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Exercice de style : des traductions amusantes

MessagePosté: Mar 01 Avr, 2003 9:47
de Marc'heg an Avel
On sait bien qu'il est parfois difficile de traduire exactement d'une langue à l'autre. Quelques fois, cela est totalement décoloré, et quelques fois, si on traduit au mot à mot, cela peut etre amusant.

Un exemple :

en breton : "Mai a zo klanv war hi gwele, gant an doktor war hi dro"

traduction en français, au mot à mot :

" Marie est malade au lit avec le docteur autour d'elle ".

décodage : Marie est malade; elle est alitée, et le médecin vient s'en occuper.

***************

la formule : war e zro, veut dire que quelqu'un est en train de s'occuper d'untel :

" Chom trankil, kanfard, petramant 'to ar jendarmed war da zro".


Décodage : " Reste tranquille, garnement, sinon tu auras à faire aux gendarmes".

***************

Qui peut continuer ?

JC Even :)

tradutore traditore...

MessagePosté: Mar 01 Avr, 2003 13:37
de mikhail
En douarneniste :
"Regarde le bateau qui passe par la fenêtre"
En français de France : regarde par la fenêtre le bateau qui passe.

Plus drôle :
"Elle est restée 15 jours au lit avec le médecin".
Proche de la citation de JCE, utilisation très bretonne malgré la langue (française) de la préposition gant (avec).

"As-tu le droit de téléphoner avec le médecin ?"
Le médecin t'a t-il autorisé à téléphoner ?
idem.

"Elle s'est levée avec nous" (ça ressemble furieusement à : savet 'neus ganeomp !)
Nous l'avons levée.

J'entends régulièrement des 'bretonismes' ici à Quimper, de la part de gens qui ne parlent pas un mot de breton (sauf kenavo, quand même).
Je les note parfois, mais je n'ai pas toujours un bout de papier pour ça...

En ce moment, en cours du soir (kentelioù nozh) sur les anaphores en breton...

mikhail

MessagePosté: Mar 01 Avr, 2003 14:12
de Marc'heg an Avel
Salut à Mikhail,

J'ai noté ton envoi : "Elle s'est levée avec nous" (ça ressemble furieusement à : savet 'neus ganeomp !)
Nous l'avons levée
.

Cela me rappelle une histoire racontée par un prisonnier Breton en captivité en Allemagne.

Celui-racontait que la fermière dans la ferme de laquelle lui et ses compagnons avaient été attribués était jolie, et que bien entendu, c'était quasiment la seule femme qu'ils pouvaient voir régulièrement ... et sur laquelle ils pouvaient fantasmer.

Comme le disait le narrateur en langue bretonne (dialecte du Trégor) :

"Kalz diwimp a zave deo lec'h bennak".

Traduction, sans vulgarité : " En beaucoup d'entre nous il y avait quelque chose qui grimpait quelque part"

En langue bretonne unifiée : [i]Kalz diouzhimp a save dezho e-lec'h bennak
.

JC Even :)

MessagePosté: Mar 01 Avr, 2003 14:18
de Rónán
"Kalz diwimp a zave deo lec'h bennak".

T'es sur qu'on dit dezho en Trégor? Pas moi... ou alors tout près de Morlaix
Moi j'aurais écrit ca "kalz diouzhimp a save dezhe ul lec'h bennak" (kalz diwimp a zave dê ol lec'h bennak)

G bon? (dezho m'a l'air bcp trop léonard...)


Rónán :)

MessagePosté: Mar 01 Avr, 2003 14:23
de Rónán
En parlant d'anaphores, j'en ai notée une en entendant un paysan berrichon, je ne sais trop quoi en penser... cela vient-il du substrat gaulois? des anaphores y en a ds ttes les langues celtiques...

"Y en a, ils ont peur de se faire moquer d'eux."


Rónán :D

MessagePosté: Mar 01 Avr, 2003 14:24
de Marc'heg an Avel
Suite,

Essai de traduction de "Regarde le bateau qui passe par la fenêtre"

" Sell 'ta (eus) ar vag o tremen dre ar prenestr".

Qu'en dit notre (étudiant) Penn-sardin ?

JC Even :)

MessagePosté: Mar 01 Avr, 2003 14:28
de Marc'heg an Avel
Rónán,

Tu vas trop vite; relis mon message : en trégorrrois, j'ai écrit deo !

puis j'ai indiqué en langue unifiée : dezho.

JC Even :)

MessagePosté: Mar 01 Avr, 2003 14:41
de Marc'heg an Avel
A Rónán

Essai de traduction en langue paysanne et populaire bretonne de la formule :


"Y en a, ils ont peur de se faire moquer d'eux."

' Darn a zo hag o deus aon (gante) hag a vije graet goap dioute"

Qui cause mieux ? = Qui a mieux à dire ? = Piv en eus gwelloc'h da lavar ?

JC Even :)

MessagePosté: Mar 01 Avr, 2003 15:07
de Thierry
Bon, j'y vais de mon petit couplet local.

Je profite de cette conversation car c'est une étrangeté extrêmement courante à Rouen. Je ne sais si elle est vraiment spécifique et en tout cas, je ne sais pas l'expliquer.

"C'est rien bien" = C'est très bien

"T'es rien belle" = Qu'est ce que tu es belle !

Boujou (Au revoir).

MessagePosté: Mar 01 Avr, 2003 15:24
de Marc'heg an Avel
Salut Thierry,

c'est ben vrai qu'à Wavre, une fois, j'ai vu les cheminées du France passer par la fenetre de chez ma tante, qu'habitait boulevard François Ier. C'était rien impressionnant !

Le plus amusant, c'est que les gens du Wavre, eux, y s'moquaient des ceux qui parlaient cauchois.

Rappel : Le Havre, c'est bien connu, est un grand port breton.

JC Even :D :) :) :D :) :)

MessagePosté: Mar 01 Avr, 2003 15:38
de Patrice
"C'est rien bien" = C'est très bien

"T'es rien belle" = Qu'est ce que tu es belle !


Je connais aussi, sous la forme "T'es rin (ou ren) belle".

A+

Patrice

MessagePosté: Mar 01 Avr, 2003 16:05
de Marc'heg an Avel
suite.

A la réflexion, je pense que la formule avancée par Mikhail à propos du bateau qui passe par la fenetre, est fondamentalement différente de la formule française : regarder par la fenetre le bateau qui passe.

Dans l'exemple en langue française, il y a bien une notion de voir à travers quelque chose, en l'occurence ici à travers la fenetre, la personne étant à l'intérieur et regardant quelque chose qui est à l'extérieur. C'est la personne qui regarde qui est le sujet.

Dans l'exemple en langue bretonne, meme si la personne est toujours à l'intérieur et regarde à travers la fenetre, c'est en fait le bateau qui est l'élément 'moteur' de la phrase, sous entendant que c'est lui qui passe DEVANT la fenetre.

La personne qui le regarde n'est donc plus mise qu'au second plan, en tant que spectatrice.

En fait, ici, PAR LA FENETRE semble vouloir dire en réalité : Devant la fenetre.

On aurait donc (peut-etre !?) à faire à un mot issu d'une racine *pare = près de, devant, dont l'aphérèse a par ailleurs et justement donné *are, comme dans *Aremorica.

Il y aurait donc une confusion entre devant et au travers de . Mais ça, ce n'est plus mon domaine et je m'abstiendrai bien de m'y aventurer.

Rónán, à toi de jouer, si tu peux apporter des comparaisons dans les autres langues.

JC Even :?

MessagePosté: Mar 01 Avr, 2003 17:27
de mikhail
Je voulais souligner, à l'intention des non bretonnants, que la structure de la phrase bretonne, même dite en français, est bien différente du français (le plus souvent).

L'anaphore existe évidemment en français : "moi, mon chien est mort". C'est bien le chien qui est mort, je suis vivant pour en témoigner. C'est un outil stylistique, une insistance sur le complément.
En français il faut deux phrases, en breton une seule suffit...

mikhail

MessagePosté: Mar 01 Avr, 2003 17:38
de Marc'heg an Avel
Autre sujet.

Je me souviens qu'au début des années 1970, travaillant dans une entreprise de batiment de la région de Lannion (Trégor), j'avais appris cette annecdote à moi rapportée par un chef d'équipe :

l'un des ouvriers, maçon directement issu du monde paysan comme cela était fréquent à l'époque, s'est trouvé un jour dans la nécessité d'avoir à téléphoner à l'entreprise pour demander quelque chose.

N'étant pas habitué à utiliser le téléphone, et n'étant pas très rassuré, il avait demandé :

" Daoust hag en heman a gompren brezhoneg ?".

mot à mot : " est ce que celui-ci comprend le breton ?." ( en parlant du téléphone qu'il avait entre les mains.

à savoir : " si je parle breton dans le téléphone, est ce que cela va etre transmis aussi en breton à mon interlocuteur ? "

Ca peut paraitre naif, c'est vrai. mais ça ne l'est pas plus que de la part de ceux qui, aujourd'hui, hésitent à utiliser Internet parce que beaucoup de bases y sont en anglo-américain.

Toutes choses étant égales et relatives à la fois.

JC Even :)

MessagePosté: Mar 01 Avr, 2003 17:43
de mikhail
Je trouve que le gars a eu une réaction pleine d'intelligence (pratique) et de bon sens, devant un truc, un bidule, un machin encore inconnu.

mikhail