of the normal twenty two cards, though in some cases the titles have been altered to fit more closely with the theme of the deck- The Green Man [Fool], The High Priest [Magician], the High Priestess, The Lady [Empress], The Lord {Emperor], The Druid [Heirophant], , the Chariot, the Warrior [Strength], the Shaman [Hermit], The Wheel, the Web [Justice], Sacrifice [the Hanged Man], Death, Initiation [Temperance], the Underworld [the Devil], the Tower, the Star, the Moon, the Sun, Rebirth [Judgement], and the World Tree [the World].


http://fr.wikipedia.org/wiki/Tarot_de_M ... Les_cartes
Le Fol (ici, The Green Man [Fool]) est parfois assimilé par imagerie médiévale à l'homme des bois (rapprochement possible avec Merlin) mais l'image du Tarot de Marseille emploie un costume plus proche de celui du bouffon. On peut y voir un baladin errant, marginal, mais pas retiré de la société humaine. Eléments importants de cette carte (repris dans les tarots divinatoires ultérieurs) = le fou marche en regardant le ciel. Un chien lui saute dans les jambes. Ici, il semble le mordre. D'autres tarots le feront aboyer et mettront en évidence le danger qu'il y a à ne pas regarder à ses pieds, faisant de l'animal un avertisseur évident.
Le Bateleur (ici, The High Priest [Magician]) tient une baguette et manipule des objets disposés devant lui. Est-ce suffisant pour y voir un grand prêtre, un enchanteur ou un alchimiste ? J'y vois plutôt l'illusionniste, c'est à dire le "magicien" habile à manipuler les choses dont il dispose. D'autant plus appréciable que les tarots divinatoires ultérieurs placeront toujours sur sa table les emblèmes des quatre familles d'Arcanes Mineures. Ici, elles sont peu distinctes, mais on peut aussi les supposer : il y a très nettement des deniers et des pots (coupes), et on peut supposer que les autres objets sont des couteaux et des feuillages.
La Papesse (ici the High Priestess) Etrange, qu'on aie choisi une femme pour désigner cette carte qui aurait pu s'appeler "Etude" ou "Sagesse", n'est-ce pas ? Mais dans Christine de Pisan, la Sagesse est aussi une entité féminine...
L'Impératrice (The Lady [Empress]) et l'Empereur (The Lord {Emperor]) malgré leurs insignes de pouvoir se rapportent surtout à des qualités humaines. Cherchez l'Empire ?
Le Pape (The Druid [Heirophant]) n'est pas, j'espère, un druide... Car cette carte comporte une signification de rigidité qui peut devenir négative. Renversée, elle veut dire, si ma mémoire est bonne, quelque chose comme "s'obstiner dans le mauvais chemin". Je sais pas, mais j'aime à croire que les druides avaient l'esprit tourné sur tous les côtés en même temps (ouvert, quoi). Dans le bon sens, ça sera plutôt "opinion ferme et solide". Pas de panique, ça n'est pas la carte démoniaque, quand même !
L'Amoureux (the Lovers) est étrangement au singulier et encadré de deux femmes très différentes entre elles... Ce qui incite à penser qu'il est un peu trop amoureux (comme Phébus dans ND de Paris). L'iconographie restera. C'est la carte de l'hésitation. On est très loin du "fin amant" avec cet amoureux-là. Il a plus des airs de personnage pour farce avec quiproquos et cachettes.
Le Charriot, lui aussi a conservé son iconographie, à ce détail près qu'avec le temps une opposition de couleurs entre les chevaux est venue se glisser et qu'il sera plus tard évident que le charriot n'est pas facile à mener. La suite ici = http://fr.wikipedia.org/wiki/Ph%C3%A8dre_%28Platon%29
La Justice (the Web [Justice]) a l'air de s'ennuyer ferme sur sa carte, mais à part ça, je n'ai rien à en dire. L'épée et la balance sont assez évidents de sens, mais on peut sans doute, ici aussi, remonter à l'Antiquité.
L'Ermite (the Shaman [Hermit]) comme je le disais plus haut, se balade avec une lanterne... Dans cette image-ci, rien n'indique encore que ce soit le jour, mais à l'évidence, il ressent un besoin de lumière. Sans H, à cette époque, l'ermite-hermite-hermès.
La Roue de Fortune (The Wheel) présente Dame Fortune (la Destinée, les hasards de l'existence) actionnant sa roue. Y sont attachés, crois-je distinguer, un oiseau multicolore et un âne. Bien que n'étant pas roux, l'âne peut évoquer Fauvel. Les bêtes désignent ici les humains sont ils représentent les défauts, je suppose... Avec le temps, un renard et un serpent deviendront fréquents.
La Force (the Warrior [Strength]) est une carte que j'aime beaucoup... Ou comment les êtres faibles en apparence peuvent être très forts en terme de courage, de ténacité, etc. L'iconographie de cette force intérieure restera à peu près inchangée, sauf le lion qui peut se transforme parfois en loup. En tous cas, toujours une bête féroce. Origine de l'iconographie = sais pas... Ce peut être, un personnage allégorique comme Fortune. Les rapprochements avec la mythologie antique seraient hasardeux, je crois, mais il est vrai qu'on trouve dans les romans médiévaux quelques dames qui ne manquent pas de cran. Je n'en vois aucune de qui rapprocher la Force et son lion, mais sait-on jamais ?
Le Pandu ou Pendu (Sacrifice [the Hanged Man]) a déjà l'étrange position renversée qui le caractérise. Il est attaché par le pied à des arbres. Ses cheveux font autour de sa tête comme une auréole. Peut être rapproché, comme je disais plus haut, de la découverte des runes par Odin, effectuée suite à un auto-sacrifice et aux frontières de la mort. Son sens de "Regarder les choses autrement" en fait un élément de renouveau. Mais le nommer "sacrifié" serait abusif, s'il faut faire un rapprochement avec Odin, car il est plus question de gagner que de perdre quelque chose !
La Mort (Death) est très importante dans l'iconographie et la société du XV° siècle. Des fablels et des peintures invitent, par une rencontre avec la Mort, à se remettre en cause... Mais toujours la mort est invariablement accompagnée de l'idée de ce qui la suit. La mort est une naissance.
La Tempérance (Initiation [Temperance]) est un ange féminin qui verse de l'eau d'une coupe dans une autre (pour les équilibrer?). L'iconographie restera. Aucune idée quand aux origines, mais je ne peux pas voir cette lame sans penser à l'Etoile et inversement.
Le Diable (the Underworld [the Devil]) est... diabolique et infernal d'aspect. Elements inchangés au cours du temps = il est encadré d'un homme et d'une femme qui lui sont enchainés. Je remarque ici les bois de cerf (ou branches) dont ils sont tous les trois coiffés et les oreilles animales de l'homme et de la femme. Le diable tire la langue. Effet de masque grotesque, ou élément porteur de sens ? On pourrait aller chercher du côté d'Ogmios, avec sa langue trouée et ses gens enchaînés... Mais au Moyen-Age, la langue tirée désigne le bavardage et la médisance, et non l'art de la parole.
Il est tentant de rapprocher aussi du "monde souterrain" et des forces fertilisantes, mais bon... Le "monde souterrain" c'est aussi l'Enfer ! "Comme Janus a deux visages, il y a pour tout deux explications" ai-je envie de dire (citation "Les Compagnons du Crépuscule"). Il se peut que les deux soient vraies... Ou bien pas. Peut-être chercher dans les études effectuées sur l'iconographie des gargouilles, consoles et autres "grotesques" médiévaux ?
La Maison-Dieu (the Tower) évoque, pour moi, la Tour de Babel...
Le Toille ou l'Etoile (the Star) est une femme nue qui verse de l'eau sur le sol et dans une rivière sous un beau soleil. Iconographie fixe au cours du temps, mais un peu obscure, je trouve... En fait d'étoile, il me faudrait une loupiote pour y voir clair, là... La clé est peut-être à chercher dans l'orthographe "toille" qui figure sur la lame ?
La Lune (the Moon), comme on le sait, fait hurler les chiens... Il y a aussi une écrevisse. C'est honteux, vu mon pseudo, mais j'ai tout oublié concernant cette carte. Faut dire que ça fait un bail que je ne me suis plus penchée sur la mythologie des techniques divinatoires ! Oublié également le Soleil (the Sun). Un couple se baignant sous le soleil ardent... Je peux juste dire que ni l'une ni l'autre n'ont subi de grands changements au cours du temps dans les éléments posés sur la lame. On pourrait peut-être, aussi, rapprocher l'eau, présente sur ces deux cartes, de celle qui est sur "Le Toille".
Le Jugement (Rebirth [Judgement]) est une référence religieuse visible...
Le Monde (the World Tree [the World]) est aussi bâti sur référence religieuses = les quatre évangélistes dans les angles, un homme aux cheveux longs et portant pagne de feuillage au centre, et des "choses" qui peuvent être des branches touffues (les buissons pour se cacher) ou bien des surfaces aquatiques ("Dieu dit: Qu'il y ait une étendue entre les eaux, et qu'elle sépare les eaux d'avec les eaux." Genèse)

Voilà... Si tu arrives à tirer quelque chose de ça...

Et il faudrait peut-être aussi voir les tarots antérieurs, si tu arrives à en trouver des images. J'ai vu sur la page Wiki qu'il y a des thèmes semblables sur certaines lames, à certains de ceux du Tarot de Marseille.

Re: Merlin et Tarot de Marseille

MessagePosté: Sam 12 Nov, 2011 11:22
de Muskull
22 ? Pourquoi 22 ?
http://membre.oricom.ca/sdesr/nb22.htm
Les pistes les plus sérieuses sont l'alphabet hébreux et l' Apocalypse de Jean...
Un ésotériste érudit voulant créer un nouveau jeu divinatoire ?

Re: Merlin et Tarot de Marseille

MessagePosté: Sam 12 Nov, 2011 20:43
de Séléné.C
22 ?

La plupart des tarots, y compris celui de Marseille, n'ont pas de lame majeure numérotée "22"
Comment expliques-tu ça ?

Si référence à la symbolique du chiffre XXII il y a, on s'attendrait à le trouver inscrit, tu ne crois pas ?

Re: Merlin et Tarot de Marseille

MessagePosté: Sam 12 Nov, 2011 21:23
de Séléné.C
Séléné.C a écrit:Le Toille ou l'Etoile (the Star) est une femme nue qui verse de l'eau sur le sol et dans une rivière sous un beau soleil. Iconographie fixe au cours du temps, mais un peu obscure, je trouve... En fait d'étoile, il me faudrait une loupiote pour y voir clair, là... La clé est peut-être à chercher dans l'orthographe "toille" qui figure sur la lame ?

Il semblerait que le Godefroy indique "une sorte de poisson"
On pourrait penser à la thématique de la serpente ?
Mais ça n'éclaire pas beaucoup la carte... La serpente étant un être très ambigü

Re: Merlin et Tarot de Marseille

MessagePosté: Dim 13 Nov, 2011 10:41
de marco95
Bonjour à tous,

Et merci pour vos compléments d'information et les nombreuses pistes de réflexion de Séléné :D

Sedullos a écrit:L'image de la roue de Fortune se trouve à la fin du roman, La Mort le Roi Artu que l'on date du XIIIe siècle, ch 176-177.

Super, je n'ai pas "vu" l'image mais effectivement, sur Google Book, on peut lire que la roue de fortune est décrite et évoquée de nombreuse fois dans ce livre. Il me reste à trouver un point historique avant 1400 pour les 21 autres lames :wink:

Bon dimanche

Marc

Re: Merlin et Tarot de Marseille

MessagePosté: Dim 13 Nov, 2011 12:36
de Sedullos
Salut,
Tout ce qui concerne le tarot de Marseille relève moins de l'Histoire que du symbolisme traditionnel qui puise dans différents milieux culturels et effectue une synthèse, différente du syncrétisme New-age qui mélange tout dans le chaudron de Keridwenn :s46:

Re: Merlin et Tarot de Marseille

MessagePosté: Lun 14 Nov, 2011 9:02
de Muskull
Séléné.C a écrit:22 ?

La plupart des tarots, y compris celui de Marseille, n'ont pas de lame majeure numérotée "22"
Comment expliques-tu ça ?

Si référence à la symbolique du chiffre XXII il y a, on s'attendrait à le trouver inscrit, tu ne crois pas ?

Bonjour,
Le Mat est hors jeu, hors monde, à l'image des fous/sages des contes. Il serait plus proche de Lailoken, Suibne, Merlin que l'ermite qui cherche encore...

Re: Merlin et Tarot de Marseille

MessagePosté: Lun 14 Nov, 2011 11:13
de Séléné.C
Sedullos a écrit:Salut,
Tout ce qui concerne le tarot de Marseille relève moins de l'Histoire que du symbolisme traditionnel qui puise dans différents milieux culturels et effectue une synthèse, différente du syncrétisme New-age qui mélange tout dans le chaudron de Keridwenn :s46:

C'est une mythologie divinatoire assez récente, comparativement à ce dont on cause ici en général, mais c'est quand même intéressant, du point de vue des rapports entre l'âme humaine et les symboliques employées en matière de divination.
Il y a une quinzaine d'années ces trucs-là (tarots, runes, pendules, oiseaux, rêves, etc.) m'intéressaient bien... Il y a des trucs à comprendre là-dessous... Et puis j'en ai été écoeurée par une copine qui voulait régulièrement que je lui tire les cartes. Y'a des gens qui ont BESOIN d'y croire... Ca aussi, ça serait à étudier, en fait de lien psychologique entre le moyen de divination et la personne qui y fait appel, mais ça a quelque chose d'un peu flippant, quand on tient le jeu de cartes. A qui est demandé le conseil ? Aux cartes ou à la personne qui devra les interpréter ?

Ici, je crois que Marco a tout intérêt à s'en tenir aux éléments présents sur les lames même du tarot de Marseille (orthographe des mots comprise, ça peut être important) et s'il en trouve des images, aux tarots qui lui sont antérieurs.
Les indications sur les tarots ultérieurs n'étant que des indices possibles sur l'importance des éléments présents sur la lame et rien de plus.

J'accorde qu'aller rattacher le Charriot à Platon est un peu bizarre... Mais d'une part, il peut y avoir des traces intermédiaires dans les écrits médiévaux (surtout chez les théologiens), d'autre part, au XIV°, l'Italie entre dans la Renaissance

MessagePosté: Lun 14 Nov, 2011 13:38
de ejds
La roue trouve autant sa place dans la toponymie, la numismatique, les amulettes… que dans le symbolisme celtique et cyclique des devenirs, des recommencements, des renouvellements, des rotations cosmiques ou solaires…

Le druide mythique irlandais Mag Ruith, serviteur des roues, est magus rotarum. C’est à l’aide de roues en bois d’if, arbre funéraire, qu’il prononce ses augures. Quiconque les verra sera aveugle, quiconque les entendra sera sourd, et quiconque sera touché par elles mourra.

Dans le roman du roi Arthur, Romant ar roue Arzhur, durant la nuit précédant la bataille que livreront les troupes de Mordred à celles d’Arthur, ce dernier fait un mauvais rêve. Il se voit attaché sur la roue de la Fortune, comprenant soudain que celle-ci tourne à l’envers, présageant le pire. Qui prendra son trône ? Qui va tomber ?..

Une inpiration où l'on voit la tourneuse de roue aux yeux bandés et un exemple de carte de tarot :

Image

La Mort le Roi Artus, vers 1316, Arthur on the Wheel of Fortune,
The British Library, MS additional 10294, folio 89.


Image -- Image

Fortune and her wheel, The British Library, Harley MS 4431, f. 129. --Carte de tarot, France, Jean Jerger, vers 1800.

Cartes passe-temps, à jouer ou cartes de destinée ? Deux textes à trier :

Frédéric V. Grunfeld, dans son "Jeux du monde", Éditions Lied, 1979, 280 pages, pp. 115-6, a écrit:
Les cartes

Les cartes traditionnelles asiatiques sont très différentes des européennes et il y a très peu d’indices qui permettent de savoir comment les jeux de cartes se sont finalement frayé un passage jusqu’à l’ouest. On disait que la déesse indienne Ardhanari (à moitié Shiva, à moitié Devi) était souvent représentée soutenant une coupe, un spectre, une épée et un anneau, éléments qui laissent penser que les quatre figures des anciens jeux européens de tarot auraient des antécédents hindous (coupes, trèfles, épées et pièces d’or). […]

Le fait que les cartes s’appellent « naipes » en Espagne et naibi en Italie, termes dérivés du mot arabe nabi (prophètes) et qu’elles soient utilisées comme objets de divination est significatif. Par ailleurs, on mentionne les cartes dans de nombreux documents européens datant des décades 1370 et 1380 ; quelques-uns sont des décrets royaux condamnant l’utilisation des cartes en tant que jeux de chance. En 1423, leur notoriété était telle que Saint Bernard de Sienne prononça un sermon contre elles dans lequel il dit (comme le firent ultérieurement de nombreux ecclésiastiques) qu’elle étaient une invention du démon.

Les premières cartes européennes avaient déjà un but éducatif : elles couvraient des thèmes comme la science héraldique, la géographie, la grammaire et la logique. Peintes à la main par des artistes consacrés, quelques-unes reflètent l’idéal courtois de l’époque de la chevalerie, montrant des dames et des chevaliers parés de costumes de cérémonies ou de chasse ; les figures représentent des faucons, des cerfs, des chiens et des canards.

En Italie furent créés de magnifiques exemplaires de tarot (tarocchi). Venise avait un penchant pour les jeux de 78 cartes, Florence pour ceux de 97, et Bologne pour ceux de 62. Le tarot, avec ces 22 atouts ou triomphes, se substitua au traditionnel arsenal mystérieux des devins, étant donné que le jeu contenait des figures énigmatiques et cryptographiques comme le pendu, la roue de la fortune, la papesse, la mort et le démon.


David Fontana, dans son "Le langage secret des symboles", France Loisirs, 1994, 192 pages, 168-9, a écrit:
Le tarot

Les origines du tarot sont mystérieuses. Certains pensent que son nom pourrait venir de rota (la roue), de Tora (la Bible), ou de tara, qui signifie « déduction » en italien. De multiples recherches ont été faites pour en retrouver la trace dans les anciennes civilisations égyptienne, indienne et chinoise, et son introduction en Europe a été attribuée, alternativement aux Arabes, aux Tziganes et aux Arméniens. Selon une autre hypothèse, les arcanes mineurs émaneraient, du moins en partie, de jeux de cartes indiens liés au dieu Vishnu qui auraient été ramenés d’Orient au XIIIe siècle par des marchands vénitiens. Vishnu est en effet traditionnellement représenté tenant dans ses quatre mains un disque, une fleur de lotus, une massue et une conque […].

Le premier tarot connu ressemblant actuellement aux jeux actuels, dont dix-sept lames sont conservées au Cabinet des Estampes, à Paris, furent dessinés en 1392 pour le roi de France Charles VI. […]

Une croyance bien établie veut que le tarot soit la mise en images des connaissances dispensées aux hermétistes de l’Antiquité par le dieu égyptien Thot (l’Hermès Trismégiste des Grecs).