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Re: Birgusia/Bergusium

MessagePosté: Ven 06 Juin, 2014 8:01
de Adcanaunos
Très intéressant ce "Bergeron", qui m'avait échappé. Il faudrait évidemment en retrouver la forme médiévale pour pouvoir établir une quelconque relation avec le toponyme antique. A noter que les pâturages ne sont pas très nombreux dans cette contrée marécageuse...

Re: Birgusia/Bergusium

MessagePosté: Ven 06 Juin, 2014 8:10
de Adcanaunos

Re: Birgusia/Bergusium

MessagePosté: Lun 09 Juin, 2014 13:42
de Elwin
Bonjour,
n'est il pas possible, puisqu'on parle de marécages, que Bourgoin ait un lien avec Borvo, le dieu des sources, qui a donné bourbeux, bourbe, etc. ? D'autant que la rivière de Bourgoin s'appelle la Bourbre, si mes souvenirs sont bons.

Re: Birgusia/Bergusium

MessagePosté: Mer 11 Juin, 2014 9:32
de etnos
Bonjour,

BERGUSIA.
Cette description de Bergonne (Puy de Dôme) peut-elle servir à quelque chose ?

Bergonne, villa Bregona (époque carolingienne). Le suffixe –onna pourrait être théonymique, et le nom entier celui d’une divinité gauloise. A Champeroux, 800 m à l’Ouest de Bergonne, C. Mitton signale un fanum des I°-III° s. Bergonne est sur le rebord d’un plateau qui s’allonge en pointe vers le Sud (Mons Paulinus, haut-Moyen Age). A ma connaissance, il n’y a pas ici de ressources minières, mais deux itinéraires antiques orientés N-S. Ils passent en plaine de part et d’autre du plateau, avant de se rejoindre, 8 km au Sud, près d’un vicus de 10 ha (La Croix de Pierre à Charbonnier les Mines 63). Il s’agit de deux variantes de la voie romaine des Arvernes aux Vellaves. Celle de l’Est venant d’Issoire passe à Blanède à 4 km de Bergonne : nom gaulois connoté de sacré, fanum, site archéologique gallo-romain, nécropole, voie, milliaire…

Cette région releva longtemps du domaine public. Bergonne se trouve sur une frontière comme le montrent le toponyme gaulois Rande sur le bord du plateau à 400 m de Bergonne, et d’autres qui font la continuité plus loin. La frontière, antique, est identifiable avec celle des pagi Telamitensis et Brivatensis, qui furent l’origine au IX° s. de deux comtés mineurs de l’Auvergne : Tallende et Brioude.

ANTOUILLET.
Quel est ce toponyme bizarre à côté des Bussières ?

Je suppose que le double suffixe diminutif –ill-et est médiéval. Le radical serait d’une localité (disparue ?) appelée *Antou, possiblement du gaulois Anto, limite. Cf l’ « oppidum » vellave du « Camp d’Antoune » à la frontière des Helviens et des Gabales ; le « Bois d’Antou » (43 St Ilpize), à la limite de 3 vicairies carolingiennes de l’Auvergne. Que dire aussi du toponyme Frontonas qui commence comme « frontière » et qui semble finir par un locatif gaulois (-as, -ate) ? Et de Briançon ? Nègre : suffixe prélatin –antione. Billy 2011 p 141: double suffixe celtique -ant-ione. Surprenant de retrouver Anto-, dans la racine de Antouillet et dans le suffixe de Briançon !

A la limite, on aime imaginer que Antou soit l’ancien nom de votre site perpétué plus loin dans son annexe d’Antouillet… A vérifier : les sites de Bergusia et de Briançon ne seraient-il pas, comme Bergonne, sur une frontière de pagus, ce qui fournirait un autre moyen de repérage géographique, en plus de la voie et de la montagne de Briançon ?

Re: Birgusia/Bergusium

MessagePosté: Dim 13 Juil, 2014 22:10
de Adcanaunos
Merci beaucoup pour ces nouvelles pistes !
Le toponyme Fronto(nas) n'avait évidemment pas échappé au (piètre) latiniste que je suis, mais j'avoue ne pas avoir songé à la racine Ant(l)o pour Antouillet. Nous nous trouvons précisément en zone frontalière entre deux territoires coloniaux (Vienne et Lugdunum) et deux provinces (Narbonnaise et Lyonnaise). Le cours d'eau qui a peut être fait office de démarcation, La Bourbre, tire peut être son nom de Borvo, hypothèse d'autant plus plausible qu'une inscription aux (Matres) Bormonae a été découverte à Saint-Vulbas, non loin de son point de jonction avec le Rhône.
A noter également que le hameau sur lequel s'étend le site des Buissières, en bordure sud de la commune de Panossas, porte le nom d'"En Biliez" : lieu-dit patronymique ("chez Biliez") ou déformation d'Ambi(liez)/Ambilly, dérivé d'Ambi, "des deux côtés" (de la frontière, du cours d'eau) ?

Re: Birgusia/Bergusium

MessagePosté: Lun 14 Juil, 2014 19:25
de Jacques
Pour Antouillet, je pense à ces formes du pays d'oïl avec lesquelles ce toponyme n'a peut-être aucune parenté : Auteuil et Autouillet, Nanteuil et Nantouillet, Rambouillet qui a peut-être perdu son Rambeuil, Verneuil et Vernouillet, le second étant sans doute un dérivé médiéval du premier.

Re: Birgusia/Bergusium

MessagePosté: Mar 15 Juil, 2014 12:16
de Alexandre
Pratiquement tous ces toponymes en -euil dérivent d'un gaulois ialon = clairière, d'où village. C'est un classique souvent évoqué sur d'autres posts.

Re: Birgusia/Bergusium

MessagePosté: Ven 18 Juil, 2014 16:44
de etnos
Toujours sur la limite susdite de comtés auvergnats (supposés anciens pagi), voici un autre toponyme de limite sur Breg-, Brig-, Berg- : le pic de BRIONNET (63 Le Broc), à croire que cette racine est indicatrice de frontière. Sur la même limite, le Puy de JOUX, à 1 km au sud du premier, pourrait aussi bien être de jugum ou juris ( ?) que de Jupiter, ce qui confirmerait. Par contre, à 1.4 km au Nord, Severiaco (CIVERAC, Le Broc), est certainement le nom de la villa où sont situées à l’époque franque certaines donations d’un nommé Gondolenus, éponyme de l’oppidum arverne (un locus, un clausum et une vinea).

Pour ce qui est de l’éventuelle frontière passant à Bergusia/Antouillet, est-ce que les Ambarres n’auraient pas été en possession par ici à une certaine époque d’une partie de territoire au sud du Rhône (Ile Crémieu), bien que ce fleuve soit réputé frontalier ?

Re: Birgusia/Bergusium

MessagePosté: Sam 19 Juil, 2014 8:03
de gérard
L'idée de cours d'eau frontière / limite "rigoureuse" est en effet à prendre avec des pincettes:
dès qu'il y a un enjeu économique / stratégique qui passe par le cours d'eau, sa vallée, il faut contrôler les 2 rives ou faire alliance avec ceux d'en face.

Je pense :
aux Namnètes d'avant César (nord estuaire Loire + frange du sud de l'estuaire? ou nord Loire + alliance avec / patronage Ambilatres?)
Plus tard, vers le même endroit un peu plus à l'ouest, les bretons ont laissé des traces toponymiques des 2 côtés de l'estuaire de la Loire (au sud par ex. : Mindin, Corsept, Paimboeuf).
Les Alsaciens modernes sont de même parler dialectal que sur leurs vis-à-vis de la rive droite du Rhin.
Véliocasses (réputés "belges"), Eburices et Lexoviens (réputés "armoricains"?) (alliance et frappe monétaire commune?): sur les 2 rives de la Seine.

La question des "Germains" d'outre-Rhin de César se pose aussi.

Re: Birgusia/Bergusium

MessagePosté: Sam 19 Juil, 2014 19:31
de Jacques
Le cours d'eau est avant tout un chemin par lequel s'échangent marchandises et idées. Il est frappant que les fleuves et rivières portent le même nom de la source à l'embouchure. Le fleuve a toujours été perçu comme un moyen de se déplacer et de transporter des charges lourdes, et non comme un obstacle. Importance des gués et des ponts qui ont donné leur nom à des villes.

Re: Birgusia/Bergusium

MessagePosté: Mar 28 Oct, 2014 0:59
de Aliénor

Re: Birgusia/Bergusium

MessagePosté: Mer 28 Jan, 2015 18:29
de jprx
Patrice a écrit:J'ai essayé de regarder dans le dictionnaire topographique de l'Isère, mais le scan de la BNF est inutilisable:
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k60657t/f34.zoom

Par contre, notre qu'il y a un hameau nommé "Le Bergeron" à Frontonas. A priori, c'est dû à une famille de bergers, mais sait-on jamais? Sans pouvoir consulter le dico topographique, pas moyen d'avoir une forme ancienne.

A+

Patrice


Bonjour,
Juste pour info : le "Dictionnaire topographique du département de l'Isère, comprenant les noms de lieu anciens et modernes, rédigé d'après les manuscrits d'Emmanuel Pilot de Thorey, et publié par le chanoine Ulysse Chevalier." peut être consulté sur :

http://penelope.upmf-grenoble.fr/numeri ... 807_34.pdf

jprx