Les Commentarii de Bello Gallico ("Commentaires de la guerre des Gaules"), ou plus simplement De Bello Gallico ("De la guerre des Gaules") ou Bellum Gallicum ("Guerre des Gaules"), est un ouvrage écrit par Jules César, pour raconter de la manière la plus précise ses succès militaires remportés en Gaule, entre 58 et 52 av. J.-C. (Guerre des Gaules, VIII, 1). En ce sens, ce texte est exceptionnel, puisque de première main ; l'auteur, qui est aussi le principal témoin et protagoniste de ce récit. Pour se faire, il a décrit ses actions, non pas à la première personne, mais à la troisième personne, pour donner l'apparence de l'objectivité et de la modestie.
L'objectivité n'y est-elle qu'apparente ? Cette oeuvre a été célébrée et non-remise en cause par différents auteurs, notamment Cicéron (apud.Suétone, Vies des douze Césars : Vie de César, 56) et Hirtius (Guerre des Gaules, VIII, 1). Ce point de vue n'était pas unanime, puisque nous savons par Suétone, que Caius Asinius Pollio, ancien partisan et ami de César, considérait que les Commentaires "ne sont pas toujours exacts, ni fidèles, César ayant, pour les actions des autres, ajouté une foi trop entière à leurs récits, et, pour les siennes mêmes, ayant altéré, sciemment ou faute de mémoire" (Vies des douze Césars : Vie de César, 56). D'autres textes relatifs à cette guerre ont existé, notamment des passages de l'Histoire romaine de Tite-Live, mais sont aujourd'hui perdus, ce qui ne permet aucune comparaison, ni confrontation avec d'éventuelles autres sources. Les histoires modernes ont longtemps considéré les Commentaires de César comme une source sûre et peu contestable. Les travaux contemporains sont plus critiques, mais bien entendu ne remettent aucunement en question l'historicité des faits évoqués. Ils ont plutôt tendance à mettre en avant les exagérations et incohérences du récit, qui visaient à présenter les faits d'une manière plus favorable, pour justifier l'existence même de ses campagnes, mais aussi servir ses ambitions politiques. En ce sens, les Commentaires de César avaient évidemment une dimension propagandiste.
Comme tous les généraux romains en campagne, une fois l'automne venu, de concert avec ses lieutenants, César adressait au Sénat un rapport relatif à ses activités en Gaule. Ces rapports furent mentionnés à plusieurs reprises, notamment à l'automne 57 av. J.-C. (Guerre des Gaules, II, 35) et à l'automne 55 av. J.-C. (Guerre des Gaules, IV, 38). Ils servirent très certainement de base à César pour son travail de rédaction de ses Commentaires, qui étaient justement organisés en autant de livres que d'années de campagne. Les dates et conditions de publication de l'oeuvre finale continuent à faire débat. Certains envisagent un ouvrage unique, dont la rédaction débuta peu après la capitulation de Vercingétorix, alors qu'il pensait la guerre des Gaules terminée. D'autres imaginent une publication sous la forme de lettres séparées, et d'autres encore une publication en trois temps. Aujourd'hui encore, la question n'est pas tranchée.
Le livre VIII est un ouvrage légèrement plus tardif. Il raconte les évènements qui intervinrent en Gaule en 51 et 50 av. J.-C., soit l'extinction des derniers foyers de résistance. Il fut écrit par Aulus Hirtius, entre la mort de César (44 av. J.-C.) et la sienne (43 av. J.-C.), après y avoir été invité par Lucius Cornelius Balbus (Guerre des Gaules, VIII, 1).
Sources littéraires anciennes
Hirtius, Guerre des Gaules, VIII, 1 :"Cédant à tes instances, Balbus, et puisque mes refus réitérés t'ont semblé moins une excuse tirée de la difficulté de l'entreprise qu'une défaite de la paresse, je me suis imposé une tâche bien difficile. J'ai continué les commentaires de notre César sur ce qu'il a fait dans la Gaule, sans vouloir comparer mon ouvrage aux livres précédents ni à ceux qui le suivent. J'ai aussi achevé son dernier livre, qu'il laissa imparfait, depuis les événements d'Alexandrie jusqu'à la fin, non de nos dissensions civiles dont nous ne voyons pas encore le terme, mais de la vie de César. Puissent ceux qui me liront être persuadés que je n'ai entrepris qu'à regret ce travail, et ne point m'accuser d'une vaine présomption pour m'être ainsi placé au milieu des écrits de César. C'est, en effet, une vérité reconnue de tout le monde, qu'il n'est pas d'ouvrage si laborieusement composé, que ces Commentaires ne surpassent en élégance. Ils n'ont été écrits que pour servir de documents aux historiens ; mais leur supériorité est si généralement sentie qu'ils semblent moins avoir donné que ravi aux écrivains ultérieurs le moyen de traiter le même sujet. Nous avons lieu de les admirer plus que personne : on en connaît la correction et la pureté ; nous seuls savons avec quelle facilité et quelle promptitude ils ont été composés. Au talent d'écrire avec autant d'aisance que d'élégance, César joignait la plus parfaite exactitude dans l'explication de ses desseins. Moi, je n'ai pas même l'avantage d'avoir assisté à la guerre d'Alexandrie ni à celle d'Afrique ; et, bien que je tienne de la bouche de César une partie des détails relatifs à ces guerres, autre chose est d'entendre des faits avec l'étonnement qu'excite la nouveauté, ou d'en avoir été soi-même le témoin. Mais, tandis que je rassemble tous les motifs qui m'excusent de ne pouvoir être comparé avec César, je m'expose par cela même au reproche de vanité, en paraissant croire que l'idée de faire cette comparaison puisse venir à quelqu'un. Adieu."
Hirtius, Guerre des Gaules, VIII, 10 :"Je sais que César a fait un livre particulier pour chacune de ses campagnes. Je n'ai pas cru devoir adopter cette division, parce que l'année suivante, qui fut celle du consulat de L. Paulus et de C. Marcellus, n'offre rien de bien important dans les affaires de la Gaule. Cependant, pour ne pas laisser ignorer où étaient en ce temps César et son armée, j'ai pensé à joindre ici quelques faits au livre qui précède."
Suétone, Vies des douze Césars : Vie de César, 56 :"César a laissé aussi des mémoires sur ses campagnes dans les Gaules et sur la guerre civile contre Pompée. Pour l'histoire des guerres d'Alexandrie, d'Afrique et d'Espagne, on ne sait pas quel en est l'auteur. Les uns nomment Oppius, et les autres Hirtius, qui aurait même complété le dernier livre de la guerre des Gaules, laissé inachevé par César. Voici le jugement que Cicéron a porté des Commentaires de César, dans le traité à Brutus : - Ses commentaires sont un livre excellent ; le style en est simple, sans détours et plein de grâce, dépouillé de toute pompe de langage: c'est une beauté sans parure. En voulant fournir aux futurs historiens des matériaux tout prêts, il a peut-être fait plaisir à des sots, qui ne manqueront pas de charger d'ornements frivoles ces grâces naturelles ; mais il a ôté aux gens de goût jusqu'à l'envie de traiter le même sujet -. Hirtius dit aussi, en parlant du même ouvrage : - La supériorité en est si généralement reconnue, que l'auteur semble plutôt avoir ravi que donné aux historiens la faculté d'écrire après lui. Mais nous avons plus de motifs que personne d'admirer ce livre : les autres savent avec quel talent et quelle pureté il est écrit ; nous savons, de plus, avec quelle vitesse et quelle facilité il le fut -. Asinius Pollion prétend que ces commentaires ne sont pas toujours exacts, ni fidèles, César ayant, pour les actions des autres, ajouté une foi trop entière à leurs récits, et, pour les siennes mêmes, ayant altéré, sciemment ou faute de mémoire, la vérité des faits. Aussi Pollion est-il persuadé qu'il devait les récrire et les corriger."