Rivages maritimes (Ora Maritima) - Poème en 703 vers ïambiques, il fut rédigé au milieu du IVe s. ap. J.-C. par l'auteur latin Rufus Festus Avienus. Ce texte dressant une description des littoraux d'Europe est adressé à un certain Probus, dont l'identité fait encore débat.
Contrairement à ce que les vestiges de cette oeuvre le laissent supposer, Aviénus ne s'est pas borné à décrire les régions comprises au-delà des Colonnes d'Hercule, et depuis ce détroit jusqu'à Massilia. En effet, dans un court passage, il indique à Probus que son récit se terminerait par la description de la "mer de Scythie" (océan boréal) et du "Pont-Euxin" (mer Noire), ce qui implique que son Ora Maritima couvrait à minima l'ensemble des littoraux de l'Europe (v.69-71). Ainsi, il ne reste probablement que le premier livre de cette oeuvre qui fut originellement nettement plus volumineuse.
Aviénus, écrivain érudit du IVe s. ap. J.-C., s'est imposé pour contrainte littéraire de ne faire appel qu'à des sources anciennes pour rédiger un textes aux accents volontairement archaïsants. Pour aborder son travail et l'apprécier à sa juste valeur, il conseille d'ailleurs à Probus (et plus généralement à ses lecteurs) de faire abstraction de ses connaissances, issues de travaux plus modernes (v.77-79). Ainsi, il semble qu'il n'ait retenu que les plus anciennes descriptions faites des territoires intervenant dans son texte, c'est à dire des descriptions contemporaines de leur entrée dans l'histoire. S'inspirant d'un ouvrage disparu de Salluste (Ier s. av. J.-C.) consacré aux régions entourant le Palus-Méotide (mer d'Azov), Aviénus s'est appuyé sur des auteurs anciens dont les travaux avaient fait autorité, dont il a lui-même dressé la liste (v.33-50) : Hécatée de Milet (VIe-Ve s. av. J.-C.), Hellanicos de Lesbos (Ve s. av. J.-C.), Philéas d'Athènes (Ve s. av. J.-C.), Scylax de Caryanda (VIe s. av. J.-C.), Pausimaque de Samos (?), Damastès de Sigé (Ve s. av. J.-C. ?), Bacorus de Rhodes (?), Euctémon d'Athènes (Ve s. av. J.-C.), Cléon de Sicile (IVe s. av. J.-C.), Hérodote (Ve s. av. J.-C.) et Thucydide (Ve s. av. J.-C.).
La contribution des travaux de ces différents auteurs à l'oeuvre d'Aviénus n'est pas établie, très certainement parce que les emprunts qui leur ont été faits appartiennent aux portions disparues de l'Ora Maritima. Quelques exceptions sont cependant notables. Ainsi, dans sa description du Herma (bras de mer) des Colonnes d'Hercule, et des environs de ce détroit, il cite nommément Euctémon d'Athènes (v.333 ; 346) et Damastès de Sigé (v. 367). Des mesures effectuées au niveau du Bosphore par Scylax de Caryanda sont mentionnées (v. 367). Il est fort probable qu'il se soit appuyé sur la Périégèse d'Hécatée de Milet dans sa description du territoire des Élisyques (v.576-587). Enfin, il est probable que le Phileus (v.687) mentionné à l'occasion de la description du delta du Rhodanus (Rhône) soit Philéas d'Athènes.
Quelques autres sources, peut-être considérées comme " secondaires " (ce que l'on peut déduire du fait qu'elles n'apparaissent pas parmi ses sources d'autorité) par Aviénus sont également mentionnées ; Himilcon (v.116 ; v.378 ; v.407) et les Annales puniques (v.409) dans la description faite des régions situées au-delà des Colonnes d'Hercule et de la navigation sur l'océan, et peut-être aussi Denys le Périégète (v.331).
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