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MessagePosté: Jeu 04 Sep, 2008 18:34
de Muskull
Que dire ?...
Ce "jumeau de trop" dans les mythes celtiques et d'ailleurs semble récurent.
Serait-ce comme le suggèrent freud et Jung le rejet dans l'inconscient d'une part "inacceptable pour l'ordre social" de l'humain ?
Chacun y verra sa "bête" ou sa liberté de pensée née "d'infusion" divine. Pour certains fronts bas c'est d'ailleurs la même chose. :twisted:

Cher André-Yves, pour être si têtus et constants dans nos recherches c'est que nous pressentons, là bas, quelque part, quelque chose de grandiose n'est-il pas ? :wink:

MessagePosté: Jeu 04 Sep, 2008 23:40
de Sedullos
Salut à tous,

Muskull, AYB,

Vos pensées sont jumelles, à défaut d'être tricéphales depuis le sabordage de Charles le Movê :P

MessagePosté: Ven 05 Sep, 2008 12:13
de André-Yves Bourgès
Sedullos a écrit:Vos pensées sont jumelles, à défaut d'être tricéphales depuis le sabordage de Charles le Movê :P


Gémellité dépareillée, Muskull le scrutateur des mythes, AYB l'hagiologue besogneux !

Bien cordialement,

André-Yves Bourgès
www.hagio-historiographie-medievale.fr

MessagePosté: Ven 05 Sep, 2008 19:56
de Muskull
Joli mot que scrutateur ! :D
Les mythes sont comme les pages transparentes d'un livre. Au début tout est embrouillé mais tourner les pages est comme élaguer l'innécessaire, les fantaisies particulières dues aux cultures convergentes ou divergentes et sur la dernière page il y a le symbole de l'unité de tout cela, du reste aussi d'ailleurs, et elle "saute aux yeux". :D
L'humain en face de son miroir véridique, là est l'archétype des jumeaux. :wink:

MessagePosté: Ven 05 Sep, 2008 23:39
de Pan
Muskull a écrit:L'humain en face de son miroir véridique, là est l'archétype des jumeaux. :wink:


Tu connais le mythème oriental des 7 voiles Muskull, celui qui cherche dieu se retrouve devant son propre reflet.

Par contre, y'a un bémol sur le miroir, je te laisse finir ma phrase :wink:

MessagePosté: Dim 07 Sep, 2008 19:01
de Muskull
Ami Pan :)
Il y a plusieurs "bémols" en fait:
- L'image est inversée ce qui fait que les ceusses trop attentifs à s'y regarder sont choqués par des photos où il n'y a pas d'inversion (un visage n'est jamais parfaitement symétrique).
- L'on ne peut voir en même temps le miroir et le reflet.
- Lorsque l'on se rapproche trop du miroir la buée du souffle le voile.
- Se regarder soi est souvent regarder un autre soi du monde sublunaire.
- Etc...
Tous ces bémols couvrent au moins un octave. :lol:

Pour ceux qui sont intéressé par la symbolique du miroir lire "Le chaton d'une sagesse divine dans le verbe d'Adam" in Le livre des chatons de sagesse d'Ibn Arabî traduit et commenté par Charles-André Gilis (un guénonien).
ISBN 2-84161-048-9
:P

MessagePosté: Lun 08 Sep, 2008 9:36
de lopi
Et l'un des premiers à s'y être interressé sur le plan psy :
Otto Rank, Don Juan et Le double, Petite bibliothèque Payot.
Ca date un peu mais le terreau est là.

MessagePosté: Lun 08 Sep, 2008 17:18
de Muskull
Vienne était bien lumineuse en ces temps. :wink:
Mais dans le mode psychologique du reflet et du "double" il y a aussi quelque chose d'important dans le mythe de la caverne de Platon et ses dialogues qu'il prête à Socrate sont pas mal psy, non ? :D

MessagePosté: Ven 12 Sep, 2008 9:20
de lopi
Sur le plan plus historique : Rendel Harris : Dioscurie in the Christian Legends (1903) et Cult of the heavenly twins (1906).
Il tente d'expliquer d'un point de vue historique la documentation qu'il a collationnée. C'était l'époque...

MessagePosté: Sam 13 Sep, 2008 17:06
de Muskull
Bonjour,
Juste un petit mot pour signaler aux curieux comment "fonctionne" l'effet miroir en psychologie traditionnelle. Il s'agit d'une forme de "transfert", nous projetons nos zones d'ombre (choses en soi que l'on ne veut regarder ou affronter parce qu'elle nuise à l'image brillante que l'on s'est construite de nous-même) sur un proche ou un très lointain (comme le barbare, le communiste, etc...).
Effectivement c'est gamin, style: c'est pas moi c'est lui ou elle...
Ce que nous aimons chez un "ami" est ce qui flatte notre égo et son attention vis à vis de nous. Ce que nous détestons chez lui est justement le miroir de nos propres et intimes détestations, fleurs vénéneuses en nos jardins secrets.
Lorsque nous avons "intégré" le fait que colère et joie sont simplement réactives de manière quasi pavlovienne par rapport à ce bon ou mauvais miroir un grand pas est fait et avec un peu de pratique l'on peut tranquillement passer à une surenchère d'une parole christique:
"Faire aux autres ce que l'on aimerait que l'on nous fasse", chemin aride s'il en est. :wink:

MessagePosté: Lun 15 Sep, 2008 17:48
de Muskull
Il est bien entendu que "l'ami" est asexué en ce qui concerne ce monde. Il s'agit de la personne ou des personnes masculines ou féminines avec qui l'on fait "un chemin ensemble".
La relation amoureuse est une aide féconde pour se voir et se révéler à soi-même dans les yeux de "l'autre".
Il y a une histoire comme ça entre Leyla et Majnoun:
- Je n'avais jamais vu cette tache dans ton oeil - dit Majnoun
- Tu ne l'aurais jamais vu si tu étais resté amoureux sans commencer à douter que la proximité ne pouvait être tout.

Re: Les dieux jumeaux des celtes ?

MessagePosté: Mer 27 Mai, 2009 11:47
de ejds
Muskull a écrit:------ Image

Cette sculpture de Roquepertuse est souvent mise en rapport avec le Janus romain :

Est-il plus facile de connaître, recomposer le passé que le futur ? :?

Janus est une divinité italique et romaine, dieu de l’année et des contraires.

Roi légendaire de l’Italie ancienne, à qui Saturne aurait donné la faculté de connaître le passé et l’avenir. On le représente avec deux visages tournés en sens contraire (bifrons vel biceps), il est le gardien des portes (ianua, janua), qui, comme lui, ont une double face. Gardien des passages (iani, jani), il surveille aussi bien les entrées que les sorties, et veille également sur les ports et les routes.
----------------------- Image

Protecteur de Rome, les portes de son temple qui lui était dédié étaient ouvertes en temps de guerre, car il partait combattre et elles étaient fermées en temps de paix (Histoire de Rome depuis sa fondation,Tite-Live, I, 19). Les Romains ont fait figurer son mythe sur les plus anciennes pièces de monnaies romaines, l’as de bronze vers le IIIè s. av. J.-C.

Quelques précisions et commentaires :

H.-P. Eydoux a écrit:
Dieux et héros.

---[…] Quel témoignage nous en apporte également cette étrange sculpture faite de la conjonction de deux têtes qu’un oiseau rapace saisissait (de celui-ci, il ne reste l’arrachement du bec) ! On l’intitule « Hermès bicéphale ». Le grand archéologue provençal Fernand Benoit estime que cette sculpture s’inscrit, pour une part, dans la tradition classique ; elle appartient à une série de têtes accolées par la nuque, dont le prototype aurait apparu, dès le VIè siècle avant notre ère, dans la nécropole étrusque d’Orvieto.

---Ces deux têtes de Roquepertuse sont sensiblement de grandeur naturelle (20 centimètres de haut). Les oreilles n’ont pas été figurées, non plus que les cheveux qui étaient seulement indiquées de peinture noire. Le visage, quant à lui, était coloré en rouge. Cette sculpture dénote un réalisme recherché et une habileté d’exécution qui en font une des pièces maîtresses de l’art gaulois avant l’occupation romaine.


Révélations de l’archéologie, Henri-Paul Eydoux, Éditions Gautier Languereau, 1963, 190 pages, 48-50.


J. Schmidt a écrit:
JANUS. Cette divinité est assurément l’un des plus grands dieux du Panthéon romain et possède même une certaine prééminence sur le dieu suprême, Jupiter. Il aurait abordé l’Italie avec une flotte et se serait établi dans le Latium, où il aurait fondé une ville, qui prit de lui son nom de Janicule. Il aurait régné sur le Latium et accueilli Saturne chassé des cieux. Pour le remercier, Saturne aurait donné à Janus le don de la « double science » celle du passé et celle du futur, mythe que les Romains ont rendu en représentant Janus avec deux visages tournés en sens contraires.

Ce dieu à double face possède de nombreuses autres attributions. Il est la divinité gardienne des portes, parce que toute porte regarde des deux côtés (Janus Bifrons).

Lors d’une déclaration de guerre, les Romains ouvrent solennellement les portes de son sanctuaire, pour indiquer que le dieu est parti combattre, et les referment en temps de paix, pour montrer que le dieu, sauvegarde de la cité, a réintégré son sanctuaire. Peu à peu, les attributions de Janus ont pris une extension considérable. Il est devenu le dieu du commencement de toutes choses, celui de l’Année (Januarius signifie « janvier »), le dieu des Quatre Saisons : il porte alors quatre têtes au lieu de deux. Ovide prétend que Janus possède un double visage, parce qu’il exerce son pouvoir sur la Terre et sur les Cieux. Peut-être n’est-il nullement un dieu cosmogonique, mais seulement et exclusivement un dieu de Rome, symbolisant la surveillance de la ville, où transitent les trafics sur le Tibre, en amont comme en aval.

La diversité de ces attributions montre à quel point Janus est le dieu essentiel d’un monde ou d’une ville qui s’ouvre et se ferme à sa volonté, sans que rien lui échappe.

--------------Image


Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Joël Schmidt, Librairie Larousse, 1965, 320 pages, p. 171.


É. Hamilton a écrit:
Les dieux romains

---Janus, lui aussi, fit d’abord partie des Numina ; il était le dieu des « entreprises propices », qui ne pouvaient que s’achever heureusement. Jusqu’à un certain point, il fut plus tard pourvu d’une personnalité distincte. Parmi les nombreux temples qui lui furent dédiés, le plus important se trouvait à Rome ; il était orienté d’est en ouest, du levant au couchant ; deux portes y donnaient accès, entre lesquelles s’élevait une statue de Janus à deux visages, l’un jeune, l’autre âgé. On ne fermait ces portes que lorsque Rome était en paix.

Elles ne furent closes que trois fois pendant les 7 premiers siècles qui suivirent la fondation de la cité, la première pendant le règne du bon roi Numa Pompilius ; la seconde après la première guerre Punique, en 241 av. J.-C., lorsque Carthage fut défaite ; et enfin sous le règne d’Auguste, lorsque, ainsi que dit Milton :

------------- On n’entendait plus dans le monde
-------------Ni le bruit de la guerre ni celui des batailles.


---Bien entendu, janvier, mois de Janus, commençait l’année.

--- [...] Une coutume de la ville voulait que la porte du temple de Janus, toujours close en temps de paix, fût ouverte dès qu’une guerre était décidée. Alors le Roi soulevait les barres des deux battants, les trompettes résonnaient et les guerriers poussaient de grands cris. […] Et la joie envahit la cité, joie du combat promis, des cuirasses scintillantes et des chevaux de bataille et des fiers étendards déployés, joie de se préparer à une guerre sans merci.


La mythologie, Édith Hamilton, Les Nouvelles Éditions Marabout, 1962, 416 pages, p. 43 et 284.

:ogam-th:

Re: Les dieux jumeaux des celtes ?

MessagePosté: Sam 08 Aoû, 2009 14:51
de Alexandre