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Re: Quintana et autres attestées aux Ve-VIe siècles ?

MessagePosté: Dim 03 Mai, 2015 23:55
de André-Yves Bourgès
Merci à l'un et à l'autre.

La référence donnée par DT recoupe celle qui figurait en lien dans mon message du 10 mars 2009 : effectivement, c'est là (entre autres) où j'ai puisé ma modeste connaissance du sujet ; voir aussi ce qu'en ont écrit depuis M. Garaud, et plus récemment J.-F. Boyer et J. Schneider.

La suggestion de Kambonemos est bien notée, s'agissant de sa première partie. La seconde se heurte à l'étymologie, confirmée analogiquement par l'existence de "quarte", de "sixte" et de "septaine" pour désigner ce type de circonscription territoriale.

Cordialement.

Re: Quintana et autres attestées aux Ve-VIe siècles ?

MessagePosté: Lun 04 Mai, 2015 14:51
de etnos
Bonjour,

Oui DT, Deloche y parle des divisions territoriales des comtés carolingiens en vicaria, centaina et quintan(i)a. A la différence de la vicaria et de la centaina, la quintaine ne s’applique qu’aux chefs de diocèses et l’utilisation de quinta indique qu’il s’agit des limites à 5 lieues ou milles autour de la ville : « infra quintam (leucam)» (p 378), « quintum milliarum ab urbe ». Ce qui ferait 8 à 11 km.

La quintaine ressemble au suburbium romain. A Rome, le suburbium ou ager romanus est un territoire situé entre l’Urbs et l’ager peregrinus. L’intérieur du pomerium (Urbs), est le siège des auspices urbains civils (auspicia urbana) ou imperium domi, et ce territoire est interdit à l’armée. Au-delà du pomerium, commence le suburbium, ou l’imperium militiae des magistrats. Le suburbium de Rome s’étendait à 5-6 miles au-delà du pomerium (Pechoux, 2008).

Je trouve que les ressemblances entre le suburbium romain et la quintaine (distance d’environ 10 km de la ville, application à un chef de cité, fonction militaire) justifient l’hypothèse de JY Bourgès que la quintaine défensive du VII° s. soit héritée des gallo-romains.

Re: Quintana et autres attestées aux Ve-VIe siècles ?

MessagePosté: Lun 04 Mai, 2015 18:52
de Kambonemos
Bonjour,

A bien relire la question d'André-Yves, je pense que l'explication d'etnos y répond idéalement ; pour ma part, ce me semble théorique car je ne crois pas que le schéma organisationnel de (la ville de) Rome ait été applicable _ à certains égards et dans les faits_ à toutes les cités de l'empire... En admettant bien volontiers et sans volonté de polémique que la "quinte" soit d'inspiration romaine, les Germains l'ont de toute façon fortement "revisitée" et ce, d'un point de vue strictement militaire. André-Yves note que la "quinte" était attestée sous les Mérovingiens "mais que c'est aux temps carolingiens qu'on en trouve de multiples exemples" : cela correspond peut-être à la mutation de l'infanterie qui passe d'infanterie lourde sous les Mérovingiens, à infanterie légère sous les Carolingiens, réduisant considérablement le poste "équipement guerrier" des troupes à entretenir.

Cordialement

Re: Quintana et autres attestées aux Ve-VIe siècles ?

MessagePosté: Mar 05 Mai, 2015 19:55
de André-Yves Bourgès
Merci de vos avis et commentaires.

A la suite de C. Jullian qui, jadis, avait appelé de ses vœux une recherche systématique sur les limites du pomerium des cités gallo-romaines, en soulignant qu'il y aurait "sans doute là de précieuses découvertes à faire sur l’origine des limites et des districts des villes et des banlieues" – mais cet appel est resté très largement sans réponse – il me paraît en effet intéressant de vérifier en quoi les différentes circonscriptions périurbaines à vocation « défensive » (defenseria) ou « administratives » (quinte, sixte, septaine) attestées dans les textes à partir du VIIe siècle et surtout à l’époque carolingienne, pourraient avoir prolongé des organisations territoriales plus anciennes, multidimensionnelles (non seulement là encore « militaire » ou « politique », mais également symbolique et religieuse), lesquelles ont durablement fait l’objet de reconnaissances rituelles régulières (processions terminaires, où les croix sont venues progressivement remplacer les pierres).

Cette problématique me paraît croiser celle des "chefs-lieux de cité sans enceinte", car cette absence d’enceinte aura facilité sinon encouragé l’extension d’un suburbium aux structures nécessairement lâches, qui peut être interprété comme une sorte de banlieue rurale : on le voit à Limoges comme on l'a dit, mais également dans la péninsule armoricaine à Carhaix et Corseul.

Cordialement.

Re: Quintana et autres attestées aux Ve-VIe siècles ?

MessagePosté: Mer 06 Mai, 2015 9:54
de DT
Salut à tous, cet article apporte peut-être d'autres informations, en particulier p 260
ici
Mes excuses à AYB, qui avait déjà cité J.F. Boyer.
A+

Re: Quintana et autres attestées aux Ve-VIe siècles ?

MessagePosté: Mer 06 Mai, 2015 14:24
de DT
Salut à tous,
en cherchant encore un peu, je suis tombé sur cet article à télécharger:
ici
cela parle du Tonlieu, mais p 480, cela fait référence aux quinta, septena et defensaria.
Mais peu d'informations.
A+

Re: Quintana et autres attestées aux Ve-VIe siècles ?

MessagePosté: Mer 06 Mai, 2015 23:49
de André-Yves Bourgès
DT a écrit:S
Mes excuses à AYB, qui avait déjà cité J.F. Boyer.
A+


Pas de problème, d'autant que, comme dit le proverbe, "mieux vaut deux fois qu'une".

Cordialement.

Re: Quintana et autres attestées aux Ve-VIe siècles ?

MessagePosté: Lun 25 Mai, 2015 20:21
de artio
André-Yves Bourgès a écrit:Merci de vos avis et commentaires.

A la suite de C. Jullian qui, jadis, avait appelé de ses vœux une recherche systématique sur les limites du pomerium des cités gallo-romaines, en soulignant qu'il y aurait "sans doute là de précieuses découvertes à faire sur l’origine des limites et des districts des villes et des banlieues" – mais cet appel est resté très largement sans réponse – il me paraît en effet intéressant de vérifier en quoi les différentes circonscriptions périurbaines à vocation « défensive » (defenseria) ou « administratives » (quinte, sixte, septaine) attestées dans les textes à partir du VIIe siècle et surtout à l’époque carolingienne, pourraient avoir prolongé des organisations territoriales plus anciennes, multidimensionnelles (non seulement là encore « militaire » ou « politique », mais également symbolique et religieuse), lesquelles ont durablement fait l’objet de reconnaissances rituelles régulières (processions terminaires, où les croix sont venues progressivement remplacer les pierres).

Cette problématique me paraît croiser celle des "chefs-lieux de cité sans enceinte", car cette absence d’enceinte aura facilité sinon encouragé l’extension d’un suburbium aux structures nécessairement lâches, qui peut être interprété comme une sorte de banlieue rurale : on le voit à Limoges comme on l'a dit, mais également dans la péninsule armoricaine à Carhaix et Corseul.

Cordialement.


Bonsoir

En relisant vos échanges, cela m'a rappelé ce projet de recherche archéogéographique "Via Quintana" de Philippe Hirou:

http://viaquintana.webnode.fr/

Re: Quintana et autres attestées aux Ve-VIe siècles ?

MessagePosté: Ven 29 Mai, 2015 15:58
de André-Yves Bourgès
artio a écrit:
En relisant vos échanges, cela m'a rappelé ce projet de recherche archéogéographique "Via Quintana" de Philippe Hirou:

http://viaquintana.webnode.fr/


Merci pour cette référence : la perspective est différente ; mais la démarche est très intéressante.

Cordialement.