Page 1 sur 3

la quête du Graal

MessagePosté: Jeu 20 Nov, 2008 17:20
de * Boüh *
Bonjour tout le monde :)

je suis en classe de première littéraire et j'effectue un travail (TPE) sur la quète du Graal. Il y a vraiment beaucoup d'avis controversés, et j'aimerai un peu dégrossir tout ça :?
Serait il possible d'avoir des informations sur les origines du Graal ... Et infos complémentaires bienvenus :roll:

Merci d'avance =)

MessagePosté: Jeu 20 Nov, 2008 17:40
de Muskull
Bonjour,
Si tu écris en rose c'est que t'es une fille ? :D
Tape graal sur la "recherche rapide" juste à gauche et tu auras tellement de renseignements que tu ne sauras lequel choisir. :wink:

MessagePosté: Jeu 20 Nov, 2008 21:19
de Taliesin
Bonsoir,

voici quelques éléments bibliographiques :

Textes :

Chrétien de Troyes. Le conte du Graal ou le roman de Perceval. Edition du manuscrit 354 de Berne, traduction critique, présentation et notes de Charles Méla, Paris : Lettres gothiques, 1990.

Lambert, Pierre-Yves, 1993. Les quatre branches du Mabinogi et autres contes gallois du Moyen-Age. Paris : Gallimard, l’aube des peuples. (contient le texte, traduit du gallois, de Peredur mab Evrawc)

Régnier-Bohler, Danielle (dir.), 1989. La légende arthurienne. Le Graal et la Table Ronde. Paris : Robert Laffont. (texte en français moderne du Conte du Graal, de Perlesvaux, du Merlin et du Perceval en prose attribué à Robert de Boron.)

Robert de Boron. Le roman du Graal. Edition de Bernard Cerquiglini. Paris : 10/18.

Wolfram von Eschenbach. Parzival. Traduction, introduction et notes de Ernest Tonnelat. Paris : Aubier Montaigne, 1977, 2 vol.

Wolfram von Eschenbach. Parzival. Traduction par Danielle Buschinger, Marie-Renée Diot et Jean-Marc Pastré. Amiens : Presses du Centre d’Etudes Médiévales, 2000.

Chrétien de Troyes n’ayant pu terminer son roman, d’autres auteurs ont écrit des continuations, au nombre de trois : la Première, dite Continuation Gauvain, la seconde, par Manessier, et la dernière par Gerbert de Montreuil.

Mais tout cela va être regroupé dans un grand cycle en prose : le Lancelot-Graal.


Etudes :

Buschinger, Danielle, 2001. Parzival, Arthur et le Graal. Amiens : Presses du Centre d’Etudes Médiévales.

Frappier, Jean, 1972. Chrétien de Troyes et le mythe du Graal : étude sur Perceval ou le Conte du Graal. Paris : Société d’édition d’enseignement supérieur.

Frappier, Jean, 1977. Autour du Graal. Genève : Droz.

Gallais, Pierre, 1998. Perceval et l’initiation. Orléans : Paradigme.

Hüe, Denis (dir.), 1998. Polyphonie du Graal. Orléans : Paradigme.

Les romans du Graal aux 12ème et 13ème siècles. Actes du colloque international de Strasbourg, 29 mars-3 avril 1954. Paris : CNRS, 1956.

Lozac’hmeur, Jean-Claude, 1979. « Guinglain et Perceval. Bendigeit Vran et Corbenic » Etudes Celtiques, 16, 279-285.

Lozac’hmeur, Jean-Claude, 1987. « Recherches sur les origines indo-européennes et ésotériques de la légende du Graal. » Cahiers de Civilisation Médiévales, 30/1, 45-63.

Lozac’hmeur, Jean-Claude, 2008. « Peredur et Le Conte du Graal : petit essai d’archéologie littéraire. » A travers les îles celtiques, A-dreuz an inizi keltiek, Per insulas scotticas : mélanges à la mémoire de Gwénaël Le Duc. Landévennec, Rennes : CIRDoMoC, PUR, 65-77.

Lozac’hmeur, Jean-Claude, Shigemi Sasaki, 1982. « A propos des deux hypothèses de R.S. Loomis : éléments pour une solution de l’énigme du Graal. » BBSIA, 34, 207-221.

Marx, Jean, 1952. La légende arthurienne et le Graal. Paris : PUF.

Sterckx, Claude, 2005. Les mutilations des ennemis chez les Celtes préchrétiens – la Tête, les Seins, le Graal. Paris : L’Harmattan.

Vendryes, Joseph, 1949. « Les éléments celtiques de la légende du Graal. » EC, 5, 1-50.

Walter, Philippe, 2004. Perceval, le pêcheur et le Graal. Paris : Imago.

Etudes en anglais :

Brown, Arthur C.L., 1943. The origin of the Grail Legend. Cambridge : Harvard University Press.

Goetinck, Glenys, 1975. Peredur. A Study of Welsh Traditions in the Grail Legends. Cardiff : University of Wales Press.

Loomis, R.S., 1963. The Grail from Celtic Myth to Christian Symbol. Cardiff, New-York : University of Wales Press, Columbia University Press.

MessagePosté: Ven 21 Nov, 2008 13:18
de Sedullos
Salut à tous,

Pour le cas, où notre jeune chercheuse n'aurait pas encore fui devant l'avalanche, j'en rajoute deux, peut-être un peu plus abordables :

Arthur et la Table Ronde : la force d'une légende / Anne Berthelot.- Gallimard, 1996.- 160 p. - (Découvertes. Littérature, 298).

toujours disponible en librairie.

La légende du roi Arthur / Anne Berthelot.- Chêne, 2004.- 184 p.
épuisé, à chercher en bibliothèque

MessagePosté: Ven 21 Nov, 2008 13:27
de Sedullos
Le graal est un plat, une coupe, un calice, une coupe taillée dans une émeraude tombée du front de Lucifer, porté dans un cortège par une jeune femme et accompagné d'autres objets tels que la lance qui saigne.

Cet objet mystérieux, païen et/ou chrétien, est une énigme à résoudre.
Une invitation à poser la bonne question. L'élu, le premier qu'on connaisse, Perceval, l'idiot, n'a pas posé la question qui aurait délivré le roi-pêcheur de sa malédiction, qui l'aurait guéri de sa blessure. D'où son échec et le commencement de la quête...

MessagePosté: Ven 21 Nov, 2008 14:52
de Marc'heg an Avel
Sedullos a écrit:Cet objet mystérieux, païen et/ou chrétien, est une énigme à résoudre.


Un calix est aussi le tuyau de la prise d'eau d'un aqueduc. Au pluriel : calices. Voir dictionnaires de latin.

Le prochain travail des archéologues, à Paule, près de Carhaix, c'est d'en retrouver la source, enfouie sous les remblais d'une route récente.

Pour plus d'infos, voir le lien :

http://marikavel.org/broceliande/broceliande.htm

Pour info !

JCE :wink:

MessagePosté: Ven 21 Nov, 2008 15:26
de Sedullos
Contenu effacé

MessagePosté: Ven 21 Nov, 2008 15:39
de Sedullos
Je redeviens sérieux : si je parlais d'une énigme, cela ne concerne pas l'objet en lui-même, qui peut toujours se résoudre à un récipient contenant de la boisson et/ou de la nourriture, comme les deux archétypes irlandais que sont la coupe de souveraineté de Lug et le chaudron du Dagda, mais le fait, que le graal soit lié à une question vitale.

Cette question est exprimée sous la forme : à quoi sert le graal ?

Dans une des versions modernes de la Quête, celle du Parzifal de Richard Wagner, la question sera : qui est le graal ?

Ce qui débouche sur une interprétation raciste d'un vieux mythe qui ne l'était nullement à "l'origine".

MessagePosté: Ven 21 Nov, 2008 16:36
de Muskull
Bonjour,
Je ne sais plus dans quel film il y a une réplique pertinente:
Perceval ou Galaad présente la coupe conquise de haute lutte au roi très déprimé (image du roi pêcheur), il boit une gorgée et soupire:
"Je ne savais pas à quel point j'étais vide".

Graal : ce mot vient de Chrétien de Troyes pour ce que l'on en sait et c'est lui en quelque sorte qui crée le mythème d'un plat sacré où le roi pêcheur mange une hostie chaque jour, c'est là sa seule nourriture.
Le parallèle est frappant avec la "pomme de l'autre monde" de Condle et aussi le poisson de St Korentin: une nourriture d'immortalité qui donne aussi la connaissance et l'alliance avec le divin et, de ce fait, accessoirement la fertilité et l'abondance comme le fait la coupe de Lug et le chaudron du Dagda.

MessagePosté: Ven 21 Nov, 2008 17:19
de Sedullos
Salut,
Sauf que je ne suis pas sûr que l'hostie soit bien déjà dans la version du Conte du Graal de Chrétien, je pense que c'est plutôt dans les continuations christianisées. La version de Chrétien est encore païenne, tout comme l'étrange Peredur gallois ou d'autres versions comme le Perlesvaux avec son rituel de vengeance si mes souvenirs sont bons.

MessagePosté: Ven 21 Nov, 2008 17:45
de Muskull
Sedullos a écrit:Salut,
Sauf que je ne suis pas sûr que l'hostie soit bien déjà dans la version du Conte du Graal de Chrétien, je pense que c'est plutôt dans les continuations christianisées. La version de Chrétien est encore païenne, tout comme l'étrange Peredur gallois ou d'autres versions comme le Perlesvaux avec son rituel de vengeance si mes souvenirs sont bons.

Tu me mets un doute là, mais je crois bien que si, je vais vérifier. :wink:
C'est avec Chrétien de Troyes, dans son dernier roman Perceval ou le Conte du Graal écrit vers 1180 et resté inachevé, que se développent l'aventure littéraire du Graal et son résonnement imaginaire. A l'origine plat ou écuelle, le graal devient chez Chrétien une splendide pièce d'orfèvrerie, faite pour le service d'une table royale, dont la nature merveilleuse demeure mystérieuse. Le cortège qui passe devant les yeux de Perceval doit être perçu tout d'abord comme un magnifique service de table : des jeunes gens amènent en procession une lance au bout de laquelle perlent des gouttes de sang, des candélabres d'or, un graal orné de pierres précieuses et un tailloir en argent puis une table d'ivoire, avant de servir un sublime festin. A cause de son péché, Perceval manque de demander la signification de la Lance et du Graal. Plus tard, l'ermite lui expliquera que le Graal est une "très sainte chose", dans laquelle est servie une hostie qui maintient en vie le Roi-Pêcheur.

http://expositions.bnf.fr/arthur/arret/05_1.htm

Ce qui n'empêche absolument pas la réalité de l'aspect païen de ce cortège, "procession" ?

MessagePosté: Ven 21 Nov, 2008 20:10
de Taliesin
Noz vat deoc'h !

Muskull a écrit:
Graal : ce mot vient de Chrétien de Troyes pour ce que l'on en sait et c'est lui en quelque sorte qui crée le mythème d'un plat sacré où le roi pêcheur mange une hostie chaque jour, c'est là sa seule nourriture.
Le parallèle est frappant avec la "pomme de l'autre monde" de Condle et aussi le poisson de St Korentin: une nourriture d'immortalité qui donne aussi la connaissance et l'alliance avec le divin et, de ce fait, accessoirement la fertilité et l'abondance comme le fait la coupe de Lug et le chaudron du Dagda.


non, le mot ne vient pas de Chrétien. Le troubadour Rigaut de Barbezieux l'emploie dans un poème antérieur au Conte du Graal. Le nom commun désigne un plat large et creux destiné à servir la nourriture. Peut-être est-ce Chrétien qui le premier l'écrit avec une majuscule. Encore qu'on trouve les deux formes dans son roman, avec majuscule et minuscule.

Quant au poisson, voici ce que l'ermite, oncle de Perceval, déclare à propos du roi pêcheur (v. 6343-6354) :

"Quant au Riche Pêcheur, crois-le,
il est fils de ce roi
qui se fait servir avec le graal.
Ne va pas t'imaginer qu'il ait
brochet, lamproie ou saumon !
Le saint homme, d'une simple hostie
qu'on lui apporte dans ce graal,
soutient et fortifie sa vie.
Le Graal est chose si sainte
et lui si pur esprit
qu'il ne lui faut pas autre chose
que l'hostie qui vient dans le graal."

Apparemment, le graal peut être utilisé comme plat à poisson. Peut-être que le père du Riche Pêcheur mangeait du saumon et que Chrétien a remplacé ce saumon par une hostie. Le saumon serait bien sûr le Saumon de Science, celui de Fionn et de la Seaghais.

MessagePosté: Ven 21 Nov, 2008 21:00
de Marc'heg an Avel
Taliesin a écrit:non, le mot ne vient pas de Chrétien. Le troubadour Rigaut de Barbezieux l'emploie dans un poème antérieur au Conte du Graal. Le nom commun désigne un plat large et creux destiné à servir la nourriture. Peut-être est-ce Chrétien qui le premier l'écrit avec une majuscule. Encore qu'on trouve les deux formes dans son roman, avec majuscule et minuscule.


-----------------

Tout à fait d'accord avec ce passage.

Le Gradal est issu de Cratalem, à savoir un plat en terre cuite, fait de terre de potier, la racine étant : *kreta / *Creta, comme crétacé !

Mais, même si on peut utiliser un gradal pour en faire un calix, le *calix, en lui-même, est encore autre chose.

Le *gradal est un objet commun. Le *calix est un concept sacré.

JCE :wink:

MessagePosté: Ven 21 Nov, 2008 22:53
de Gwalchafed
Attention !!! Mes sources sur Rigaut (en l'occurence : THE TROUBADOURS: AN INTRODUCTION. Edited by Simon Gaunt and Sarah Kay. Cambridge: Cambridge University Press, 1999. xii, 330 p. )
sont moins péremptoires que vous sur l'antériorité de Rigaut. Sans vouloir verser dans le "Chrestien, c'est le meilleur, qu'il est trop bon", n'oublions pas que les datations de Rigaut sont assez sujettes à caution. Juste pour ne pas assurer des choses incertaines, hein...

MessagePosté: Ven 21 Nov, 2008 23:37
de Taliesin
Un certain Rigaut de Barbezieux est attesté en 1116 dans une des chartes saintongeaises de l'abbaye de la Couronne et de 1140 à 1163 dans le cartulaire de Barbezieux.
Ces deux documents sont consultables sur Gallica, voici les réferences :

Babinet de Rencogne, Gustave, Paul de Fleury, 1880. « Chartes saintongeaises de l'abbaye de La Couronne. » Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, t. 7, 17-284. (charte p. 27)

La Martinière, J. de, 1911. « Cartulaire du prieuré de Notre-Dame de Barbezieux et recueil de chartes sur les premiers seigneurs de Barbezieux, 1060-1379. » Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis, 41.

Il n'y a pas d'autre Rigaut de Barbezieux dans ces cartulaires à la fin du 12ème et au début du 13ème siècle. Il faudrait alors supposer que le Rigaut de Barbezieux attesté entre 1116-1163 n'est pas le troubadour et que ce dernier est passé inaperçu dans la documentation, c'est une possibilité mais ça tend quand même à refuser l'évidence. De plus, la Vida de Rigaut le donne comme contemporain de Jaufré Rudel, qui a participé à la seconde croisade : on est donc bien dans la même tranche chronologique. Même si les Vidas de troubadours ne sont pas des modèles de verité historique, on a ici deux sources qui se recoupent, les chartes confirmant la Vida. Moi, ça me suffit pour conclure à l'antériorité de Rigaut sur Chrétien.
Cela a suffit aussi aux rédacteurs du dictionnaire des lettres françaises du Moyen Âge (voir p. 1273-1274) et du Guide de la musique du Moyen Âge (p. 283-284)