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Fraternité de lait.

MessagePosté: Sam 08 Déc, 2012 22:49
de Tri_Canauos
Bonsoir,

Dans son livre: " Vercingétorix", (page 78) . Jean Markale aborde un point qui m'intrigue.
La "Fraternité de lait". Une fraternité qui pourrait créer des obligations entre les enfants qui la partagent.
Je n'ai pas trouvé d'autres exemples dans mes lectures récentes.
Votre point de vue?

Clyde.

Re: Fraternité de lait.

MessagePosté: Dim 09 Déc, 2012 9:32
de Séléné.C
Il n'y a pas si longtemps, on accordait une importance à l'enfant de la nourrice d'une famille aisée (le frère de lait)
certains romans XIX° en portent la trace... Pas vraiment une adoption, mais une sorte de protection quand même

Sinon, je me souviens que dans un "histoire médiévale", il y a longtemps, il avait été question de l'importance du lien du lait (si j'ose dire) et des vertus transmises à l'enfant lors de l’allaitement, par la mère ou la nourrice (d'où importance de bien choisir ladite nourrice).

Re: Fraternité de lait.

MessagePosté: Dim 09 Déc, 2012 13:53
de Alexandre
Il faut aussi penser que le frère ou la sœur de lait n'est pas fonctionnellement différent des enfants de la marâtre, des concurrents fréquents dans les contes de fée. Toute fonction dévolue aux frères de lait devra potentiellement se voir comme une précaution contre les troubles générés par ce genre de concurrence.

Re: Fraternité de lait.

MessagePosté: Lun 10 Déc, 2012 12:56
de Séléné.C
Dans les contes de fées, les enfants de la marâtre tirent avantage non seulement de leur lien avec leur mère mais du lien de ladite mère avec le père.

Dans le cas de l'enfant d'une nourrice, ça n'est pas forcément pareil...
Par contre, dans certains récits on a une réelle fraternité entre des frères de lait ayant passé tout ou partie de leur enfance ensemble :
Arthur et Keu
Balin et Balan (même si pour eux ça se termine tragiquement mal)

L'enfant de la nourrice, dans les récits se trouve plutôt en position de "protégé" et serviteur fidèle (c'est le cas de Keu), alors que celui de la marâtre est un rival déloyalement favorisé (on lui demande moins, on lui donne plus)
Je dirais plutôt que l'un est le pendant de l'autre, et non qu'ils se sont pas "fonctionnellement différents "

Mais techniquement et socialement parlant, la marâtre peut aussi être considérée, à sa façon, comme une nourrice.
Quand la femme meurt en couche, le fait que le père de l'enfant se remarie lui assure une mère pour veiller sur sa petite enfance (norrir, en français ancien ne voulant pas seulement dire "alimenter" mais aussi "éduquer" "nourrir l'âme")
Mais évidemment, cela peut amener des demi-frères si pas même des enfants plus âgés (si elle est veuve aussi et chargée de famille). Lesquels enfants deviendront les beaux-fils du père et seront élevés par lui, de même façon que le petit l'est par la marâtre... Qui naturellement prendra plus soin des plus petits (même si elle n'a rien d'une affreuse méchante marâtre).
Et là, ça devient très très emmêlé entre les liens du sans et ceux de l'éducation


Forcément, à terme, ça donnera une jolie concurrence...

Re: Fraternité de lait.

MessagePosté: Mar 11 Déc, 2012 13:03
de Alexandre
Tu pourras consulter ceci : http://archive.org/stream/contespopulai ... 2/mode/2up
conte n°35, version grecque.
Encore un cadeau de Patrice, si je ne m'abuse...

Re: Fraternité de lait.

MessagePosté: Ven 14 Déc, 2012 0:22
de Kambonemos
Bonjour,

Cette pratique était me semble-t-il répandue dans l'ensemble du monde celtique :

Aux liens de sang, qui n'étaient pas rompus pour autant, s'ajoutaient des liens d'adoption : les clans y gagnaient en cohésion. Des amitiés fidèles se nouaient, les compagnons de jeux devenaient frères d'armes (.../...) Pour des raisons religieuses évidentes, les premières chasses aux sangliers et aux cervidés devaient être présidées par le [père adoptif] responsable de l'initiation des jeunes au monde de la forêt, de la lutte et de la mort sanglante."Qui était donc Vercingétorix ?" C. Grenet - Historia sept. 1993
Dans le même ordre d'idée, lorsque les héros de l'Iliade énumèrent leur généalogie, soit qu'ils doivent prendre la parole dans les conseils de guerriers, ou soit qu'ils défient un adversaire, l'on comprend qu'eux-mêmes ou que certains de leurs ascendants, ont passé une partie de leur jeunesse, volontairement ou pas, dans une "famille d'accueil" avant la lettre et à laquelle ils doivent d'être connus ou reconnus...

@+

Re: Fraternité de lait.

MessagePosté: Ven 14 Déc, 2012 9:35
de Alexandre
Attention à ne pas confondre avec le fostérage, l'hospitalité ou la constitution d'un männerbund : ça ne se passe pas au même âge, et les liens ne sont pas de même nature.

Re: Fraternité de lait.

MessagePosté: Ven 14 Déc, 2012 13:19
de Kambonemos
Au temps pour moi... Merci Alexandre.

@+

Re: Fraternité de lait.

MessagePosté: Ven 14 Déc, 2012 23:19
de Tri_Canauos
Bonsoir,

Merci pour les sources. Cependant elles sont bien postérieures et empruntent une bonne part de christianisme.
Moi ce que j'aimerai savoir si du point de vue de gens sérieux comme vous, cette notion de "fraternité de lait" est envisageable dans la Gaule d'avant Jules?

Re: Fraternité de lait.

MessagePosté: Sam 15 Déc, 2012 14:55
de Séléné.C
Il y a eu une discussion, une fois sur le mamelon d'or...
Il me semble que l'importance de la filiation féminine dans ce thème peut se rapprocher du "lien du lait" au Moyen-Age

Re: Fraternité de lait.

MessagePosté: Sam 15 Déc, 2012 22:53
de Tri_Canauos
Effectivement, Alexandre soulève un point important. Il ne s'agit pas de fosterage. Mon propos est plus en relation avec le "premier âge", soit celui du lait.
L'idée qui me tarabuste étant de savoir si comme le dit Markale, un enfant bien né, élevé au sein d'une nourrice, aurait des responsabilités vis à vis de son frère de lait.

Clyde.