Intercisa - Camp militaire romain du limes de Pannonie, son nom ne nous est connu que par une mention sous la forme Intercisa dans l'Itinéraire d'Antonin (245, 3) et le Registre des Dignitaires (Occ. XXXIII). Ce toponyme est latin, il signifie "séparation / coupure (au milieu)", traduisant peut-être une position à mi-chemin entre deux autres camps. Les vestiges de ce fort sont bien connus, ils se situent sur le territoire de Dunaújváros (comitat de Fejér, Hongrie), sur le plateau d'Öreghegy, position dominante surplombant le Danube.
Ce camp auxiliaire fut édifié à cet emplacement, peut-être dés le règne de Vespasien (69-79 ap. J.-C.) dans le sud du territoire des Éravisques, dans le but de surveiller et tenir en respect les Iazygues, qui à la même époque se répandaient sur la rive gauche du Danube (Visy, 2003). D'après la liste des troupes cantonnées à Intercisa dressée par B. Lőrincz (2001), ce furent les soldats de l'aile II Asturum qui l'occupèrent à cette époque.
Il fut par la suite agrandi du temps de Trajan ou d'Hadrien (entre 98 et 138 ap. J.-C.), et organisé sous la forme d'un camp rectangulaire de près de 160 mètres de large, pour 190 mètres de long, édifié en terre et en bois, et entouré d'un large fossé (Visy, 2003). Au cours de cette période, plusieurs unités y furent successivement cantonnées ; l'aile I Augusta Ituraeorum sagittariorum (92-101 ap. J.-C.), l'aile I Britannica civium Romanorum (101-105 ap. J.-C.), l'aile I Tungrorum Frontoniana (105-117/119 ap. J.-C.), l'aile I Thracum veterana sagittaria (117/119-v. 138 ap. J.-C.), puis l'aile I civium Romanorum (v. 138-176 ap. J.-C.) (Lőrincz, 2001). Dés cette période, une agglomération civile, d'abord fort modeste, naquit dans la périphérie du fort, peuplée par des artisans indigènes, des commerçants, mais également les personnels civils des unités cantonnées et leurs familles.
Dans la seconde moitié du IIe s. et pendant une partie du IIIe s. ap. J.-C., le camp fut reconstruit en pierres, et agrandi, atteignant ainsi les dimensions de 175 mètres de large, pour 201 mètres de long (Visy, 2003 ; 2020). Ces travaux furent entrepris lorsque les troupes de l'aile I civium Romanorum (v. 138-176 ap. J.-C.) et la cohorte I milliaria Hemesenorum Aurelia Antoniniana sagittaria equitata civium Romanorum (176-v. 270 ap. J.-C.) y étaient cantonnées (Lőrincz, 2001). L'agglomération civile atteignit alors sa plus grande étendue, et ce fut au cours de cette même période qu'elle fut dotée de vastes édifices publics.
À la fin du IIIe s. ap. J.-C., dans le cadre de l'invasion des Iazygues et des Roxolans, le camp subit de lourds dommages. Il ne fut que très partiellement relevé de ses ruines au cours du IVe s., et réoccupé par plusieurs troupes de cavalerie (Registre des Dignitaires, Occ. XXXIII), avant d'être définitivement abandonné au siècle suivant (Visy, 2003).
|