Salut Sedullos,
Pas de problème !
Nous sommes ici sur un sujet de la Pensée archaïque (= noble ancienne).
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Jean-Pierre VERDET :
Une histoire de l'astronomie. Editions du Seuil. 1990. p. 46 et suiv.
Sauver les phénomènes ?
Sôdzéin ta phainoména ? Sauver les phénomènes ? Sauver les apparences? Encore faudrait-il deviner quelle ultime exigence voile la formule de Platon et quelle exigence plus physique ajoutera Aristote, même si la faille que P. Duhem, à ce sujet, discerne entre les deux philosophes n'est pas aussi profonde qu'il le pense. A écouter Duhem, lorsque des combinaisons de mouvements circulaires et uniformes assignent à chaque planète une marche conforme à celle que révèlent les observations, le but est atteint car les hypothèses ont sauvé les apparences, et à côté de cette méthode des astronomes, qui suffisait à Platon, Aristote aurait prôné une méthode des physiciens exigeant de plus que ces combinaisons fussent telles que les principes de la physique en permissent la réalisation dans la nature. Ainsi le réalisme physique d'Aristote s'opposerait au « fictionnalisme » astronomique de Platon.
Il est vrai qu'Aristote écrivit une Physique et que Platon s'en dispensa, encore qu'au XIIe siècle, avant de redécouvrir Aristote, on ait considéré le Timée comme un ouvrage de physique. Il est vrai aussi qu'Aristote tint à bien marquer ce qui différenciait le physicien du mathématicien et qu'à ce propos il évoqua Platon. Et il est vrai qu'Aristote exige explicitement que l'univers soit sphérique, que les orbes célestes soient corporels, que chacun d'eux ait un mouvement circulaire et uniforme autour du centre du monde, que ce centre soit occupé par une terre un mobile, et que ce sont autant de conditions restrictives qu'il impose aux hypothèses des astronomes, et qu'il n'hésiterait pas à rejeter une combinaison de mouvements qui prétendrait s'affranchir de quelqu'une de ces conditions. Mais Eudoxe, répondant à Platon ou le questionnant, n'a-t-il pas implicitement pris en compte les futures exigences d'Aristote ? Est-ce dans le choix des hypothèses qui doivent sauver les apparences qu'Aristote s'écarte de Platon ou est-ce plus fondamentalement dans les raisons de ce choix ? Puisque, après que Callippe eut porté le nombre des sphères du monde de 27 à 34, Aristote l'amènera à 56, examinons les raisons de cette complication aristotélicienne.
Rappelons d'abord l'ordre du monde selon Aristote : s'élevant à partir de la terre, on rencontrerait d'abord les orbes de la lune, puis les orbes du soleil, puis ceux de Mercure, de Vénus, de Mars, de Jupiter et de Saturne, enfin le ciel des étoiles fixes. Ces groupes d'orbes sont-ils indépendants, sont-ils séparés par du vide ? Aristote ne saurait l'admettre. Sont-ils donc contigus? mais alors, de même qu'en chaque système partiel un orbe participe des rotations de tous les orbes situés au-dessus de lui, de même, dans l'univers, chaque système suivra les rotations de tous les systèmes qui l'enveloppent... Les huit puissances du ciel ne sont plus sœurs ! Un moyen existe, sinon de rétablir cette indépendance, du moins d'obtenir un effet équivalent : il consiste à interposer, entre deux systèmes successifs, un certain nombre d'orbes animés de rotations telles qu'elles compensent exactement, pour le système intérieur, l'effet des rotations des systèmes extérieurs. Ces orbes dont le but est de permettre une réalisation du système qui respecte ses principes, Aristote les nomme sphères tournant à rebours et Théophraste sphères ramenantes. Ces systèmes cependant n'auront pas une indépendance absolue : puisque tous les astres participent au mouvement quotidien, il faut que la sphère des fixes règne sur toutes celles qu'elle enveloppe. Si le désir de sauver l'indépendance des huit puissances du ciel a amené Aristote à ajouter des sphères compensatrices, en revanche le pouvoir de la huitième sphère, que le premier mobile entraîne en 24 heures, ce pouvoir donc sur les autres sphères lui permet de faire l'économie du premier de tous les orbes partiels eudoxiens. La réalisation des systèmes d'Eudoxe et de Callippe respectait également des principes cosmologiques qui devaient être ceux de Platon, et il semble bien qu'Aristote ait modifié ces systèmes non parce qu'il exigeait plus des hypothèses, mais plutôt parce qu'il avait changé ces hypothèses.
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>>> Rappelons d'abord l'ordre du monde selon Aristote : s'élevant à partir de la terre ( >>> éclyptique) , on rencontrerait d'abord les orbes de la lune, puis les orbes du soleil, puis ceux de Mercure, de Vénus, de Mars, de Jupiter et de Saturne.
Où sont les dieux là-dedans ?
Ils n'y sont pas, parce que ça les concerne pas !
Ca concerne la physique, la mathématique, et l'astronomie, à savoir l'étude des corps mouvants célestes, même si, par commodité, par convenance, ou par croyance, on leur a donné des noms de divinités (vues par les terriens).
JCE