(1) ceux du Licias ; (2) les habitants des rochers ; (3) les splendides
Localisation:
Vallée du Lech, dans le district de Souabe
Capitale:
Damasia (?)
Licates
Localisation
Peuple de la Vindélicie. Par la suite, ils furent rattachés à la province de Rhétie et Vindélicie. La mention faite de ce peuple par Strabon n'autorise aucune localisation, contrairement à celles de Pline et Ptolémée. Sur le Trophée des Alpes, dont l'inscription honorifique a été conservée par Pline, les peuples énumérés le sont suivant une logique géographique. Les Licates y figurent entre les Rucinates et les Caténates, populations hélas mal-localisées (Histoire naturelle, III, 137). Le seul indice véritablement exploitable est fourni par Ptolémée, qui les situe sur le Λικίας / Licias (le Lech) (Géographie, II, 12, 4). Selon Strabon, leur principale ville était Δαμασία / Damasia, toujours non-localisée (Géographie, IV, 6, 8)
Attestations et étymologie
Ce peuple fut mentionné par Pline, dans sa retranscription de l'inscription honorifique du Trophée des Alpes (Histoire naturelle, III, 137), sous la forme LICATES, par Strabon sous la forme Λικάττιοι (Géographie, IV, 6, 8), puis sous la forme Λικάτιοι par Ptolémée (Géographie, II, 12, 4). Deux inscriptions antiques fournissent des attestations supplémentaires de cet ethnonyme sous la forme LICAS sur le diplôme militaire d'Eining (26 septembre 157 ap. J.-C.) et LICATI sur le diplôme militaire de Buch (156-167 ap. J.-C.). Longtemps, leur nom a été rapproché de celui de la rivière Λικίας / Licias (le Lech) qui passe sur leur territoire, ce qui a amené à traduire cet ethnonyme par "ceux du Licias". P. de Bernardo Stempel (2015) a proposé de distinguer les deux noms, tout en leur reconnaissant une racine commune, *lica / licca, qui signifie "pierre plate / rocher / falaise", associée à une dérivation en *-ati-. Suivant ce point de vue, les Licates auraient été "les habitants des rochers". X. Delamarre (2023) souscrit visiblement assez largement à cette hypothèse, mais indique qu'il existe une autre possibilité. En effet, il indique que ce nom pourraît dériver d'une forme à wau intervocalique ammui *līṷicā > līca, qui signifie "splendide". Dans ce dernier cas, il faudrait donc y voir un composé en *līṷic-ate-s.
Histoire
● La conquète romaine
Ayant pris pour prétexte des incursions rhètes dans le nord de l'Italie, et les faits de brigandage récurrents les Romains se lancèrent dans la conquête de l'ensemble de l'arc alpin. L'objectif était de prendre le contrôle de l'ensemble des voies de communication franchissant les Alpes afin de les sécuriser et de les ouvrir aux commerçants italiens. En 15 av. J.-C., Nero Claudius Drusus et Tiberius Claudius Nero lancèrent leurs troupes à travers les Alpes et ne tardèrent pas à prendre en étau la Rhétie et la Vindélicie et à les écraser. Au terme de cette rapide conquête, les Romains dépeuplèrent largement les zones tombées sous leur contrôle en réduisant une portion notable de la population en esclavage. Les rares textes évoquant cette campagne ne mentionnent pas les Licates, cependant leur mention sur l'inscription honorifique du Trophée des Alpes suffit à démontrer qu'ils partagèrent le même sort que l'ensemble des peuples de la confédération des Vindéliques.
Immédiatement après la conquête, les Romains fondèrent la colonie d'Augusta Vindelicorum (vers 15 av. J.-C.) au débouché de plusieurs vallées alpines constituant des couloirs naturels vers l'Italie, où plusieurs garnisons furent stationnées. L'ensemble de la Vindélicie fut quant à elle constituée en district militaire.
Pour célébrer les victoire remportées dans l'arc alpin, les Romains édifièrent le Trophée des Alpes (7-6 av. J.-C.), sur lequel les Licates furent mentionnés comme l'un de quatre peuples de la confédération des Vindéliques vaincus.
● La romanisation
La colonie d'Augusta Vindelicorum fut incontestablement le principal centre administratif et le site depuis lequel la culture romaine se diffusa dans une grande partie du district militaire. Les peuples qui constituaient la confédération des Vindéliques ne parvinrent visiblement pas à s'organiser en cités, si bien que leurs territoires semblent avoir été administrés depuis cette ville. Ces peuples ne disparurent pas pour autant ; le diplôme militaire d'Eining (26 septembre 157 ap. J.-C.) et le diplôme militaire de Buch (156-167 ap. J.-C.) témoignent de la persistance de cette identité au moins jusqu'au milieu du IIe s. ap. J.-C.
Vers la fin du Ier s. ap. J.-C., le dictrict militaire fut structuré en province, laquelle prit le nom de Rhétie et Vindélicie.
Sources littéraires anciennes
Strabon, Géographie, IV, 6, 8 :"Quant aux Vindoliques, ils bordent, ainsi que les Noriques, le versant extérieur des Alpes et se trouvent presque partout mêlés aux Breunes et aux Genaunes, lesquels appartiennent déjà à l'Illyrie. Tous ces peuples, par leurs continuelles incursions, ont longtemps inquiété les cantons de l'Italie les plus rapprochés d'eux, ainsi que les frontières des Helvètes, des Séquanes, des Boiens et des Germains. Mais il y en avait dans le nombre qui étaient réputés plus turbulents que les autres, c'étaient, parmi les Vindoliques, les Licattiens, les Clautenates et les Vennons, et, parmi les Rhaetes, les Rucantiens et les Cotuantiens. Les Estions comptent aussi parmi les tribus Vindoliques, et les Brigantiens pareillement. Les principales villes de la Vindolicie sont Brigantium, Cambodunum, et aussi Damatia, qui est comme l'acropole ou le château fort des Licattiens. Le fait suivant pourra du reste faire juger de l'acharnement de ces brigands contre les Italiens : toutes les fois qu'ils surprennent un village ou une ville, non seulement ils égorgent en masse la population virile, mais ils étendent leur fureur jusqu'aux petits garçons à la mamelle, et, sans s'arrêter là encore, ils massacrent les femmes enceintes que leurs prêtres ou devins leur désignent comme devant mettre au jour des fils."
Sources épigraphiques (1)
L'inscription du trophée de La Turbie (selon Pline, Histoire naturelle, III, 136-137) IMP(ERATORI) CAESARI DIVI FILIO AVG(VSTO) PONT(IFICI) MAX(IMO) IMP(ERATORI) XIIII TR(IBVNICIA) POT(ESTATE) XVII S(ENATVS) P(OPVLVS)Q(VE) R(OMANVS) QVOD EIVS DVCTV AVSPICIISQVE GENTES ALPINAE OMNES QVAE A MARI SVPERO AD INFERVM PERTINEBANT SVB IMPERIVM P(OPVLI) R(OMANI) SVNT REDACTAE GENTES ALPINAE DEVICTAE TRIVMPILINI CAMVNNI VENOSTES VENNONETES ISARCI BREVNI GENAVNES FOCVNATES VINDELICORVM GENTES QVATTVOR COSVANETES RVCINATES LICATES CATENATES AMBISONTES RVGVSCI SVANETES CALVCONES BRIXENETES LEPONTI VBERI NANTVATES SEDVNI VARAGRI SALASSI ACITAVONES MEDVLLI VCENNI CATVRIGES BRIGIANI SOGIONTI BRODIONTI NEMALONI EDENATES VESVBIANI VEAMINI GALLITAE TRIVLLATI ECDINI VERGVNNI EGVI TVRI NEMATVRI ORATELLI NERVSI VELAVNI SVETRI