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Viridomaros et Eporedorix entraînent l'ensemble des Éduens dans l'insurrection générale (juin 52 av. J.-C)
 Suite à la défaite romaine à Gergovia et confronté à l'imminence de l'entrée des Éduens dans le soulèvement des Gaulois, César ne put courir le risque de se retrouver enveloppé par les Gaulois. Il lui importait donc d'opérer rapidement un repli stratégique de ses six légions (1) à travers le territoire des Éduens, afin de rejoindre au plus vite les troupes de Titus Labienus, chez les Sénons. Alors que les troupes de César venaient de franchir l'Elaver (l'Allier), Eporedorix et Viridomaros vinrent à sa rencontre pour lui annoncer que le risque de défection des Éduens était grand. Selon leurs informations, Litaviccos avait quitté Gergovia (Gergovie, La Roche-Blanche) avec sa cavalerie (2), et avait gagné le territoire des Éduens, qu'il comptait soulever contre Rome (César, Guerre des Gaules, VII, 54). Compte-tenu de la situation, Eporedorix et Viridomaros recommandèrent à César de leur permettre de devancer l'armée romaine, à la tête de la cavalerie auxiliaire éduenne, afin d'intervenir au plus vite dans leur cité. Bien que César soupçonnait une trahison, il les laissa partir de manière à ne pas accélérer l'entrée en guerre des Éduens, non sans leur avoir rappelé ce que leur cité devait à Rome (César, Guerre des Gaules, VII, 54 ; Dion Cassius, Histoire romaine, XL, 38).
Immédiatement, Eporedorix, Viridomaros et leurs troupes firent route pour Noviodunum (mal-localisé), sur les bords du Liger (la Loire), où César avait fait rassembler ses otages gaulois, les moyens de subsistance de ses troupes, les deniers publics, etc. Là, ils apprirent que Litaviccos avait été reçu à Bibracte (Mont-Beuvray), qu'il avait reçu le soutien de Convictolitavis et d'une grande partie du sénat, avant que ne fussent officiellement envoyés des ambassadeurs à Vercingetorix. Compte-tenu de ces bouleversements récents, Eporedorix et Viridomaros, n'attendirent aucunement qu'un ordre leur fût parvenu. Immédiatement, ils profitèrent de leur présence à Noviodunum pour y massacrer le contingent romain chargé de monter la garde, puis les marchands et les voyageurs qui s'y trouvaient. Ils mirent la main sur tous les biens laissés là par les Romains ; l'argent, les cheveux et les réserves de blé ; réserves de blé qu'ils firent transporter par bateau pour les éloigner du champ d'action des des légions romaines. Aussi, ils saisirent les otages gaulois et les firent conduire à Bibracte, auprès de Convictolitavis (Guerre des Gaules, VII, 55 ; Dion Cassius, Histoire romaine, XL, 38).
Devançant une probable réaction de l'armée romaine en mouvement, Eporedorix et Viridomaros incendièrent Noviodunum de manière à ce qu'elle ne put pas servir de refuge aux Romains. Ensuite, ils levèrent des troupes et organisèrent une politique de la terre brûlée sur la rive gauche de la Loire. Aussi, ils comptèrent sur la crue printanière de ce fleuve pour ne pas offrir de point de passage aux Romains, mais doublèrent cette ligne de défense par des postes et des détachements sur la rive droite (Guerre des Gaules, VII, 55 ; Dion Cassius, Histoire romaine, XL, 38). Ces différents préparatifs furent vains, puisque les Romains franchirent tout de même la Loire. En revanche, ils renoncèrent à prendre le risque de contre-attaquer et firent route en direction du territoire des Sénons.
Cette attaque constitua un point de rupture. Les Éduens entrèrent donc dans le soulèvement général des peuples gaulois avec des atouts de poids. En premier lieu, les Éduens sortirent jusque là indemnes de la guerre des Gaules, ils disposaient donc encore d'importantes réserves et de troupes conséquentes. En second lieu, lorsqu'ils attaquèrent Noviodunum, ils firent main basse sur les otages que les Romains gardaient auprès d'eux pour s'assurer de la fidélité des cités gauloises. Dés lors, les Romains perdirent cet atout, tandis que les Éduens acquirent là un véritable levier pour inciter les différents peuples gaulois à entrer dans l'insurrection générale. Ce fut très précisément dans ce cadre que les Bellovaques se soulevèrent à leur tour. On peut également supposer que ces otages constituaient également un atout pour contester la primauté des Arvernes à la tête des insurgés, ce que les Éduens s'empressèrent de faire à l'occasion de l'assemblée de la Gaule à Bibracte (juin-juillet 52 av. J.-C.).
Notes
(1) Théoriquement, à la fin de l'époque républicaine, une légion comportait 6000 hommes. Les six légions qui furent mises en mouvement représentaient 36000 hommes. À ceci s'ajoutent les troupes auxiliaires éduennes.
Sources littéraires anciennes
| César, Guerre des Gaules, VII, 54 : "C'est là que les Éduens Viridomaros et Éporédorix vinrent le trouver, et lui dirent que Litaviccos était parti avec toute sa cavalerie pour soulever le pays ; eux-mêmes avaient besoin de le devancer pour retenir la nation dans le devoir. Quoique César eût déjà plusieurs preuves de la perfidie des Éduens, et qu'il pensât que le départ de ces deux hommes ne ferait que hâter la révolte, il ne crut cependant pas devoir les retenir, de peur de paraître leur faire violence, ou avoir conçu quelque crainte. À leur départ, il leur rappelle brièvement les services qu'il a rendus aux Éduens, ce qu'ils étaient, et leur abaissement quand il les a pris tous sous sa protection ; rejetés dans leurs villes, dépouillés de leurs champs, ayant perdu toutes leurs troupes, tributaires, réduits ignominieusement à donner des otages, à quelle prospérité, à quelle puissance ne les a-t-il pas élevés ? Non seulement il les a rétablis dans leur ancien état, mais ils jouissent d'une influence, d'une considération bien au-dessus de celle qu'ils avaient jamais eue. Ces recommandations faites, il les congédia."
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| César, Guerre des Gaules, VII, 55 : "Noviodunum, ville des Éduens, était située sur les bords de la Loire, dans une position avantageuse. César y tenait rassemblés tous les otages de la Gaule, les subsistances, les deniers publics, une grande partie de ses équipages et de ceux de l'armée ; il y avait envoyé un grand nombre de chevaux, achetés, pour les besoins de cette guerre, en Italie et en Espagne. En y arrivant, Éporédorix et Viridomaros apprirent où en étaient les choses dans leur pays ; que Litaviccos avait été reçu par les Éduens, dans Bibracte, ville de la plus grande influence ; que le premier magistrat, Convictolitavis, et une grande partie du sénat s'étaient rendus près de lui ; qu'on avait ouvertement envoyé des ambassadeurs à Vercingétorix, pour faire avec lui un traité de paix et d'alliance. Ils ne voulurent pas laisser échapper une occasion si favorable. Ils massacrèrent la garde laissée à Noviodunum, les marchands et les voyageurs qui s'y trouvaient, partagèrent entre eux l'argent et les chevaux, et firent conduire dans Bibracte, à Convictolitavis, les otages des cités ; puis, jugeant qu'ils étaient hors d'état de garder la ville, ils la brûlèrent, afin qu'elle ne servit pas aux Romains, emportèrent sur des bateaux autant de blé que le moment le permettait, et jetèrent le reste dans la rivière ou dans le feu. Ensuite, levant des troupes dans les pays voisins, ils placèrent des postes et des détachements le long de la Loire, et firent en tout lieu parade de leur cavalerie, pour répandre la terreur et pour essayer de chasser les Romains de la contrée par la disette, en leur coupant les vivres, espoir d'autant mieux fondé que la Loire, alors enflée par la fonte des neiges, ne paraissait guéable en aucun endroit."
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| Dion Cassius, Histoire romaine, XL, 38 : "Les auteurs de la défection, qui s'étaient toujours montrés avides de nouveautés, craignirent d'être punis, et, bien loin de se tenir tranquilles, ils excitèrent encore des troubles. A cette nouvelle, les Éduens, qui servaient sous les drapeaux de César, demandèrent à rentrer dans leur pays et promirent d'y rétablir l'ordre. César ayant consenti, ils se rendirent à Noviodunum, où les Romains avaient déposé les deniers publics, leurs provisions et un grand nombre d'otages, surprirent la garnison, la massacrèrent avec le concours des indigènes, et s'emparèrent de tout ce qu'ils y trouvèrent ; et comme la ville était un poste très avantageux, ils la livrèrent aux flammes, pour que les Romains n'en fissent pas un point d'attaque et de refuge pendant cette guerre. En même temps ils poussèrent à la révolte le reste de la nation."
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| Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres : Vie de César, XXVI : "Il eût paru incroyable qu'un simple courrier fût venu en un temps beaucoup plus long du lieu d'où il était parti, et ils le voyaient, arrivé en peu de jours avec toute son armée, piller et ravager leur pays, détruire leurs places fortes, et recevoir ceux qui venaient se rendre à lui ; mais quand les Éduens, qui jusqu'alors s'étaient appelés les frères des Romains, et en avaient été traités avec la plus grande distinction, se révoltèrent aussi et entrèrent dans la ligue commune, le découragement se jeta dans ses troupes. César fut donc obligé de décamper promptement, et de traverser le pays des Lingons, pour entrer dans celui des Séquanes, amis des Romains, et plus voisins de l'Italie que le reste de la Gaule." |
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