Nom de l'un des quatre pagi des Helvètes. Ils sont évoqués une première fois lors de l'expédition des Cimbres et des Teutons à la fin du IIème siècle avant J.-C, où ils firent passer sous le joug une armée romaine qui était sous les ordres de Pison et de Cassius. Puis en 58 avant J.-C., où ils participèrent à la grande migration des Helvètes. Leur nom sur une base "*tigerno" signifie, les seigneurs".
Sources littéraires anciennes
Appien, Celtique, 3 : "Quant à César, lorsqu'il leur fit la guerre, commença par une victoire sur les Helvètes et les Tigurins au nombre d'environ vingt myriades. Or, les Tigurins antérieurement ayant fait prisonnière une armée, sous les ordres de Piso et de Cassius, l'avaient fait passer sous le joug. C'est du moins l'opinion de Paulus Claudius dans ses Annales."
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César, Guerre des Gaules, I, 12 : "Ils appartenaient au canton des Tigurins ; car tout le territoire de l'Helvétie est divisé en quatre cantons. C'étaient ceux de ce canton qui, dans une excursion du temps de nos pères, avaient tué le consul L. Cassius et fait passer son armée sous le joug. Ainsi, soit effet du hasard, soit par la volonté des dieux immortels, cette partie des citoyens de l'Helvétie, qui avait fait éprouver une si grande perte au peuple romain, fut la première à en porter la peine. César trouva aussi dans cette vengeance publique l'occasion d'une vengeance personnelle ; car l'aïeul de son beau-père, L. Piso, lieutenant de Cassius, avait été tué avec lui par les Tigurins, dans la même bataille."
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Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine, V, 1 : "Tandis qu'on faisait en Numidie la guerre contre Jugurtha, les consuls romains M. Manilius et Q. Caepio furent vaincus près du Rhodanus par les Cimbres, les Teutons, les Tigurins et les Ambrons, peuples de la Germanie et de la Gaule ; défaite horriblement sanglante, où Caepio et Manilius, écrasés, perdirent jusqu'à leur camp et une grande partie de leur armée. A Rome, on éprouva une panique plus forte, pour ainsi dire, que du temps d'Annibal et de la guerre punique ; on craignit de voir de nouveau les Gaulois maîtres de la ville."
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Florus, Abrégé de l'Histoire romaine, III, 4 : "Les Cimbres, les Teutons et les Tigurins, partis des extrémités de la Gaule et fuyant les inondations de l'Océan, cherchaient de nouvelles demeures par tout l'univers. Repoussés de la Gaule et de l'Espagne, ils voulurent passer en Italie et envoyèrent des ambassadeurs au camp de Silanus et de là au Sénat. Ils demandaient au peuple de Mars de leur accorder quelques terres à titre de solde ; en échange, ils mettraient à son entière disposition leurs bras et leurs armes. Mais quelles terres pouvait donner le peuple romain chez qui les lois agraires allaient provoquer la guerre civile ? Aussi n'obtinrent-ils pas satisfaction, et ils décidèrent de prendre par les armes ce qu'ils n'avaient pu avoir par la prière. Silanus ne put soutenir le premier choc des barbares, Manlius ne put soutenir le second, ni Caepio le troisième. Tous trois furent mis en fuite et chassés de leurs camps."
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Orose, Histoires contre les païens, V, 15, 23-24 : "Lors de la Guerre de Jugurtha, le consul L. Cassius, qui était en Gaule, poursuivit les Tigurins jusqu'à l'Océan. Au retour, il fut encerclé et tué dans une embuscade tendue par l'ennemi. Lucius Piso, un homme de rang consulaire et en même temps légat du consul Cassius, a également été tué. L'autre légat, C. Publius, conformément aux termes d'un traité des plus honteux, fut remis aux Tigurins avec des otages et la moitié de tous leurs biens. Cela a été fait afin de sauver la partie survivante de l'armée, qui avait fui pour se réfugier dans le camp. De retour à Rome, Publius fut convoqué en justice par le tribun de la plèbe Caelius sur l'accusation d'avoir donné des otages aux Tigurins. Par conséquent, il a dû fuir en exil."
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Orose, Histoires contre les païens, V, 16, 1 : "L'an six cent quarante-deuxième de la ville, le consul C. Manlius et le proconsul Q. Caepio furent envoyés contre les Cimbres, les Teutons, les Tigurins et les Ambrones, les tribus gauloises et germaniques qui avaient alors formé une conspiration pour détruire l'Empire romain. Les dirigeants romains se sont partagé le commandement, faisant du Rhodanos la frontière."
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Orose, Histoires contre les païens, V, 16, 9 : "Marius, devenu consul pour la quatrième fois , établit son camp près du confluent de l'Isara et du Rhodanos. Les Germains, les Cimbres, les Tigurins et les Ambrones combattirent sans interruption pendant trois jours aux environs du camp romain, essayant par tous les moyens de déloger les Romains de leurs remparts et de les chasser sur un terrain plat. Ils résolurent alors d'envahir l'Italie en trois armées."
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Orose, Histoires contre les païens, V, 16, 13 : "Faisant preuve d'un esprit plus inébranlable qu'elles n'auraient montré si leurs maris avaient été victorieux, les épouses avisèrent le consul que si leur chasteté restait inviolée et si on leur confiait le devoir de servir les vierges vestales et les dieux, elles ne prendraient pas leur propre des vies. Lorsque leur pétition a été refusée, ils ont précipité leurs enfants sur les rochers, puis se sont suicidés par l'épée ou par pendaison. Tel fut le sort des Tigurins et des Ambrones."
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Strabon, Géographie, VII, 2, 2 : "Posidonius a donc bien raison de faire honte aux historiens qui débitent de pareils mensonges. Mieux inspiré, il croit, lui, que les Cimbres, naturellement pillards et vagabonds, ont dû pousser leurs courses jusqu'aux environs du Palus Maeotis et que c'est à cause d'eux que le Bosphore a été appelé Cimmérien (Cimmérien pour Cimbrique), les Grecs ayant changé apparemment le nom de Cimbres en celui de Cimmériens. Il ajoute que les Boïens, possesseurs autrefois de la forêt Hercynienne, s'y virent attaquer par les Cimbres, mais les repoussèrent ; et que ceux-ci descendirent alors vers l'Ister et le pays des Scordisques, peuple d'origine galatique ou gauloise, pour passer ensuite chez les Teuristes ou Taurisques, autre peuple Gaulois, et finalement chez les Helvètes ; que ces derniers, bien que fort riches eux-mêmes et d'humeur pacifique, ne purent se contenir en voyant les richesses des Cimbres, ces richesses acquises par le vol et le pillage, surpasser les leurs, et voulurent, les Tigurins surtout et les Toygènes, partir en masse avec eux, mais que les Romains ne laissèrent pas de les exterminer tous, aussi bien les Cimbres que leurs alliés, les Cimbres, comme ils avaient déjà franchi les Alpes et pénétré en Italie, et les autres comme ils étaient encore dans la Gaule Transalpine."
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Tite-Live, Histoire romaine (Periochae), LXV : "Le consul Q. Caecilius Metellus défait Jugurtha dans deux combats et ravage toute la Numidie. - M. Iunius Silanus, consul, est vaincu dans un combat contre les Cimbres. Leurs députés viennent demander une demeure et des terres où ils puissent s'établir ; le sénat refuse. - Le proconsul M. Minucius remporte une victoire sur les Thraces. - Le consul L. Cassius est taillé en pièces avec son armée, sur les frontières des Allobroges par les Gaulois Tigurins, peuplade helvétique qui s'était séparée du reste de la nation. Les soldats qui avaient échappé à ce désastre entrent en composition avec les ennemis, et obtiennent la vie sauve en livrant des otages et la moitié de tout ce qu'ils possèdent."
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Sources épigraphiques
Avenches (CIL 13, 5076) GENIO PAG(I) TIGOR(INI) P(VBLIVS) GRACCIVS PATERNVS T(ESTAMENTO) P(ONI) I(VSSIT) SCRIBONIA LVCANA H(ERES) F(ACIENDVM) C(VRAVIT)
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"Au Génie du pagus Tigorinus. Publius Graccius Paternus a ordonné par testament que soit posé (ce monument). Scribonia Lucana, son héritière, a pris soin de le faire."
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