Campagne de Lucius Aemilius Paullus contre les Ingaunes [-181]
Campagne de Lucius Aemilius Paullus contre les Ingaunes (181 av. J.-C.)
Lors des comices centuriates pour l'année 181 av. J.-C. eurent lieu, on rapporta le fait que certaines possessions massaliotes furent victimes des agissements de pirates ligures. La réponse à ces attaques fut rapide. D'abord, on enjoignit les nouveaux consuls à créer un commandement spécial, confié à des duumvirs navales, pour surveiller les mers entre Massalia (Marseille) et Barium (Bari) (1). Le duumvir naval Caius Matienus reçut pour mission de contrôler la portion du littoral comprise entre le promontoire de Minerve (Santa Maria di Leuca, province de Lecce) et Massalia (Marseille) (Tite-Live, Histoire romaine, XL, 18 ; 26). Parallèlement, le consul Lucius Aemilius Paullus fut prolongé en tant que proconsul et chargé de conduire une expédition contre les Ingaunes (et sans doute aussi les Intéméliens) (Histoire romaine, XL, 25), précédemment soumis par Appius Claudius Pulcher (185 av. J.-C.) et visiblement considérés comme responsables des attaques subies par les Massaliotes, alliés des Romains.
Lorsqu'au début du printemps 181 av. J.-C., le proconsul parvint avec ses troupes sur le territoire des Ingaunes, leurs délégués se montrèrent disposés à ce que leur peuple fasse soumission, afin de se voir accorder la paix. Ils réclamèrent cependant un délais, nécessaire selon eux pour convaincre leur compatriotes les plus réticents et demandèrent aussi à ce que les fourrageurs romains ne s'avancent pas sur leur territoire au-delà des montagnes voisines. Lucius Aemilius Paullus consentit à chacune de leurs demandes et leur accorda un délais de 10 jours (Histoire romaine, XL, 25).
Selon Tite-Live, cette première entrevue ne fut pour les Ligures, qu'un prétexte pour reconnaître les forces dont disposait le proconsul. Les événements suivants lui donnent raison, puisque qu'avant les terme de ce délais, les Ingaunes attaquèrent le camp des Romains.
(1) Les habitants de Tarentum (Tarente) et Brundisium (Brindisi) subirent également des attaques de pirates illyriens à la même époque.
Tite-Live, Histoire romaine, XL, 18 :"On s'occupa également de la marine. Les consuls eurent ordre de nommer à cet effet des duumvirs chargés de mettre en mer vingt vaisseaux dont ils formeraient les équipages avec des citoyens romains sortis d'esclavage ; les commandants seuls devaient être de condition libre. On partagea la côte entre les duumvirs, de manière à ce que le promontoire de Minerve leur servît de centre commun ; ils avaient chacun dix galères sous leurs ordres. L'un devait défendre la droite jusqu'à Marseille, l'autre la gauche jusqu'à Bari."
Tite-Live, Histoire romaine, XL, 25 :"Pendant que la Macédoine était le théâtre de ces événements, L. Aemilius Paulus, continué comme proconsul dans son commandement, entra dès les premiers jours du printemps avec son armée sur le territoire des Ligures Ingaunes. À peine a-t-il établi son camp sur leurs frontières que des envoyés vinrent le trouver, sous prétexte de solliciter la paix, mais en réalité pour reconnaître ses forces. Paul-Émile répondit qu'il ne traiterait avec eux qu'autant qu'ils feraient d'abord leur soumission. Ils parurent assez disposés à lui obéir ; seulement ils demandèrent du temps pour faire comprendre cette nécessité à leurs farouches compatriotes. Le proconsul ayant consenti à une trêve de dix jours, ils le prièrent encore de ne pas envoyer ses soldats recueillir du bois et du fourrage au-delà des montagnes voisines, sous prétexte que cette partie du territoire était en pleine culture. On le leur accorda également."
Tite-Live, Histoire romaine, XL, 26 :"On créa deux amiraux, C. Matiénus et C. Lucrétius, et on leur équipa des vaisseaux. Matiénus, dont le département s'étendait jusqu'au golfe de Gaule, eut ordre de faire voile au plus tôt vers la côte de Ligurie, pour être à portée de secourir au besoin L. Aemilius et son armée."