Page 4 sur 7

MessagePosté: Ven 16 Sep, 2005 13:56
de Pan
Triomphe Robert, Le lion, la vierge et le miel, coll. vérité des mythes, Les Belles Lettres, Paris, 1989.

Les cornes-trophées et la défaite du mâle, p.285-286

(...) p.285 Mais en transférant des capridés aux cervidés le signe des cornes, la Vierge des chasseurs tendait à isoler, pour mieux s'en emparer, le signe du mâle. Elle accentuait par là sa maîtrise de Potnia. Ornement du mâle soumis, tué ou immolé, symbole opposé au lion victorieux et complémentaire du lion dompté, les cornes sont l'emblème favori de l'Archère elaphebolos (en grec dans le texte), de la Tueuse, avec sa féminité exclusive, implacable ennemi des conjonctions d'Aphrodite. Avec moins de violence, le cerf enfourché par sa cavalière atteste aussi, et précisément par ses cornes, la subordination du mâle à celle qui le monte. Les cornes du mari trompé, déjà présentes dans l'Onirocritique d'Artémidore, viennent de la même source symbolique: elles doivent servir à signifier, comme le devinait déjà le thesaurus grec, la dérision de la femme sur la puissance masculine- mais de la femme divine, non de la femme réelle qui n'en a pas le droit... Au lieu d'être un lion triomphant, le mari n'est-il pas transformé par sa femme en compagnon docile de la chaste Artémis, cerf encorné que la Tueuse de cerfs joue à enfourcher et se réserve, victime de choix, pour ses autels? Dérision divine*, suite logique de celle des Potniai archaïques, qui substituaient au signe du lion vaincu celui d'un faux mâle, le cerf-biche, aux cornes contre nature... (...)

* n°19 p.289: Artémidore dit que la femme infidèle "fait les cornes" à son mari; il cite l'expression comme un dicton: donc elle remonte très haut. La femme infidèle ferait-elle ces cornes dans un geste de dérision (avec deux doigts de la main)? Geste moderne d'origine ancienne, mais obscure. Il faut remarquer que dans une société où la femme, très dépendante, ne joue dans l'adultère qu'un rôle passif (cf. Cantraine, DELG, moichos), elle ne peut revendiquer le pouvoir de dérision, qui est un privilège mesculin. Il faut donc chercher derrière ces cornes "faites" par une femme qui ne peut échapper à son conditionnement sociologique, un conditionnement mythique. Le mari trompé- chasseur qui n'est plus maître de saproie et lion vaincu- suggère la perspective de la Potnia, qui a vaincu le lion et noué amitié avec le cerf. Or les cornes du cerf ne sont pas les cornes fermement masculines du taureau ou du bélier. Elles deviennent dérisoire dans la mesure où le cerf est le symbole féminin de faiblesse illustré par les proverbes. Le mari trompé est en somme voué par sa femme au sort d'Actéon, privé de sapuissance par Artémis, devenu semblable, avec ses cornes données par une femme, au cerf immolé; le mari trompé se sent, comme Actéon, pousser des cornes fatales. A cette explication du dicton, toujours actuel, d'Artémidore, on peut joindre l'hypothèse d'un résidu cultuel plus ancien. Les chasseurs auraient revêtu des peaux de cerfs avec des cornes pour célébrer le culte d'une divinité féminine de la chasse exigeant l'abstention sexuelle de ses fidèles- d'où la signification des cornes que le chasseur revêt pour l'occasion. La date du culte pouvait correspondre à un seuil annuel, et à une alterbative divine (telle l'alternance gauloise Esus/Cernunnos). Les cornes ont pu devenir ainsi le symbole d'une alternance suggestive.

Droite/gauche ou mars et septembre p.286
Un tabou différenciait la corne gauche de la corne droite, et les auteurs anciens y font quelques allusions. On peut élucider quelques aspects et tenter de le situer par rapport aux rires accomplis par les chasseurs en temps voulu. Les dates-clefs de la chasse sont, en gros, les équinoxes, mars et septembre, elles définissent une saison préférentielle (du début de l'automne à celui du printemps) où les hommes sont plus ou moins libérés des occupations agricoles et où les champs eux-mêmes sont souvent libres de culture. Le neuviè-me mois du calendrier attique, qui correspond à notre mois de mars, s'appelle Elaphéboliôn, et il coïncide avec une fête d'Artémis tueuse de cerfs (n°22: (...) sacrifice du cerf remplacé par l'offrande d'un gâteau en forme de cerf). Le mois Elaphios à Elis est assigné de même par Pausanias à l'équinoxe de printemps; on ne peut en séparer les mois Elaphrios de Cnide, Laphrinios et Laphrios de Delphes, d'Etolie, de Patrai, etc., qui évoquent Artémis Laphria et sa fête. C'est d'ailleurs la même date qu'évoque le sacrifice gaulois du cerf-source probable de notre carnaval-, marqué par la transformation du dieu-cerf Cernunnos (dieu de la terre hivernale et des morts) en Esos, dieu de la fécondité (n°26: cf J.J. Hatt, Le cycle du cerf et le carnaval gaulois, Rei cretariae romanae fautorum acta, VII 1965, 36.). (...) Le calendrier du cerf (qui représente sans doute un certain rapport avec celui des chasseurs...) est encadré par le rut de septembre ("après le lever d'Arcturus", cf Aristote H.A., VI 29, 578 a) et la période plus ou moins longue, au printemps (en Thargéliôn selon Aristote) où le cerf perd ses bois (ibid. IX 5, 611 a, date extrême): événement mystérieux, dont l'imagination mythique s'est emparé. La chute des bois a lieu, dit-on, dans des endroits inaccessibles, protégés contre les atteintes de l'homme. Dès qu'elle est effective, le cerf se cache, et ne reparaît plus jusqu'à ce que, les bois renaissant, il cherche à nouveau le soleil pour les aider à repousser. La corne gauche perdue reste introuvable, le cerf l'ayant enfouie; mais celle qu'on trouve a des vertus prophylactiques étonnantes... Ainsi est-il sûr que le cerf lui-même différencie ses deux cornes: il en laisse une à la lumière du jour, et cache l'autre dans l'ombre de la terre. (...)


Voilà mesdames, messieurs :wink: , en souhaitant que cela vous parle. Quelqu'un pourrait nous retrouver le texte original de la légende d'Actéon, je suis fatigué de pianoter :(

MessagePosté: Ven 16 Sep, 2005 15:36
de lopi
http://fr.wikipedia.org/wiki/Akt%C3%A9on

avec en bas les liens directs vers les textes

MessagePosté: Ven 16 Sep, 2005 15:38
de Pierre
Ovide, Métamorphoses, III:

Tu l'éprouvas, Cadmus, au sein de tes prospérités, lorsque ton fils vint causer tes premières douleurs. Il fut changé en cerf, et ses chiens de son sang s'abreuvèrent; mais il n'était point coupable : le hasard seul le perdit. Une erreur pouvait-elle donc le rendre criminel ?

Le Cithéron était couvert du sang et du carnage des hôtes des forêts. Déjà le soleil, également éloigné de l'orient et de l'occident, rétrécissait les ombres, lorsque le jeune Actéon rassemble les Thébains que l'ardeur de la chasse avait emportés loin de lui : "Compagnons, leur dit-il, nos toiles et nos javelots sont teints du sang des animaux. C'en est assez pour aujourd'hui. Demain, dès que l'Aurore sur son char de pourpre ramènera le jour, nous reprendrons nos travaux. Maintenant que le soleil brûle la terre de ses rayons, pliez vos filets noueux, détendez vos toiles, et livrez-vous au repos." Soudain les Thébains obéissent, et leurs travaux sont suspendus.

Non loin était un vallon couronné de pins et de cyprès. On le nomme Gargaphie, et il est consacré à Diane, déesse des forêts. Dans le fond de ce vallon est une grotte silencieuse et sombre, qui n'est point l'ouvrage de l'art. Mais la nature, en y formant une voûte de pierres ponces et de roches légères, semble avoir imité ce que l'art a de plus parfait. À droite coule une source vive, et son onde serpente et murmure sur un lit de gazon. C'est dans ces limpides eaux que la déesse, fatiguée de la chasse, aimait à baigner ses modestes attraits. Elle arrive dans cette retraite solitaire. Elle remet son javelot, son carquois, et son arc détendu à celle de ses nymphes qui est chargée du soin de les garder. Une seconde nymphe détache sa robe retroussée; en même temps deux autres délacent sa chaussure; et Crocalé, fille du fleuve Isménus, plus adroite que ses compagnes, tresse et noue les cheveux épars de la déesse pendant que les siens flottent encore sur son sein. Néphélé, Hyalé, Rhanis, Psécas, et Phialé épanchent sur le corps de Diane les flots limpides jaillissant de leurs urnes légères.

Tandis que Diane se baigne dans la fontaine de Gargaphie, Actéon errant d'un pas incertain dans ce bocage qui lui est inconnu, arrive dans l'enceinte sacrée, entraîné par le destin qui le conduit. À peine est-il entré dans la grotte où coule une onde fugitive, que les nymphes l'apercevant, frémissent de paraître nues, frappent leur sein, font retentir la forêt de leurs cris, et s'empressent autour de la déesse pour la dérober à des yeux indiscrets. Mais, plus grande que ses compagnes, la déesse s'élevait de toute la tête au-dessus d'elles. Tel que sur le soir un nuage se colore des feux du soleil qui descend sur l'horizon; ou tel que brille au matin l'incarnat de l'aurore naissante, tel a rougi le teint de Diane exposée sans voiles aux regards d'un mortel. Quoique ses compagnes se soient en cercle autour d'elles rangées, elle détourne son auguste visage. Que n'a-t-elle à la main et son arc et ses traits rapides ! À leur défaut elle s'arme de l'onde qui coule sous ses yeux; et jetant au front d'Actéon cette onde vengeresse, elle prononce ces mots, présages d'un malheur prochain :

"Va maintenant, et oublie que tu as vu Diane dans le bain. Si tu le peux, j'y consens". Elle dit, et soudain sur la tête du prince s'élève un bois rameux; son cou s'allonge; ses oreilles se dressent en pointe; ses mains sont des pieds; ses bras, des jambes effilées; et tout son corps se couvre d'une peau tachetée. À ces changements rapides la déesse ajoute la crainte. Il fuit; et dans sa course il s'étonne de sa légèreté. À peine dans une eau limpide a-t-il vu sa nouvelle figure : Malheureux que je suis ! voulait-il s'écrier; mais il n'a plus de voix. Il gémit, et ce fut son langage. De longs pleurs coulaient sur ses joues, qui n'ont plus leur forme première. Hélas ! il n'avait de l'homme conservé que la raison. Que fera cet infortuné ? retournera-t-il au palais de ses pères ? la honte l'en empêche. Ira-t-il se cacher dans les forêts ? la crainte le retient. Tandis qu'il délibère, ses chiens l'ont aperçu. Mélampus, né dans la Crète, et l'adroit Ichnobates, venu de Sparte, donnent par leurs abois le premier signal. Soudain, plus rapides que le vent, tous les autres accourent. Pamphagos, et Dorcée, et Oribasos, tous trois d'Arcadie; le fier Nébrophonos, le cruel Théron, suivi de Lélaps; le léger Ptérélas, Agré habile à éventer les traces du gibier; Hylée, récemment blessé par un sanglier farouche; Napé engendrée d'un loup; Péménis, qui jadis marchait à la tête des troupeaux; Harpyia, que suivent ses deux enfants; Ladon, de Sicyone, aux flancs resserrés; et Dromas, Canaché, Sticté, Tigris, Alcé, et Leucon, dont la blancheur égale celle de la neige; et le noir Asbolus, et le vigoureux Lacon; le rapide Aello et Thoüs; Lyciscé, et son frère le Cypriote; Harpalos, au front noir tacheté de blanc; Mélanée, Lachné, au poil hérissé; Labros, Agriodos, et Hylactor, à la voix perçante, tous trois nés d'un père de Crète et d'une mère de Laconie; et tous les autres enfin qu'il serait trop long de nommer.

Cette meute, emportée par l'ardeur de la proie, poursuit Actéon, et s'élance à travers les montagnes, à travers les rochers escarpés ou sans voie. Actéon fuit, poursuivi dans ces mêmes lieux où tant de fois il poursuivit les hôtes des forêts. Hélas ! lui-même il fuit ses fidèles compagnons; il voudrait leur crier : "Je suis Actéon, reconnaissez votre maître". Mais il ne peut plus faire entendre sa voix. Cependant d'innombrables abois font résonner les airs. Mélanchétès lui fait au dos la première blessure; Thérodamas le mord ensuite; Orésitrophos l'atteint à l'épaule. Ils s'étaient élancés les derniers à sa poursuite, mais en suivant les sentiers coupés de la montagne, ils étaient arrivés les premiers. Tandis qu'ils arrêtent le malheureux Actéon, la meute arrive, fond sur lui, le déchire, et bientôt sur tout son corps il ne reste aucune place à de nouvelles blessures. Il gémit, et les sons plaintifs qu'il fait entendre, s'ils différent de la voix de l'homme, ne ressemblent pas non plus à celle du cerf. Il remplit de ses cris ces lieux qu'il a tant de fois parcourus; et, tel qu'un suppliant, fléchissant le genou, mais ne pouvant tendre ses bras, il tourne en silence autour de lui sa tête languissante.

Cependant ses compagnons, ignorant son triste destin, excitent la meute par leurs cris accoutumés; ils cherchent Actéon, et le croyant éloigné de ces lieux, ils l'appellent à l'envi, et les bois retentissent de son nom. L'infortuné retourne la tête. On se plaignait de son absence; on regrettait qu'il ne pût jouir du spectacle du cerf à ses derniers abois. Il n'est que trop présent; il voudrait ne pas l'être; il voudrait être témoin, et non victime. Mais ses chiens l'environnent; ils enfoncent leurs dents cruelles dans tout son corps, et déchirent leur maître caché sous la forme d'un cerf. Diane enfin ne se crut vengée que lorsque, par tant de blessures, l'affreux trépas eut terminé ses jours.


Source: http://bcs.fltr.ucl.ac.be/META/03.htm

MessagePosté: Ven 16 Sep, 2005 19:05
de Muskull
Dans la citation de Pan :
Les chasseurs auraient revêtu des peaux de cerfs avec des cornes pour célébrer le culte d'une divinité féminine de la chasse exigeant l'abstention sexuelle de ses fidèles- d'où la signification des cornes que le chasseur revêt pour l'occasion. La date du culte pouvait correspondre à un seuil annuel, et à une alterbative divine (telle l'alternance gauloise Esus/Cernunnos). Les cornes ont pu devenir ainsi le symbole d'une alternance suggestive.

Conditionnel TRES imaginatif :
Si ce que je pense est vrai, il y a quelque 10 000 ans et plus, les chasseurs...
C'est du n'importe quoi, avant de balancer ça il faut un peu se renseigner tout d'même avant d'inventer des mythes aussi anciens. :roll:
Quand on sait pas on fabrique, ben tiens, allons y alors ! :evil:

Bon, je vais brâmer avec les copains et je reviens quand c'est "décanté". Le chant existe figurez-vous !

MessagePosté: Ven 16 Sep, 2005 19:29
de Pan
C'est dur de faire la sourde oreille quand on est un âne, j'aimerais ne pas répondre à ce genre de diatribes mais quand l'hôpital se fout de la charité...

Ils sont beaux les autodidactes et tellement constructifs quand ils crachent leur venin.

Déballe ta science Muskull au lieu d'aller brAmer je ne sais où et jette un coup d'oeil en l'air de peur qu'on ne t'écrase.

MessagePosté: Ven 16 Sep, 2005 19:32
de Pan
:?

MessagePosté: Ven 16 Sep, 2005 19:39
de Muskull
:shock: quelle rage !
Si ça ne fait que commencer ça va.
Aurais-je le droit de réfléchir, un peu tout de même ?
Si le fait de remettre en cause l'une de tes citations te mets dans un état pareil, interroge-toi.

MessagePosté: Ven 16 Sep, 2005 19:42
de Pierre
Euh,


Par respect envers les modérateurs, pourriez vous limiter les conflits à un par semaine.

Merci d'avance.

A noter que ce forum est une tribune libre où chacun assume la responsabilité de ses propos. Afin qu'il reste un lieu agréable, il convient de respecter une règle simple de savoir-vivre : la tolérance. Vous avez le droit de ne pas être d'accord avec ce qui est écrit et de le faire savoir, mais vous avez le devoir de le faire avec courtoisie et en argumentant votre point de vue.



@+Pierre

MessagePosté: Ven 16 Sep, 2005 20:02
de Muskull
Je n'ai jamais cherché un quelconque "conflit" mais il n'y a de représentation d'hommes revêtus de dépouilles de cerfs dansant autour d'une déesse nulle part. Seulement en Anatolie comme je l'indiquais plus haut des hommes qui dansent autour d'un cerf.
J'argumenterai demain sur un éventuel mythe aussi ancien, si vous me le permettez...

MessagePosté: Ven 16 Sep, 2005 20:12
de Pan
Muskull a écrit::shock: quelle rage !
Si ça ne fait que commencer ça va.
Aurais-je le droit de réfléchir, un peu tout de même ?
Si le fait de remettre en cause l'une de tes citations te mets dans un état pareil, interroge-toi.


Je ne suis pas d'humeur et pourtant je m'efforce de rester correct malgré les inepties qui s'écrivent sur le forum, je tolère et tente de construire autant que faire se peut. Qui manque de tolérance!?

C'est du n'importe quoi, avant de balancer ça il faut un peu se renseigner tout d'même avant d'inventer des mythes aussi anciens.
Quand on sait pas on fabrique, ben tiens, allons y alors !


N'IMPORTE QUOI, BALANCER, INVENTER DES MYTHES, ON FABRIQUE QUAND ON NE SAIT PAS

Ai-je jamais écrit quelque chose de ce genre sur tes posts, aussi farfelus soient-ils? Tu te moques de qui là!?

Aurais-je le droit de réfléchir, un peu tout de même ?


:shock: ...avant d'écrire, c'est le minimum!

MessagePosté: Ven 16 Sep, 2005 20:24
de lopi
Bas les pattes, assis, couché.
Ane alysons les faits, vous en avez fait une cassonnade... Mon avatar est directement concerné par ce fil...
Le cerf semble assez lié aux chasseurs. Mais un chasseur sait-il chasser sans son chien?
Diodore nous relate rapido l'histoire d'Actéon dans son chapitre (BH IV, 33) sur Aristée, le papa d'Actéon.

XXXIII. Histoire d'Aristée.

Nous allons présentement raconter l'histoire d'Aristée: il était fils d'Apollon et de Cyrène, fille d'Ypsée et petite fille de Pénée. Il est rapporté dans les histoires mythologiques qu'Apollon devint amoureux de Cyrène qui étant encore fort jeune était élevée sur le mont Pélion et qu'il la transporta dans cet endroit de l'Afrique où l'on a depuis bâti la ville de Cyrène: qu'Aristée étant né dans cet endroit, son père chargea aussitôt les Nymphes de son éducation: qu'elles lui donnèrent trois noms, savoir Nomius, Aristée et Agraee, et qu'elles lui enseignèrent la manière de faire cailler le lait, l'art d'élever les abeilles et la culture des oliviers. Aristée, ajoute-t-on, fit bientôt part aux hommes de toutes ces connaissances, et en revanche, les hommes lui rendirent les honneurs divins et le regardèrent comme un second Bacchus. Il alla ensuite dans la Béotie où il épousa Autonoë, fille de Cadmus. Il fut père d'Actéon de qui les fables disent qu'il fut dévoré par ses propres chiens. La cause de ce malheur fut selon quelques uns, qu'étant dans le temple de Diane, il dit qu'il voulait faire son festin de noces du tribut de la chasse qu'il apportait à la déesse, et selon d'autres, qu'il s'était vanté d'être plus habile chasseur que Diane même. Quoiqu'il en soit, il n'est pas surprenant que la déesse se soit irritée de l'un ou de l'autre discours: et ce fut avec justice qu'elle se vengea si rigoureusement d'un homme qui venait jusque dans son temple braver le choix qu'elle a fait de la virginité ou qui se vantait de surpasser dans l'art de la chasse une déesse à qui les dieux cèdent à cet égard. Diane l'ayant donc métamorphosé lui-même en bête fauve, il fut méconnu par ses propres chiens qui le déchirèrent. Après la mort d'Actéon, Aristée alla consulter l'oracle de son père. Apollon lui ordonna d'aller dans l'île de Cos et l'assura qu'il y recevrait de grands honneurs. Pour obéir à ces ordres, Aristée prit la route de cette île. La peste désolait alors toute la Grèce. Aristée offrit aux dieux un sacrifice au nom de tous les Grecs et à peine le sacrifice fut-il commencé que la peste cessa. C'était alors le commencement de la canicule, temps auquel les vents étésiens ont coutume de s'élever. On admirera là dessus l'ordre du destin qui permit que le même homme, qui avait vu déchirer son fils par des chiens, fut la cause du salut de sa patrie, en détournant de dessus ses concitoyens les influences malignes du chien céleste. On dit qu'Aristée ayant laissé ses enfants dans l'île de Cos repassa en Afrique et que de là, il alla en Sardaigne sur une flotte que la Nymphe, sa mère, avait équipée. Cette île était inculte quand il y arriva. Cependant, elle lui sembla si belle qu'il y établit sa demeure et qu'il y planta toutes sortes d'arbres fruitiers. Il y eut deux fils, Charmus et Calécarpe. Il visita ensuite plusieurs petites îles et il s'arrêta quelque temps dans la Sicile. Il fut si charmé de l'abondance des fruits et des troupeaux qu'il vit dans ses campagnes, qu'il résolut de faire part de ses inventions aux Siciliens. C'est aussi pour cette raison que tous les Siciliens en général, mais plus particulièrement ceux qui cultivent les oliviers lui rendent les honneurs divins. Après cela, il alla rejoindre Bacchus dans la Thrace, et il lia avec lui une amitié parfaite. Ce dieu même l'initia dans ses mystères et lui communiqua ses découvertes. Enfin, ayant demeuré quelques temps sur le mont Haemus, Aristée devint invisible et fut regardé comme un dieu non seulement par les Barbares de ce canton, mais encore par les Grecs.



Donc les chiens, la petite chienne (canicula - vers le 20 juillet), la chasse, le cerf.
So british...

MessagePosté: Ven 16 Sep, 2005 20:30
de Pan
Muskull a écrit:Je n'ai jamais cherché un quelconque "conflit"


Alors tu as de sérieux problème de communication! Ne fais pas l'ingénu Muskull, tu pèses bien ce que tu écris et sous quelle forme tu le formules.

Ton argument me souffle:

mais il n'y a de représentation d'hommes revêtus de dépouilles de cerfs dansant autour d'une déesse nulle part


...et tu es passionné de mythologie!? As-tu entendu parler de tradition orale, sais-tu que tous les mythographes grecs ne sont que des Grimm antiques et que depuis longtemps l'ethnologie fait l'économie de traces concrètes. Elle s'intéresse à la parole, aux dires, au sens. Aujourd'hui encore des expressions telles que: Qui va à la chasse perd sa place, une chance de cocu nous disent beaucoup plus qu'une représentation concrète de chasseurs cornus, dansant ou pas autour d'une déesse.

De plus, qu'une réflexion comme cela vienne de toi me fait penser que tu devrais effectivement réfléchir avant d'écrire et que tu devrais te relire... Je ne comprends pas.

MessagePosté: Ven 16 Sep, 2005 20:32
de Pierre
lopi a écrit:Bas les pattes, assis, couché.


Guillaume, au cas où tu chercherai un modérateur. Je crois que je viens d'en dénicher un bon, au moins ça changera :P


@+Pierre

MessagePosté: Sam 17 Sep, 2005 5:14
de Muskull
Je viens de lire un bout de texte sur les religions anatoliennes préhistoriques et proto. (dans un des bouquins proposées par Fergus )
Le taureau représentait en fait (attesté par des textes assyriens) "le dieu du tonnerre du ciel", pas le dieu du ciel vu qu'il y avait aussi une déesse du soleil. Le cerf et le taureau étaient adorés "à égalité" par des rites quasi semblables (pour ce que l'on en sait).
Mais si le taureau était le "mari" de la déesse mère, le cerf était le "fils jeune" réenfanté tous les ans !

Le texte est de Maurice Vieyra...
Qu'est ce fils jeune sinon le totem de l'homme "entier" ?
La perte et la repousse des bois n'est pas seulement concordance avec le cycle végétal mais aussi représentatif du double aspect de l'homme, mâle et femelle. Dans tout les mythes l'homme "cosmique" est androgyne, ce qui est a mettre en relation avec l'androgynie du chaman.
Le démembrement de l'homme cosmique, voir le mythe d'Osiris et ceux de divers géants ou hommes sauvages, et son rapiècement incomplet est parlant mais il faut tenir compte de "l'inversion" mythique qui s'est produite il y a 6 millénaires (Freud entre autres).
Le lever héliaque de Sirius annonçait le retour des crues fécondantes du Nil, la canicule, l'homme sauvage et son chien, Orion le chasseur des Pleiades qui marquaient le grand cycle diurne et nocturne.
Le mythe tyrien de l'Hercule Melkart dont le chien découvre le murex d'où provient la teinture pourpre (pourpre royale) qui a fait la richesse des phéniciens...
Le cerf est aussi emblématique du roi, corne / couronne, et de sa mise à mort (symbolique ou pas) cyclique pour préserver la fertilité.
Le thème de l'inceste est sous-jacent, le roi découronné rejoint sa mère dans le monde souterrain comme l'ours le faisait auparavant et la quitte quand ses cornes repoussent pour assister à ses noces ouraniennes.

C'est donc un peu réducteur de ne voir en cette richesse mythogène qu'une histoire de "cocu et cornard" et d'essayer de lui donner une antériorité profonde, même si c'est frais et réjouissant.

Note : La déesse "jette de l'eau" sur Actéon, cette fertilisation le repousse dans le domaine sauvage, animal, au point que ses propres chiens ne le reconnaissent plus (ils ne reconnaissent pas leur maître, id : ils perdent l'enseignement). Il est victime de sa "bravade", à rapprocher à mon sens avec le mythe d'Icare (son père était aussi un savant).
Description de l'inflation de "l'élu"...
T'sion à la pleine lune les p'tits loups ! :wink:

MessagePosté: Sam 17 Sep, 2005 8:22
de lopi
Ouaf, ouaf

Cette île était inculte quand il y arriva. Cependant, elle lui sembla si belle qu'il y établit sa demeure et qu'il y planta toutes sortes d'arbres fruitiers. Il y eut deux fils, Charmus et Calécarpe. Il visita ensuite plusieurs petites îles et il s'arrêta quelque temps dans la Sicile. Il fut si charmé de l'abondance des fruits et des troupeaux qu'il vit dans ses campagnes, qu'il résolut de faire part de ses inventions aux Siciliens. C'est aussi pour cette raison que tous les Siciliens en général, mais plus particulièrement ceux qui cultivent les oliviers lui rendent les honneurs divins. .


Donc après la fin tragique de son fils, comme une redondance, Aristée se retrouve face à une petite chienne. Mortelle, elle aussi. Mais lui, le papa, contourne les difficultés. Le temps, peut-être, tout simlement... Car après l'été torride, il y a septembre, et la récolte des fruits. Les fruits murs et le rut des cerfs. Les cerfs gorgés d'énergie?
Cette dernière partie du récit fait écho à la première :
et qu'elles lui enseignèrent la manière de faire cailler le lait, l'art d'élever les abeilles et la culture des oliviers.

Au printemps de sa vie, il reçoit l'initiation de ce qui lui servira. Et puis il y a la vien et ses vississitudes.
Le cerf, le chien seraient donc des représentations populaires?
Le chien psychopompe et l'homme sauvage... Le gardien des propriétés et donc des objets sociétaux!

Après cela, il alla rejoindre Bacchus dans la Thrace, et il lia avec lui une amitié parfaite
Quoi de plus logique, il faut bien que tout recommence :wink: Sans doute l'a t-il rejoint à dos d'âne...

Mais, ne pourrait-on pas glisser là-dedans la notion de royauté. Cerf, torque, et position assise seraient des attributs royaux? Cernunnos pourrait être un dieu qui "assoie le Panthéon". Dans cette période difficile (automne, émonctoire des vieux arbres disait Baudelaire), il assure la protection de la société contre les attaques des chiens et des chasseurs de touts sortes, mais aussi de la mort si présente. Le caractère cyclique de la perte de ses bois étant le garant du renouvellement. Il maîtrise le serpent. Ce qui fait écho à la référence à Bacchus dans le texte de Diodore...
A+
Lopi