Nasium / Forum Leucorum - Ville gallo-romaine mentionnée sur une inscription rédigée en gaulois sous la forme NASIIIA (1) (AE 2004, 955), puis par Ptolémée sous la forme Νάσιον (Géographie, II, 9, 13), Nasie sur la Table de Peutinger et Nasium dans l'Itinéraire d'Antonin (366, 3). Une inscription datée de 120 ap. J.-C., découverte sur le territoire communal de Naix-aux-Forges (Meuse), la mentionne sous la forme alternative FORI LEVC(ORVM), le "forum des Leuques" (AE 2011, 788). L'actuel Naix-aux-Forges est l'héritier de cette agglomération antique, mais les vestiges de celle-ci se prolongent sur le territoire de deux communes voisines, Saint-Amand-sur-Ornain et Boviolles.

Nasium s'est développée en aval de la confluence de l'Ornain et de la Barboure, en contrebas de l'oppidum du Mont Châtel à Boviolles (Meuse), le principal oppidum des Leuques. Comme ailleurs en Gaule, l'abandon de l'oppidum protohistorique, au profit de cette nouvelle agglomération construite ex nihilo, en une position plus avantageuse pour les échanges commerciaux, fut très certainement décidé lorsque Auguste définit le statut des cités de la province (16-13 av. J.-C.). Nasium occupait une position favorable le long de la voie reliant Divodurum (Metz) à Durocortorum (Reims) et constituait un carrefour d'où partaient une autre voie pour Andemantunnum (Langres). La ville se développa rapidement et se dota, au cours de la période comprise entre le dernier tiers du I^er s. av. J.-C. et le dernier tiers du I^er s. ap. J.-C., d'une parure monumentale. Un grand complexe cultuel à plusieurs fana et un temple d'inspiration romaine ont été érigés sur la portion sommitale du plateau de Mazeroie. Ce quartier était séparé par une vaste esplanade du centre public, doté d'un forum et d'un vaste bâtiment public à portique, installé quant à lui sur la portion occidentale du plateau de Mazeroie. Enfin, au sud de cette grande esplanade se trouvait très probablement un théâtre. Les quartiers artisanaux et commerçants, dont le réseau viaire était organisé selon un plan hippodamien, se sont développés à l'ouest du forum et en contrebas du plateau de Mazeroie, dans la plaine alluviale de l'Ornain. Au moins deux autres sanctuaires desservaient cet espace. Enfin, un réseau d'adduction d'eau alimentait deux établissements thermaux dans les quartiers artisanaux et commerçants (Frigério & Nikiforoff, 2001 ; Dechezleprêtre & Bonaventure, 2011 ; Vipard & Toussaint, 2015). À son apogée (II^e s. ap. J.-C.), Nasium couvrait une superficie de près de 50 ha, voire 120 ha en incluant les secteurs au peuplement plus discontinu et le faubourg.

Entre le dernier quart du II^e s. et le début du III^e s. ap. J.-C., la ville de Nasium déclina, ce qui se traduisit par un démantèlement d'une partie de sa parure monumentale. Il est probable que cette phase coïncida avec le transfert de la métropole des Leuques à Tullum (Toul) (Vipard & Toussaint, 2015).

Notes

Sources épigraphiques