Νίκαια / Nicaea - Comptoir massaliote qui pourrait correspondre à l'actuelle Nice. Différentes localisations ont été proposées pour l'antique Νίκαια, la colline du Château étant celle qui longtemps a été retenue. Les différentes campagnes de fouilles menées ici n'ont néanmoins jamais révélé la moindre trace d'installation massaliote (Morabito, 2003). Sur la base des résultats des fouilles menées sur différents sites massaliotes, Olbia (Saint-Pierre-de l'Almanarre), Agatha Thychê (Agde), Emporion (San-Martín-de-Ampurias), il est désormais admis que ces établissements étaient systématiquement associés à un plan directeur pour la cité et d'une cadastration pour son territoire (Morabito, 2003 ; Domínguez, 2005). Un découpage orthonormé apparaît très clairement. Après avoir exclu de son analyse la trame spécifique aux aménagements urbains du XIXe s. et, employant une méthodologie stricte, S. Morabito (2003) a reconnu les probables traces du plan directeur orthonormé de la cité massaliote au niveau du quartier du Vieux-Nice, bordé au Nord et à l'Ouest par le Paillon, et à l'Est par la Colline-du-Château. La localisation du port pose problème. Peut-être s'agissait-il d'un port fluvial comme à Agatha Tychê (Agde) ou alors d'un port de mer, correspondant à l'actuel Bassin Lympia (Port de Nice). Le nom de Nikaia s'explique par le Grec Νικη (nikê) qui signifie "victoire". Cette possession massaliote est mentionnée par Strabon et Polybe. L'extrémité du domaine massaliote se trouvait au IIIe s. av. J.-C. au niveau d'Antipolis selon le Pseudo-Scymmos (v. 201-216). Les premières citations mentionnant Nikaia comme un comptoir massaliote remontent à Strabon nous apprend que cette place a été fondée pour contrer les incursions ligures. Enfin Polybe évoque le siège de cet établissement par les celto-ligures en 155-154 av. J.-C., ayant conduit à l'intervention du consul romain, Quintus Opimius.
Polybe, Histoire Générale, XXXIII, 8, : [?]vers le même moment, arrivèrent des ambassadeurs envoyés par les Massaliotes, qui étaient depuis longtemps soumis aux attaques de Ligures. Ils étaient maintenant bloqués chez eux, tandis qu'Antipolis et Nikaia étaient même assiégées
Strabon, Géographie, IV, 1, 5 : Ajoutons qu'ils avaient employé leurs forces militaires à fonder un certain nombre de places destinées à leur servir de boulevards contre les Barbares : les unes, situées sur la frontière d'Ibérie, devaient les couvrir contre les incursions des Ibères, de ce même peuple à qui ils ont communiqué avec le temps les rites de leur culte national (le culte de Diane d'Ephèse), et que nous voyons aujourd'hui sacrifier à la façon même des Grecs ; les autres, telles que Rhodanusia et Agathé, devaient les défendre contre les Barbares des bords du Rhône ; d'autres enfin, à savoir Tauroentium, Olbia, Antipolis et Nicaea, devaient arrêter les Salyens et les Ligyens des Alpes. Massalia possède encore des cales ou abris pour les vaisseaux et tout un arsenal
Strabon, Géographie, IV, 1, 9 : Quant à la côte qui se prolonge dans la direction du Var et de la partie de la Ligystique attenante à ce fleuve, elle nous présente, avec les villes massaliotes de Tauroentium, d'Olbia, d'Antipolis et de Nicaea, la station navale, fondée naguère par César-Auguste sous le nom de Forum Julium : cette station se trouve située entre Olbia et Antipolis, à 600 stades de Massalia. Le Var coule entre les villes d'Antipolis et de Nicaea, mais passe à 20 stades de l'une et à 60 de l'autre, de sorte qu'en vertu de la délimitation actuelle Nicaea se trouve appartenir à l'Italie, bien qu'elle dépende effectivement de Massalia. Nous l'avons déjà dit, ce sont les Massaliotes, qui, se voyant entourés de Barbares, ont bâti ces différentes places : ils voulaient les contenir et s'assurer au moins le libre accès de la mer, puisque du côté de la terre tout était aux mains de leurs ennemis.
Strabon, Géographie, IV, 1, 9 : Nous ferons remarquer seulement dès à présent que, bien qu'Antipolis soit située en dedans des limites de la Narbonnaise, et Nicaea en dedans des limites de l'Italie, celle-ci demeure dans la dépendance de Massalia et fait partie de la Province, tandis qu'Antipolis se trouve rangée au nombre des villes italiques, par suite d'un décret rendu contre les Massaliotes, qui l'a affranchie de leur juridiction.
Pomponius Mela, Description de la Terre, II, 69 :"Sur les rivages sont quelques lieux connus sous certains noms ; mais les villes y sont peu nombreuses, tant à cause de la rareté des ports, que parce que la côte est exposée dans toute sa longueur aux vents du sud et du sud-ouest. Nicée, Deciatum et Antipolis touchent les Alpes."
Pline, Histoire naturelle, III, 47 :"A partir du Var on trouve Nice, ville fondée par les Marseillais : le fleuve Palo ; les Alpes et les peuples alpins portant un grand nombre de noms, particulièrement les Chevelus ; le peuple des Védiantiens, et Cemenelum leur ville ; le port d'Hercule Monoecus, la côte ligustine. Ligures les plus célèbres : au delà des Alpes, les Salluviens, les Déciates, les Oxubiens ; en deçà des Alpes, les Vénènes, les Vagiennes descendants des Caturiges ; les Statyelles, les Vibelles, les Magelles, les Euburiates, les Casmonates, les Véliates, et ceux dont nous nommerons toutes les villes en parlant du rivage suivant."
Sources
• Morabito S., (2003) - Localisation de l'établissement de Nikaia, Nice (Alpes-Maritimes), Histoire & mesure, vol.XVIII, n° 1 / 2, pp.39-71
• Domínguez, A.-J., (2005) - " Spain and France (including Corsica) " in. Hansen, M.-H. & Nielsen, T.-H., (ed.) An Inventory of Archaic and Classical Poleis ; An Investigation Conducted by The Copenhagen Polis Centre for the Danish National Research Foundation, Oxford University Press, Oxford, pp.174-188
• Julien Quiret pour l'Arbre Celtique