Axona - Nom gaulois de l'Aisne, tel qu'il apparaît dans de nombreuses sources antiques. Cet hydronyme fut mentionné sous les formes Axonam par César (Guerre des Gaules, II, 5 ; 9), Αυζουννω par Dion Cassius (Histoire romaine, XXXIX, 1), Axona (var. Auxona) par Ausone (La Moselle, 461) et autres sources tardi-antiques, tel que Vénance Fortunat en 576 (Poésies, VII, 4). Des mentions de cette rivière furent également faites tout au long au haut Moyen Âge, et notamment sous la forme Axina au milieu du VIIe s. (Gysseling, 1960). Son nom gaulois dériverait du terme abona qui signifie tout simplement la "rivière" (Delamarre, 2003).
C'est sur ses rives qu'en 57 av. J.-C. se déroula la bataille de l'Aisne, près du Vieux-Laon, laquelle opposa une coalition de peuples belges aux Romains.
Sources littéraires anciennes
Ausone, La Moselle, 461-468 :"Nul autre ne peut te (la Moselle) disputer le pas ; ni la Loire, ni l'Aisne rapide, ni la Marne qui passe aux confins des Gaules et de la Belgique, ni la Charente elle-même, où reflue la mer de Saintonge. Tu lui céderas aussi, Dordogne, qui roules du sommet glacé d'une montagne ; et la Gaule ne pourra lui préférer le Tarn aux sables d'or ; et ce torrent furieux qui se précipite en bondissant au loin de rochers en rochers, l'Adour des Tarbelles devra rendre hommage à la divinité de la Moselle sa souveraine, avant d'entrer dans la mer étincelante."
César, Guerre des Gaules, II, 5 :"Dès qu'il apprit par ses éclaireurs et par les Rèmes, que les Belges marchaient sur lui avec toutes leurs forces réunies et n'étaient déjà plus qu'à peu de distance, il se hâta de faire passer à son armée la rivière d'Axona, qui est à l'extrême frontière des Rèmes, et assit son camp sur la rive. De cette manière, la rivière défendait un des côtés du camp ; ce qui était à la suite de l'armée se trouvait à l'abri des atteintes de l'ennemi ; et le transport des vivres qu'envoyaient les Rèmes et les autres peuples pouvait s'effectuer sans péril. Sur cette rivière était un pont."
César, Guerre des Gaules, II, 9 :"Aussitôt les ennemis se dirigèrent vers la rivière d'Axona, qui était, comme nous l'avons dit, derrière nous. Ayant trouvé des endroits guéables ils essayèrent d'y faire passer une partie de leurs troupes, dans le dessein, soit de prendre, s'ils le pouvaient, le fort commandé par le lieutenant Q. Titurius et de rompre le pont, soit, s'ils n'y réussissaient pas, de ravager le territoire des Rèmes, qui nous étaient d'une grande ressource dans cette guerre, et d'intercepter nos convois."
Dion Cassius, Histoire romaine, XXXIX, 1 :"Instruit par les Rémois de ce qui se passait, César établit dans leur pays des postes de défense, campa sur les bords de l'Aisne, rassembla tous ses soldats et les exerça ; mais, quoique les ennemis ravageassent les terres des Rémois, il n'osa pas les attaquer avant que les Belges, qui le méprisaient comme un homme dominé par la crainte, n'eussent tenté de s'emparer du front et d'enlever les vivres que ses alliés lui faisaient parvenir par ce pont."
Vénance Fortunat, Poésies, VII, 4 :"Nuages qui venez à moi chassés par le rapide Aquilon, nuages que le soleil suspendu sur son axe fait rouler dans l'espace, dites-moi comment se porte mon cher Gogon, de quelles agréables affaires il occupe son brillant esprit, s'il est arrêté sur les bords du Rhenus au cours capricieux, pour y pécher au filet le gras saumon, s'il se promène sur la Mosella aux riches vignobles, où la chaleur du milieu du jour est tempérée à la fois par la brise, par le fleuve et par les pampres, où l'ombre de la vigne est froide, et fraîche l'eau du fleuve ? Est-il retenu vers la Mosa aux doux murmures, que hantent la grue, l'oie sauvage, l'oie domestique et le cygne, et où fleurit le triple commerce du poisson, des oiseaux de basse-cour et des bateaux ? Ou est-il vers l'Axona qui ronge ses rives herbeuses et qui fertilise les prairies, les pâturages et les moissons ? Est-ce l'Esara qui le possède, la Sara, le Cares, le Scaldis, la Saba, la Somena ou la Sura ? Est-ce la rivière qui tire son nom du sel et qui coule vers Mettis ? Bat-il les bois où il a établi ses quartiers d'été, pour y frapper de l'épieu les bêtes fauves ou les prendre dans ses toiles ? L'Ardenna ou le Vosagus entendent-elles le sifflement des flèches meurtrières dont il perce le chevreuil, le cerf, l'élech et l'aurochs ?"
Sources
• X. Delamarre, (2003) - Dictionnaire de la langue gauloise, Errance, Paris, 440p. • M. Gysseling, (1960) - Toponymisch Woordenboek van België, Nederland, Luxemburg, Noord-Frankrijk en West-Duitsland (vóór 1226) - Deer I : A-M, Belgisch Interuniversitair Centrum voor Neerlandistiek, Brussel, 1407p.
• Pierre Crombet pour l'Arbre Celtique
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique