Eburomagus - Localité mentionnée à plusieurs reprises dans l'antiquité. La plus ancienne attestation, datée du IIe s. ap. J.-C., provient d'une inscription découverte à Bram (Aude), qui l'évoque sous le nom de VICI EBVROMAGI (AE 1969/70, 388). Ce même lieu fut également mentionné à plusieurs reprises au IVe s. ap. J.-C., dans les Lettres d'Ausone, sous les formes Ebromagum (var. Hebromagum) et Ebromagi (Lettres, XXI ; XXII ; XXIII). On le retrouve ensuite dans l'Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem (551, 7), entre Sostomagus (Castelnaudary) et Cedros (Caux-et-Sauzens) sous la forme Hebromago (var. Ebromago) ou encore la Table de Peutinger, entre Carcassione (Carcassonne) et Finei (Les Pesquiés, commune de Ricaud) sous la forme Eburomagi. Ce toponyme s'explique par le gaulois *eburo- "if / sanglier", associé au terme -magus "marché / plaine / champs". Il s'agît de l'actuelle ville de Bram (Aude).
Jusqu'à la fin du Ier av. J.-C., cette localité appartenait au territoire des Volques Tectosages. Lorsque celui-ci fut démembré, la Table de Peutinger invite à croire qu'elle fut rattachée à la colonie Iulia de Carcaso. En effet, Bram y est situé entre Carcassonne et la frontière séparant cette colonie, du territoire des Tolosates. Tout au long du Moyen-âge, Bram a relevé du diocèse de Toulouse, impliquant des gains territoriaux tardifs, aux profits de ce dernier.
Au IVe s. ap. J.-C., Ausone indique que Paulinus, son ancien élève et correspondant, vivait à Eburomagus (Lettres, XXI ; XXII ; XXIII).
Ausone, Lettres, XXI :"Ïambe, plus rapide que la flèche du Parthe et du Cydon ien, ïambe plus agile que l'aile de l'oiseau, plus impétueux que les torrents de l'Éridan fougueux, plus abondant que les flots épais de la grêle sonore, plus vif que les traits enflammés de la foudre, alerte ! Les talonnières de Persée, le pétase du dieu d'Arcadie te soutiendront dans les airs : prends ton vol. Si ce qu'on dit est vrai, si d'un choc de son pied un coursier frémissant fit jaillir l'Hippocrène, tu naquis dans la source même de Pégase, et le premier tu enchaînas les mesures des pieds nouveaux : là, aux accents des neuf Muses, tu excitas le Délien au meurtre du dragon. Porte mon salut, d'un pied prompt et ailé, aux lieux qu'habite Paulinus, je veux dire à Hebromagus. Et sur l'heure, s'il a repris ses forces, si son corps rétabli a retrouvé sa vigueur et ses libres mouvements, après l'avoir salué, demande-lui un salut en retour."
Ausone, Lettres, XXII :"Je reçois de fréquentes et nombreuses preuves de ton obligeance, mon fils Paulinus, et tous ces bienfaits ont leur source, ou dans les heureux hasards d'une circonstance soudaine, ou dans la facile bonté de ta bienveillante nature. En effet, comme tu ne refuses jamais quand je demande, tu aiguises mes appétits au lieu de les émousser : c'est ce que tu reconnaîtras aujourd'hui au sujet de Philon, mon ancien intendant. Après avoir renfermé dans Hebromagus les marchandises qu'il avait achetées çà et là dans les campagnes, et profité de l'hospitalité que tes gens lui avaient accordée, il est en danger maintenant d'en être congédié avant le temps. [...] Débarqué naguère à ta villa d'Hebromagus, il y a déposé ses marchandises ............... il les transportera de là sur un bateau …………pour notre usage, à ce qu'il dit. Ne le tourmente donc pas pour quelques jours d'hospitalité ………… qu'il parvienne, à l'aide d'un de tes navires, jusqu'au port de la ville, et qu'il sauve Lucaniacus de la famine de Pérouse et de Sagonte."
Ausone, Lettres, XXIII :"Et quand donc à mon oreille retentira cette nouvelle ? " Voici ton Paulinus qui arrive ! Déjà il quitte les cités neigeuses des Ibères ; déjà il foule les champs des Tarbelles ; déjà il entre dans Hebromagus ; déjà il traverse les voisins domaines de son frère ; déjà il descend le courant du fleuve ; déjà il est en vue ; déjà sa proue est retournée vers le fleuve ; il entre dans son port où se presse la foule, il devance les flots d'un peuple entier accouru à sa rencontre, il passe devant sa porte, il vient frapper à la tienne " Le croirai-je ? Ou ceux qui aiment se forgent-ils des rêves ?"
Inscription de Bram (AE 1969/70, 388) NVMINI(BVS) AVGVSTOR(VM) ET APOLLINI Q(VINTVS) MARIVS QVARTVS L(VCIVS) PLVTIVS VIATOR L(VCIVS) DECVMIVS CELADVS MAGISTRI VICI EBVROMAGI THEATRVM DE SVA PECVNIA F[ECER(VNT)] IDEMQVE DED[ICAVERVNT]
"Aux puissance divines des Augustes et à Apollon. Quintus Marius Quartus, Lucius Plutius Viator, Lucius Decumius Celadus, magistrats du vicus d'Eburomagus. À leurs frais, ils ont fait, et aussi voué ce théâtre."