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petite nouvelle

MessagePosté: Ven 28 Oct, 2011 19:30
de Gairwyn
Bonjour,
Après avoir puiser des infos sur ce site pendant plusieurs années pour un projet personnel, j'ai décidé de m'inscrire sur le forum. J'ai 23 ans, et je suis en master 1 en histoire des religions à Strasbourg. je voulais travailler sur les celtes pour mon mémoire et j'ai donc choisi le sujet des persistances des rites et des mythes du paganisme celte dans la France chrétienne du début du Moyen-Age. Je suis donc à la recherche de signes de rites celtes dans le culte des saints, de christianisation du monde celte (transformation en autel de pierres cultuelles etc...) et de dieux celtes assimilés aux saints (ex de Brigitte).
Voila pour le moment,
Bonne soirée à tous

Re: petite nouvelle

MessagePosté: Ven 28 Oct, 2011 20:23
de Séléné.C
C'est un sujet passionnant que tu as choisi là...
Tous mes voeux t'accompagnent !

Re: petite nouvelle

MessagePosté: Sam 29 Oct, 2011 17:29
de Gairwyn
merci beaucoup et oui ce sujet est très intéressant.

Re: petite nouvelle

MessagePosté: Dim 30 Oct, 2011 11:26
de Muskull
Gairwyn a écrit: je voulais travailler sur les celtes pour mon mémoire et j'ai donc choisi le sujet des persistances des rites et des mythes du paganisme celte dans la France chrétienne du début du Moyen-Age. Je suis donc à la recherche de signes de rites celtes dans le culte des saints, de christianisation du monde celte (transformation en autel de pierres cultuelles etc...) et de dieux celtes assimilés aux saints (ex de Brigitte).

Bonjour,
Vaste programme !
Pas mal d'infos à ce propos dans le forum historiographie mais en ce qui concerne les pierres cultuelles christianisées, rien à voir avec les celtes, ce sont des mégalithes néolithiques pour l'essentiel. Plus de chance du côté des arbres, des sources...
Un bouquin important: Les 4 fêtes d'ouverture de saison dans l'Irlande ancienne de Véronique Guibert de la Vaissière chez Armeline.
Bon courage !

Re: petite nouvelle

MessagePosté: Dim 30 Oct, 2011 12:19
de Pierre
Salut à tous,

Muskull a écrit:Un bouquin important: Les 4 fêtes d'ouverture de saison dans l'Irlande ancienne de Véronique Guibert de la Vaissière chez Armeline.
Bon courage !


Ce livre Ne concerne absolument pas : "le paganisme celte dans la France chrétienne du début du Moyen-Age" :P

Bienvenue Gairwyn,

Je te conseillerais plutôt les ouvrages de la SMF (Société de Mythologie Française) et de la SBEC (Société Belge d'Etudes Celtiques).
dont quelques membres errent ici et là sur ce forum :wink:

@+Pierre

Re: petite nouvelle

MessagePosté: Dim 30 Oct, 2011 12:47
de Muskull
Pierre a écrit:Ce livre Ne concerne absolument pas : "le paganisme celte dans la France chrétienne du début du Moyen-Age" :P

Pas directement certes mais en explicitant ce qu'étaient ces fêtes et les survivances dans le folklore, il permet de mieux repérer dans le christianisme médiéval ce qu'il en est.

Re: petite nouvelle

MessagePosté: Dim 30 Oct, 2011 18:38
de Sedullos
Salut,
Il y a quelques éléments dans le livre de Patrice Lajoye : Des dieux gaulois.

Re: petite nouvelle

MessagePosté: Dim 30 Oct, 2011 23:17
de Patrice
Salut,

Le sujet me paraît énorme pour un mémoire de Master. Vraiment. On peut couvrir quelques centaines de pages rien qu'avec ce qui existe en France.
Sans doute vaudrait-il mieux restreindre le sujet à une région précise, ce serait moins colossale et permettrait de faire quelque chose de précis.

A+

Patrice

MessagePosté: Mar 01 Nov, 2011 12:16
de ejds
Gairwyn a écrit:je voulais travailler sur les celtes pour mon mémoire et j'ai donc choisi le sujet des persistances des rites et des mythes du paganisme celte dans la France chrétienne du début du Moyen-Age. Je suis donc à la recherche de signes de rites celtes dans le culte des saints, de christianisation du monde celte (transformation en autel de pierres cultuelles etc...) et de dieux celtes assimilés aux saints.

La mention de « France » en ses territoires, ou même de carte de France, est tout à fait malléable, depuis qu’elle existe. :?

Les pouvoirs de guérison, de fécondité, de fertilité, etc., étaient surtout liés entre autre aux cultes des arbres, des pierres, mais aussi aux cures thermales et qui vont avec les sources, des fontaines... Rattachées à des divinités préhistoriques, celtiques, assimilées gallo-romaines et finalement aux Saints thérapeutes, et qui semblent, ici et là, avoir fait leurs preuves. Ce sont des éléments vitaux du paysage, lieux de proximité et de rencontre, et qui ont vu défiler parmi les vieilles populations autochtones sédentaires et de souche, des vagues et brassages successives de peuples, cultes et cultures.

Entretenus par un fonds ancien où se mêlent et persistent légendes, croyances et superstitions, et autres pratiques pèlerines, pardons, troménies, neuvaines, rogations toutes aussi primitives, profanes qu'archaïques, P.-R. Giot, J. L’Helgouach et J. Briard, dans leur petit fascicule de 36 pages : Menhirs et Dolmens, Éditions Jos le Doaré, 1978, p. 35-6, le résument ainsi sur une région précise :

Des monuments aussi extraordinaires que les mégalithes ont conservé bien au-delà de leur période de floraison, une signification culturelle ou un nimbe mythique pour les populations autochtones, et un attrait ou répulsion pour les nouveaux arrivants dans la région. Ainsi les Armoricains de l'Age de Fer infiltrèrent les sépultures adventices dans quelques dolmens, les Gallo-Romains en visitèrent et pillèrent un grand nombre. Ils y installèrent des sanctuaires et quelquefois des sépultures, comme ils s'agissaient de grottes naturelles. Les menhirs, à toutes époques depuis l'Age du Bronze, servirent de points de repère pour des cachettes de trésors.

Enfin et surtout, les prêtres et missionnaires chrétiens, se heurtant continuellement à l’attrait irrésistible des populations bretonnes pour ces pierres entachées d’un paganisme ancestral, reviviscent d’une manière tenace, les firent détruire, mutiler ou enterrer, mais plus souvent tentèrent leur « christianisation ». Cette politique d’assimilation et d’appropriation culturelle est marquée tantôt par l’addition ou la gravure croix et autres symboles, tantôt par l’intégration dans un édifice religieux (dolmen en crypte de la Chapelle des Sept-Saints au Vieux Marché (C.-du-N.), tantôt par déplacement et inclusion dans une enceinte sacrée.

Mais on ne convertit pas un folklore et cette christianisation, parfois efficace, a souvent été superficielle. En effet, tout récemment encore, nombre de mégalithes occupaient une place de choix parmi les « pierres à légendes » de Bretagne auxquelles s’attachaient des pratiques païennes, parfois enduites d’un vernis chrétien, étranges et variées. Ce serait cependant une erreur de penser que les origines de ce folklore des pierres remontent directement au temps des constructeurs de monuments mégalithiques. Il y eut entre eux et nous bien des civilisations successives.

Saint Mauxe et saint Vénérand auraient été lapidés par des ouailles en colère au pied d’un dolmen de la Seine Maritime qu’ils prétendaient abattre et enterrer. Saint Martin fut reconnu comme un des principaux destructeurs de mégalithes.

On connaît nombres de dolmen-chapelles comme celle de Saint-Germain en Confolens, dont le dolmen servit en réemploi comme bénitier au XIe siècle environ. A Giverny, on peut voir le rapprochement, près de l'entrée de l'église, de la "pierre de Sainte-Radegonde", où ce qui ressemble à un élément mégalithique a la réputation de soigner les maladies de peau. Radegonde de Poitiers (519-587) fut une des épouses de Clotaire Ier.

L'imposition du christianisme comme religion d’État vers la fin de l’Empire romain d'Occident, et les mesures de destruction des temples et des idoles, sera suivi du chaos de la Gaule envahie ou colonisée par les Alamans, les Burgondes, les Francs, les Bretons, les Saxons, les Wisigoths… Le sujet a été abordé autrement il n’y pas longtemps.

Puis au haut Moyen Âge, on retrouvera cette continuité et tentative de destruction des anciens lieux de culte et des idoles païennes, sous les nouvelles têtes couronnées mérovingiennes ou carolingiennes. Ils dicteront aussi, avec la même inanité, la destruction de tous les monuments de pierre et même mégalithes. Tâche d’autant plus laborieuse de les élever comme de les abattre, entre le peu de main-d’œuvre et moyens techniques dont on disposait à l’époque, l’abondance et l’éloignement entre les faiseurs de décrets, exécuteurs et les adorateurs de vieilles pierres, de cultes et cultures fort antérieures à l’Antiquité. Et à défaut de se mettre les locaux sur le dos, il y avait certainement d'autres sujets de préoccupations et priorités, et le moyen de s'arranger.

Parmi les premiers anathèmes du Ve siècle, qui datent du concile ou synode d’Arles tenu vers 451, il en est un qui ordonne par exemple : « Si dans la juridiction de quelque évêque, des infidèles allument des torches, ou rendent un culte aux arbres, aux fontaines ou aux pierres ; si l'évêque néglige de détruire ces objets d'idolâtrie, qu'il sache qu'il est coupable de sacrilège. Si le seigneur ou ordonnateur de ces pratiques superstitieuses ne veut pas se corriger, après avoir été averti, qu'il soit privé de la communion. »

Childebert 1er par son édit de 554, à peine de condition servile et de cent coups de verges, ordonne la démolition dans la capitale comme dans tout son royaume sans exception de ce qui restait de temples, de statues, d’autels et d’autres monuments du paganisme.

Une charte de Chilpéric prononce les peines les plus graves contre ceux qui ne détruiront pas les monuments de pierres qui couvraient les champs de son royaume.

Le concile d'Auxerre de l'an 585 défend d'acquitter des vœux parmi des buissons, à des arbres ou à des fontaines.

Les conciles de Tours en 567, de Nantes en 658 et de Tolède en 681, contiennent des dispositions analogues mais toutes aussi inefficaces.

Charlemagne reprendra aussi dans un de ses Capitulaires en 800 : « A l'égard des arbres, des pierres et des fontaines, où quelques insensés vont allumer des chandelles et pratiquer d'autres superstitions, nous ordonnons que cet abus, si criminel et exécrable aux yeux de Dieu, soit aboli et entièrement détruit par tout où il se trouvera établi.
S'il se trouve des infidèles dans une paroisse, qui allument des flambeaux, et qui rendent un service religieux aux arbres, aux fontaines et aux pierres, le curé qui négligera de corriger cet abus, doit savoir qu'il est coupable d'un véritable sacrilège. »


Pour continuer de se focaliser sur la même région, sur la persistance de ces pratiques d'un autre temps et qui perdurent jusqu'au bas Moyen Âge, et même de nos jours partout là et ailleurs, Georges Provost dans son : La fête et le sacré. Pardons et pèlerinages en Bretagne, Éditions du Cerf, 1998, 532 pages, p. 13, reprend aussi les interrogations de Cambry :

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Il n’est que de lire la première description que nous avons des pardons, celle du Lorientais Cambry dans les dernières années du XVIIIe siècle :

On appelle pardons en Bretagne une chapelle, une fontaine, un lieu consacré par le souvenir de quelque saint, de quelque miracle. On s’y confesse, on communie, on y donne l’aumône, on se soumet à quelque pratique superstitieuse, on achète des croix, des chapelets, et des images qu’on fait toucher à la statue du demi-dieu ; on frotte son front, son genou, son bras paralysé contre une pierre merveilleuse ; on jette des liards et des épingles dans les fontaines, on y trempe sa chemise pour se guérir, sa ceinture pour accoucher sans peine, son enfant pour le rendre inaccessible à la douleur. On se retire après avoir dansé, après s’être enivré, vide d’argent mais riche d’espérance.

Ne retrouvez-vous pas dans ces pratiques les superstitions des âges les plus reculées 1 ?


1. J. Cambry, Voyage dans le Finistère, ou État de ce département en 1794 et 1795, Paris, 1799 (réimpr. Genève, 1979, p. 40-41) .

Re: petite nouvelle

MessagePosté: Mar 06 Déc, 2011 10:38
de Gairwyn
Merci beaucoup pour ces débuts de pistes, sur Ejds. Je dois rencontrer mon directeur de mémoire bientôt pour "resserrer" éventuellement mon sujet et lui soumettre un plan préalable. Je vais ajouter ces pistes à ma bibliographie préalable.
Merci encore

MessagePosté: Mer 07 Déc, 2011 12:31
de ejds
Bonjour Gairwyn !

Tous nos vœux t’accompagnent !

A titre de curiosité supplémentaire sur les rites des monnaies du sanctuaire des eaux des Jacobins :

http://www.lemans.maville.com/sortir/in ... 1_actu.Htm

Jusqu'au 29 janvier 2012, au Carré Plantagenêt :

« Du nouveau sur les origines du Mans : Les découvertes des fouilles des Jacobins ».

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