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L'art celtique

Forum consacré aux mythes ainsi qu'aux domaines de la spiritualité et de la religion...

Modérateurs: Pierre, Guillaume, Patrice

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28 messages • Page 2 sur 2 • 1, 2

Messagede Fergus » Sam 20 Mar, 2004 0:04

Tout bonnement un programme de reconnaissance de caractères. Qui couplé avec un scanner, permet d'obtenir un résultat en mode texte et non l'image d'un texte.


Ah ben non, je regrette, j'ai effectivement utilisé mes petits doigts et mon clavier pour recopier intégralement le texte de Kruta. J'aime bien faire ça, ça me permet d'intégrer tout ça dans ma tête...
Fergus
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- Ni ansa : macsa Dana, Dàn mac Osmenta, (...) Ergna mac Ecnai, Ecna mac na tri nDea nDàna
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Messagede Muskull » Dim 21 Mar, 2004 16:29

Bonjour :)

Un petit article de Pierre Yves Lambert dans l'E.U.

Le « premier style » celtique

C'est aussi au cours du Ve siècle avant J.-C. qu'apparaît le « premier style » de l'art ornemental laténien. Si leurs productions se nourrissent volontiers d'inspirations méditerranéennes, les métallurgistes se tiennent néanmoins éloignés des modèles esthétiques grecs et étrusques. Ils refusent généralement toute représentation narrative et s'en tiennent, lorsqu'ils dessinent des animaux et des êtres humains, à des figurations isolées ou imbriquées les unes dans les autres sans volonté réaliste.
Les décors zoomorphes et anthropomorphes ne sont pas très fréquents. Ce sont surtout les compositions d'inspiration végétale qui envahissent tous les objets et viennent se mêler, dans des hybridations inédites, au bestiaire, aux masques humains et aux têtes monstrueuses. Les motifs se décomposent en formes curvilignes et en volumes arrondis simples ; ils s'intègrent systématiquement dans des compositions géométriques rigoureuses et parfois très complexes, plus ou moins habilement masquées. Des perles de corail agrémentent parfois l'ensemble.
Chaque motif, chaque animal a un sens et une fonction ; des correspondances subtiles s'établissent entre les différentes formes de représentations, des plus géométriques aux plus figuratives. Mais la compréhension de ce système graphique, que l'on soupçonne complexe, n'en est qu'à ses débuts.
L'art ornemental du premier style est avant tout aristocratique. Les compositions les plus complexes ornent les vases métalliques, les armes les plus prestigieuses, le harnais des chevaux. Mais d'autres compositions végétales plus simples envahissent aussi les productions métalliques communes, comme les torques, les fibules ou les ceintures. Les décorateurs ne travaillent pas seulement le métal. D'autres matériaux sont également ornés, comme la céramique, le tissu, le cuir et le bois. Mais on sait surtout que, dès le Ve siècle avant J.-C., il existait dans le domaine laténien une statuaire en pierre de qualité (connue maintenant par les découvertes du Glauberg, Hesse).

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Messagede Thierry » Lun 22 Mar, 2004 9:58

Ben non Fergus, le bouquin de Varagnac est ancien (1964) mais il évoque l'art des Gaulois, c'est à dire, comment dire , les Gaulois(tu sais ce vrai faux peuple nationalisé par la suite).....même s'il fait le lien avec la suite....et avec ce qui a précédé.

Il était à l'époque conservateur du Musée des Antiquités Nationales, si je ne m'abuse.....

Quant aux photos et bien ce sont celles de la quasi totalité de la statuaire attribuée aux celtes en Europe Occidentale et connue à l'époque....

Ce bouquin permet aussi notamment un recensement assez exhaustif de tous les types monétaires recensés en Gaule avant la conquête...

Enfin bref, il me paraît essentiel sur le sujet car réellement spécialisé dans l'histoire de l'art.....
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Messagede Muskull » Mar 23 Mar, 2004 17:22

Bonjour :(

Le livre de Varagnac semble intéressant.
Euh... Il côute pas trop cher ?

Page 615 des Celtes de Kruta (histoire et dico) il y a une représentation étonnante d'une sculpture en bois datée de 123 B.C. trouvée dans un puit votif quadrangulaire de 20m situé dans une enceinte (temple ?) à Fellbach Schmiden (Allemagne).

2 bouquetins affrontés sont tenus par un personnage (disparu, il ne reste que les mains) en lequel Kruta voit une représentation du maître des animaux associé à l'arbre de vie. Une autre sculpture montre un cerf broutant les rameaux de l'arbre de vie.

Ce qui est étonnant c'est que cette représentation mythique est récurante dans un site antécédant de 3000 ans !!!
Celui de Jiroft (sud-est Iran) dont j'ai signalé la découverte il y a quelque temps.
(Je vais essayer de retrouver une image)

Y a-t-il des représentations analogues dans l'art celtique ?
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Messagede Luernos » Mar 23 Mar, 2004 18:01

et ou peut on le trouver ce bouqui de Varagnac ???
il n'est pas à la FNAC en ligne ni sur Librarch .....
:cry:
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Messagede Thierry » Mar 23 Mar, 2004 19:53

Il est trop vieux (1964) pour être en librairie, par contre chez un bouquiniste c'est possible, voire une librairie spécialisée dans le religieux.

Il est publié aux éditions du zodiaque dans une collection bien particulière consacrée essentiellement à l'art roman par régions.

Il figure dans cette collection car il constitue une sorte d'introduction à l'art religieux en France.

On doit pouvoir le trouver dans certaines BU ou BM bien fournies....

Je l'apporterais à VIEUX pour ceux qui seront là. 8)
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Messagede Luernos » Mer 24 Mar, 2004 10:05

je l'ai trouvé ici:
http://www.galaxidion.com/home/catalogues.php?LIB=soeurs&CAT=2473&sortOrder=alpha
mais il disent qu'il est de 56 ... c'est bien le même ?

VARAGNAC André & FABRE Gabrielle - L'ART GAULOIS
Zodiaque, 1956
Reliure pleine toile d'édition, jaquette. 331 pp. Nombreuses illustrations en noir. 1 vol. In-8
Cet ouvrage vous est proposé par la Bouquinerie des Soeurs.
Euro 25.00 |
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Messagede Muskull » Mer 24 Mar, 2004 18:45

Bonjour :)

Dans l'art mérovingien on trouve un cerf broutant l’« arbre de vie ».
Le parapet d’ambon de Saint-Martin de Ligugé, près de Poitiers (VIe-VIIe s.)
Pas d'image :(

Par ailleurs, le "bouquetin" est un motif courant de l'art des steppes (Scythes, Sarmates) ce qui peut sembler curieux vu que l'animal est montagnard...
L'on aurait donc plutôt affaire à des boucs, signe d'un élevage "rustique"...

L'arbre de vie est un motif récurrent dans l'art persan depuis la haute époque.
L’un des exemples les mieux conservés et les plus représentatifs de ce type de décor appartient au Trésor de l’église Sainte-Ursule à Cologne, en Allemagne. Il s’agit d’une scène de chasse dont les éléments affrontés sont séparés par une tige médiane se terminant en palmette, l’arbre de vie ; un personnage couronné, au nez fortement busqué, est monté sur une sorte de griffon ailé ; deux lions aux pattes puissamment griffues sont couchés à ses pieds tandis que des boucs caracolent alentour.
(époque sassanide)...

En Mésopotamie, les tombes d’Ur offrent l’image de chèvres autour d’arbustes, ou parfois dans l’arbuste : les chapiteaux romans en feront deux béliers ou bouquetins symétriquement affrontés de part et d’autre d’un arbre que la référence biblique obligée désigne comme l’Arbre de Vie.

À l’époque des Sargonides, au moment où l’art de Ninive est à son apogée, la glyptique reproduit le thème des génies ailés en adoration devant l’Arbre de Vie ; le dieu Marduk tenant dans chaque main la patte de deux démons ailés.

Bref, nous avons là un motif très ancien qui a été repris par de nombreuses cultures. Son apparente rareté dans l'art celtique est peut être seulement du à la disparition naturelle de sculptures en bois.
En tout état de cause il serait d'inspiration orientale transmise par la civilisation kourgane.

Je pense que l'on retrouve ce thème dans les dragons affrontés des fourreau d'épée laténiennes parfois séparés par un relief mais ce n'est qu'une suggestion... :?

Des éléments, commentaires ? :)
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Messagede Thierry » Ven 26 Mar, 2004 11:25

Le livre qu' a trouvé LUERNOS est la première édition, mais c'est bien ce même bouquin.

La seconde est datée de 1964, je ne sais si la différence entre les deux est importante.

J'ai été amené à parler de ce livre non pas parce que je considére qu'il constitue une étude scientifique parfaite, le propos est parfois osé; mais parce qu'il est beau, richement illustré et que son propos (osé) ouvre des portes, des perspectives, permet des comparaisons....le tout dans une approche essentiellement artistique, voilà, voilà...parenthèse dans ce fil que nous devons garder et alimenter.... :roll:
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Messagede Muskull » Sam 27 Mar, 2004 9:21

Chronologie gauloise


Art : continuité et rupture

L’origine de l’art gaulois doit être recherchée dans le schématisme linéaire du premier âge du fer. Il faut envisager, dans son ensemble et dans sa relative continuité, son évolution historique de cette époque lointaine à la période romaine comprise ; en effet, quand la Gaule eut pénétré dans l’orbite de Rome, l’art régional ne perdit point sa personnalité, même s’il renonça, semble-t-il, à certaines de ses singularités natives pour se conformer à l’humanisme gréco-romain.

Le hallstattien

Le premier âge du fer (époque hallstattienne) est surtout représenté dans le décor gravé et peint de la poterie et sur des plaques de bronze ornées au repoussé par estampage : garnitures de ceintures de cuir, de chars, ou de grands seaux. Sous l’influence des modèles qui lui sont fournis par les situles de bronze historiées de Vénétie et d’Illyrie, cet art tend déjà à devenir figuratif. On y voit des hommes et des animaux sous forme de croquis simplifiés, réduits à quelques traits. Ce type de décor est transposé sur la pierre, dans le midi de la France, dès la fin du VIe siècle. Il ne s’agit pas encore de sculptures, mais de gravures en creux, qui représentent des cavaliers, des animaux, chevaux et cerfs, sur les piliers et les linteaux historiés mis au jour dans l’oppidum de Mouriès par F. Benoit et conservés au musée d’Arles. Cette tendance au schématisme linéaire, d’origine hallstattienne, ne disparaîtra jamais complètement de l’art gaulois.
Dès la fin du VIe siècle apparaît l’art savant de la statuaire en ronde bosse. Une découverte faite dans un tumulus hallstattien du Wurtemberg, à Hirschlanden, a été pour les historiens de l’art une révélation. Il s’agit d’une statue de guerrier nu et héroïsé ; les détails de l’armement – courte épée ou poignard, casque conique, collier tubulaire – permettent de la dater de la fin du VIe siècle. L’œuvre se rattache à la Grèce archaïque, par le modelé puissant du dos et de la partie postérieure du corps, et à l’Italie du Nord, par le schématisme linéaire des bras et des épaules. À la même époque appartient une statue archaïque découverte à Ollioules, en forme de « xoanon » : le corps stylisé ressemble à un tronc d’arbre.

La Tène

Le style flamboyant « classique » de la Tène Ia. – On n’a pas encore découvert de sculpture gauloise en pierre du Ve siècle. C’est à cette époque qu’apparaît le grand art gaulois de La Tène représenté avant tout par des pièces d’orfèvrerie. D’ailleurs, les premières statues de culte des Gaulois du second âge du fer semblent bien avoir été en feuilles de métal repoussé posées sur une armature en bois.
Le premier style gaulois de La Tène, dont la durée correspond au Ve siècle avant notre ère (La Tène Ia), est encore relativement proche des modèles grecs et étrusques. Il stylise et transpose, à sa manière, la palmette grecque en un décor flamboyant aux proportions sobres et classiques. Les exemples les plus typiques de cette époque sont les colliers et bracelets de la tombe de Reinheim, en Sarre, le décor ajouré en or de la coupe de Schwarzenbach, le collier d’or de Durkheim. L’extrémité du collier de Reinheim porte une tête d’Athéna dont le casque est décoré d’une tête de chouette. Malgré ses petites dimensions, ce motif présente un caractère monumental. Dans l’imitation de ce modèle, facile à reconnaître, l’artiste a su combiner l’expression d’une réalité divine et surhumaine et un souci poussé de l’équilibre ornemental.

Avec le décor de palmettes découpées de la coupe de Schwarzenbach apparaît un répertoire ornemental, à base de courbes et de contre-courbes, libre transposition des motifs décoratifs du classicisme grec. Il se développera dans tout l’art gaulois et survivra en partie à l’époque romaine.

Le style baroque et fantastique de La Tène Ib. – Si le premier style était dominé par les influences gréco-étrusques, les œuvres du début du IVe siècle sont sous l’emprise scythe et orientale. Cette tendance baroque et fantastique, caractérisée par les animaux stylisés et les monstres tourmentés ainsi que par la déformation ornementale de la figure humaine, apparaît dans toute sa puissance et sa variété dans le décor des œnochoés de Basse-Yutz (British Museum), dans le fermoir en or de Weisskirchen enjolivé d’émaux et de motifs ajourés, dans le collier d’or de Rodenbach, dans les colliers et les bracelets d’Erstfelden découverts en Suisse dans le canton d’Uri, sur la route du Gothard. On ne possède pas non plus d’œuvres sculptées en pierre correspondant à cette période.

Le style de Waldalgesheim de La Tène Ic. – Après cette explosion du baroque et du fantastique, un style plus sobre, plus dépouillé apparaît dès la fin du IVe siècle. P. Jacobsthal l’a baptisé style de Waldalgesheim. Les meilleurs exemples en sont les colliers et les bracelets de Waldalgesheim (musée de Bonn), le collier d’or de Filottranno (musée d’Ancône), et l’œnochoé de Hallein (musée de Salzbourg). Ce nouveau répertoire de motifs, toujours conçu dans le même esprit, est toutefois plus simple, plus desséché, plus éloigné aussi des modèles gréco-étrusques. C’est à cette époque qu’apparaissent les premières sculptures, en Rhénanie et dans le midi de la France : le pilier de Pfalzfeld (musée de Bonn), la tête de Heidelberg, l’idole de Holzgerlingen, la statue de guerrier de Grézan (musée de Nîmes). Le pilier de Pfalzfeld, sculpté sur ses quatre faces, procède du style décoratif simplifié de Waldalgesheim. Il est orné de masques humains stylisés, dans un champ décoré de motifs flamboyants. Les quatre côtés présentent un décor à peu près identique.

Un détail permet de dater du IVe siècle la statue de Grézan : la boucle de ceinturon à quatre ardillons. Tout l’intérêt de cette œuvre, encore engoncée dans les conventions d’un archaïsme hiératique, réside dans l’opposition entre la simplicité des lignes et des volumes et la complexité du décor linéaire ; celui-ci est caractérisé par les détails du costume et de l’armement, dessinés en léger relief : décoration en créneaux de la ceinture, pectoral orné de cercles concentriques et de chevrons. Ainsi se trouve mise en évidence, dans ce style gaulois du Midi, l’association entre la tradition hallstattienne du décor géométrique et les tendances curvilignes de la statuaire du second âge du fer.

Le style plastique du IIIe siècle.

– Au IIIe siècle apparaît un nouveau style d’orfèvrerie, le « style plastique », comme l’a dénommé Jacobsthal ; il est caractérisé par une recherche systématique des reliefs accentués, une mise en valeur nouvelle des ombres et des lumières dans les trois dimensions. Le décor ornemental créé au cours des périodes précédentes est alors transposé en de vigoureux reliefs, tandis que les figures humaines et animales sont traitées à la manière expressionniste. Les traits caractéristiques sont exagérés et intégrés à un système de volumes délimités par les courbes et contre-courbes habituelles, suivant un rythme et un module qui confèrent aux plus petits motifs un caractère monumental.
Un travail d’Olé Klindt Jensen a mis particulièrement en valeur l’une des œuvres d’orfèvrerie les plus marquantes de ce style et de cette époque : le décor fondu du chaudron en bronze gaulois découvert à Brå, au Danemark. Orné de têtes de taureau et d’anses en forme de chouettes stylisées, associés à un décor serpentiforme, il manifeste avec éclat la vigueur de cet art expressionniste.

Dans le domaine de la sculpture, il faut citer le buste de guerrier trouvé à Sainte-Anastasie (musée de Nîmes). La parenté de cette œuvre avec celles du style plastique du début du IIIe siècle est rendue sensible par la forte opposition des ombres et des lumières, par l’exagération voulue des traits du visage et par le parti tiré du jeu des cercles et des volumes. Une gravure discrète, à la pointe, permet de corriger l’uniformité de la surface plane du socle, à la forme géométrique très simple.

À la fin de cette période appartient l’ensemble monumental découvert à Roquepertuse, non loin d’Aix-en-Provence, par G. de Guérin Ricard, et déposé au musée de Marseille. Cet ensemble formait une sorte de portique, dont les piédroits étaient creusés d’alvéoles destinés à recevoir des crânes humains ; le linteau est décoré de têtes de chevaux gravées. Étaient associés à ces fragments architecturaux plusieurs statues accroupies, un oiseau stylisé, ainsi qu’un « Janus » constitué de deux têtes accolées.

La technique de ce Janus permet de comprendre l’influence exercée sur la statuaire gauloise par l’art du bois. L’objet comporte d’ailleurs un tenon, rappelant un ajustage de charpente. On peut supposer que la plupart des œuvres d’art religieux gaulois étaient en bois, ce qui expliquerait que si peu d’objets aient subsisté.

Les deux têtes du Janus de Roquepertuse sont remarquables par leur expressionnisme intense qui exagère à dessein, mais avec plus d’habileté que le buste découvert à Sainte-Anastasie, les principaux traits du visage et les simplifie. La rigueur et la pureté des lignes, l’énergie du jeu des lumières et des ombres donnent à l’œuvre toute sa puissance.

Le motif de la statue accroupie, largement répandu dans l’art religieux gaulois, apparaît à Roquepertuse à la fin du IIIe siècle. Ce fait, joint à l’aspect réellement très orientalisant des figures accroupies de ce sanctuaire, permet de penser qu’à ce moment de leur histoire les Gaulois étaient entrés en relations plus étroites avec l’Orient, par suite de leurs migrations dans les Balkans et en Asie Mineure, et qu’ils ont été influencés par la Perse. De fait, un collier en argent d’origine iranienne et datant du IVe ou du IIIe siècle avant J.-C. a été trouvé dans une tombe gauloise du Wurtemberg (Trichtingen).
Les deux extrémités en sont ornées de têtes de taureau. Alors qu’à l’époque gallo-romaine la pose accroupie sera réservée à Cernunnos-Esus, dieu de la richesse, des morts et des enfers, il ne s’agit probablement pas, à Roquepertuse, de divinités mais de morts héroïsés, prêtres ou guerriers, revêtus d’un costume liturgique.

Les statues accroupies de Roquepertuse ont des caractères très différents de ceux du janus. Leur technique n’évoque plus celle du bois mais celle du bronze et de la pierre dure. Le style est entièrement opposé à celui des sculptures grecques ou étrusques contemporaines. Leurs modelés ne comportent aucun effet de draperies et fort peu de rendus d’anatomie. Il y a une recherche de puissance et de sobriété, qui s’exprime par des contours simples, par des surfaces lisses ou presque – à peine sont-elles rompues dans leur uniformité par le quadrillage du « scapulaire » – et par des losanges gravés simulant probablement une broderie.
Ce principe d’expression est typiquement oriental et rappelle bien plus les statues mésopotamiennes ou iraniennes que l’art gréco-étrusque de la même époque.

La Tène II

L’orfèvrerie celtique du IIe siècle avant J.-C. est surtout connue par le décor gravé des épées de La Tène II, dont le graphisme débordant enrichit encore une grammaire ornementale de plus en plus foisonnante et de plus en plus éloignée des modèles classiques.
Les sculptures découvertes sur l’oppidum d’Entremont sont assez difficiles à dater. Certaines d’entre elles seraient antérieures à la conquête romaine. Mais d’autres statues portent des échafaudages de tresses en diadème qui font penser à des coiffures à la mode à la fin de la République romaine. Il est donc probable que ces œuvres sont, en fait, à cheval sur le IIe et le Ier siècle avant J.-C. Un double mouvement se dessine alors : d’une part, un retour à la sobriété et à un certain classicisme ; d’autre part, une atténuation de l’expressionnisme motivée par un certain goût pour le réalisme, sans doute sous l’influence de la sculpture étrusco-romaine.

L’art gaulois franchit à ce moment une étape nouvelle mais ne perd rien de ses caractères et réagit à l’influence étrusco-romaine de façon tout à fait originale. Le souci de l’exactitude anatomique est, en effet, compensé par les recherches graphiques et ornementales et par la tradition expressionniste qui donne à ces visages de dieux ou de héros des expressions à la fois énigmatiques, puissantes et fascinantes.
L’artiste gaulois s’y révèle toujours dominé par le sentiment pathétique de l’irrationnel religieux et par l’obsession des puissances surnaturelles, bien que le style et la technique évoluent déjà vers une observation plus stricte de la réalité.

Il est très instructif de comparer avec les œuvres élaborées en Provence et en Languedoc celles du reste de la Gaule, qui n’ont pas subi au même degré l’influence des techniques méditerranéennes. Ainsi on confrontera les sculptures d’Entremont et l’idole de Bouray (musée de Saint-Germain-en-Laye). Celle-ci est une statue en ronde bosse, réalisée par assemblage et soudure de plaques de bronze martelées, qui sont initialement soutenues à l’intérieur par une armature de bois. Le corps du dieu a été très hardiment stylisé, dans un mépris total des proportions d’ensemble et du détail des modelés anatomiques.
Ce n’est pas autre chose qu’un support qui se substitue au tronc ou « xoanon » primitif. Mais la tête est admirablement traitée, à la fois juste d’allure et de proportions, belle dans son expression figée, grave, hautaine. Toutes les ressources de l’art du bronzier-orfèvre ont été utilisées pour rendre les cheveux, les sourcils et même les cils, qui sont évoqués par des striures parallèles sur le bord des paupières ; et l’art de l’émailleur a été mis à contribution pour rendre vivant le regard.

La Tène III

Le groupe intitulé la « Bête de Noves » (musée d’Avignon) est probablement contemporain des dernières sculptures d’Entremont, s’il ne leur est pas légèrement postérieur. Il figure la mort sous la forme d’un carnassier androphage, tenant à la fois du lion, d’inspiration méditerranéenne, et du loup, d’origine gauloise. Il montre combien les Gaulois ont été obsédés par la mort et dominés par le sentiment de la puissance irrémédiable de l’au-delà.
De ce sentiment, ils ont donné ici une expression tout ensemble fantastique et horrible : tête plate du monstre, avec la gueule largement ouverte et garnie de dents triangulaires ; têtes de morts barbues aux yeux clos. La technique particulière de la crinière, dont les touffes de poils ont été séparées en masses délimitées par des courbes, les lignes profondément incisées qui sillonnent les flancs et les pattes de l’animal et qui évoquent les os et les tendons sont autant de traits de stylisation caractéristiques de l’art animalier.

Bien qu’il ait été trouvé dans une tourbière danoise, le célèbre chaudron de Gundestrup est d’origine gauloise. Il fait partie d’une série de grands récipients liturgiques dont la plupart ont été mis au jour en Scandinavie, tels le chaudron de Brå et celui de Rynkeby, dont quelques fragments épars ont aussi été découverts en Gaule. Ces vases étaient probablement destinés à des sacrifices et à des libations rituelles en l’honneur des dieux et des déesses gaulois ; comme tels, ils intéressent et la religion et l’art. En effet, si le chaudron de Brå, que Klindt Jensen a daté de La Tène Ie, était orné de têtes de chouette et de protomés de taureau, celui de Rynkeby présentait, en plus des protomés de taureau, des têtes humaines stylisées, des sangliers et des rouelles du style de La Tène II.
Ce sont là des symboles religieux gaulois qui rappellent, d’une part, le sacrifice des taureaux en l’honneur de la déesse-mère symbolisée ailleurs par une chouette, d’autre part, la triade des dieux gaulois : Taranis, évoqué par une rouelle, symbole de la foudre, Teutatès, par les sangliers, Esus, par la tête portant le torque.

Le chaudron de Gundestrup peut être daté avec exactitude grâce aux détails de l’armement : trompettes à embouchure en forme de gueule de dragon ; grands boucliers oblongs portant au centre un umbo circulaire fixé sur le bois par une couronne de gros clous ; casques du type de La Tène III. Il est probablement l’œuvre d’orfèvres gaulois du milieu du Ier siècle avant J.-C. C’est donc à la fois la plus tardive des œuvres importantes d’orfèvrerie gauloise antérieures à la conquête romaine, et le seul poème mythologique des Celtes continentaux qui nous soit parvenu.

Quelles qu’en soient la naïveté et la savoureuse gaucherie, l’ensemble témoigne de la capacité d’invention des artistes gaulois et du considérable effort qu’ils ont accompli, malheureusement à la veille de la conquête romaine, pour orienter leur art, resté longtemps purement décoratif, symbolique et non figuratif, vers une iconographie exprimant à l’échelle humaine leurs croyances, leurs mythes et leur rituel religieux. C’est là, d’ailleurs, l’aboutissement d’un besoin qui naquit chez eux du contact avec les images et les techniques méditerranéennes et qu’ils se sont efforcés d’abord de satisfaire par leurs propres moyens avant de recourir à des figurations empruntées à la mythologie gréco-romaine.
Cette œuvre possède à peu près tous les caractères de l’art gaulois autonome. Elle révèle, en outre, la fantaisie et la sûreté de composition dans l’imaginaire, qui caractérise les premiers orfèvres celtiques, et certaines des qualités qui se dégageaient des recherches expressionnistes de l’époque précédente : dynamisme interne ; énergie sobre et décisive dans les silhouettes humaines ; justesse du contour ; sens admirable de la vie et du mouvement dans les silhouettes, simplifiées mais si bien campées, des animaux. Elle témoigne enfin d’un esprit de création capable de concevoir des types individualisés de dieux et de héros, dont l’aspect physique soit en correspondance avec leur caractère et leur psychologie et avec leur rôle dans le mythe.
C’est là une conquête importante, qui annonce les arts de l’avenir, notamment la sculpture romane.

Personnalité de l’art gaulois

Face à l’hellénisme – au rationalisme et à l’anthropomorphisme qu’il a su imposer à tous les arts de la Méditerranée –, l’art gaulois est la première expression du génie propre de l’Europe occidentale. Il a su créer, dès la fin du VIe siècle avant notre ère, une sculpture noble et monumentale, influencée par l’Italie du Nord et dégagée des servitudes de l’art schématique, qui dominait alors tout l’Occident.
À vrai dire, l’apport des techniques et des modèles venus d’Étrurie et de Grèce a fortement contribué à le former, comme les relations commerciales entre les Celtes et la Méditerranée ont déterminé de façon décisive l’éveil de la civilisation et de la culture de l’Occident.
À partir du Ve siècle avant J.-C., ses orfèvreries délicates, ses fantaisies ornementales associent à la virtuosité de l’artisan le bon goût, le sens inné de la mesure, du rythme et de l’harmonie. Dès le IVe siècle, l’art gaulois a su dégager de ses expériences dans les techniques du bois et du bronze repoussé une statuaire originale. Partant de l’abstrait, de l’ornemental, du symbolique, il tend vers l’expressionnisme, puis vers le réalisme, en un mouvement continu qui lui est propre. Sans doute a-t-il subi presque sans interruption l’ascendant des techniques et des modèles qui lui venaient soit du monde hellénique, soit d’Étrurie ou d’Orient. Mais il a su réagir à ces impulsions de manière personnelle et constituer une synthèse inédite.
Les mêmes traits se retrouvent, d’ailleurs, et dans les œuvres du midi de la Gaule, et dans celles du reste du territoire gaulois et de l’Allemagne du Sud.

En réalité, l’art gaulois se distingue de tous les arts périphériques de la Méditerranée, pourtant inspirés des mêmes modèles, par une personnalité plus forte, une capacité d’invention plus riche, une aptitude étrange à concilier les contraires et à se porter simultanément vers des extrêmes apparemment inconciliables. Son habileté à rendre le fantastique et l’horrible est, dans une large mesure, tempérée par son goût de l’harmonie et par son souci du décor linéaire symétrique et bien rythmé. Ses inventions naïves et spontanées dans le domaine de la mythologie et de l’iconographie religieuse attestent qu’il a conservé une conception du sacré et du divin diamétralement opposée à celles des Grecs et des Romains.

C’est un art encore chargé d’intuitions obscures, dominé par le sentiment des mystères irrationnels de la vie, de la mort et du cosmos.
Après la conquête romaine, en dépit des assauts d’une civilisation et d’une culture qui agissent sur elle autant par les images et les formules artistiques que par la force militaire et administrative, la Gaule n’abandonnera, malgré les apparences, ni ses idées religieuses ni ses traditions artistiques. Sans doute sera-t-elle obligée de céder et de transiger, notamment en abandonnant progressivement une imagerie autonome qui n’était pas encore fixée et qui ne connut jamais son plein épanouissement. Mais l’art gaulois conservera ses habitudes de style et ses formes de pensée religieuse.

Quand l’artiste représente les dieux et les héros de la Grèce et de Rome, il demeure très imprégné de mentalité gauloise. Même quand il se réfère en apparence à des mythes gréco-romains, il leur fait exprimer des idées et des croyances conformes à ses propres légendes, à ses cérémonies, à ses rites.

Fragment d'un article de Jean Jacques Hatt dans l'E.U.
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Messagede Luernos » Mar 18 Jan, 2005 11:03

en faisant des "fouilles" sur e-bay pour voir ce qu'il y avait en pillage ...
j'ai vu que le VARAGNAC de 64 y était en vente:
http://cgi.ebay.fr/ws/eBayISAPI.dll?Vie ... 97346&rd=1

avis au amateurs moi je n'en ai plus besoin !
(merci Erreip... faut que je te le renvoie)
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Messagede Guillaume » Mar 18 Jan, 2005 21:04

Salut Luernos,

Merci pour le lien, même si j'ai déjà ce livre. Avec Pierre je crois qu'on a dû l'acheter la même semaine chez le même bouquiniste... ;)
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Messagede Pierre » Mar 18 Jan, 2005 21:11

Non, non,


Ce n'était pas le même bouquiniste :wink:


De plus, je croit que yrreihT, l'a aussi 8)



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