Demain matin, aux antipodes, quinze guerriers vêtus de blancs, se dresseront presque seuls, face à la furia du peuple vétu tout de noir. Ils sont attendus dans l'arêne comme victimes expiatoires, derniers représentants d'une tendance divergente à la vérité-normalité anglo-saxonne du jeu-combat devenu presqu'exlusivement combat à peine figuré où le jeu avec le ballon a pratiquement disparu au profit d'un affrontement musculaire cryogénisé massif.
Les quinze bleus totalement blanchis ont eux même tellement subi l'évolution musculorigoriste de ces dernières années qu'ils semblent être devenus incapables des envolées surprenantes de leurs ainés qui avec une pratique parfois folle et déraisonnable, transformaient un jeu de brutes austères sans imagination ou tout semblait défini par avance, en un drame glorieux et flamboyant aux rebondissements sans fin, et parvenaient de temps à autre à semer la stupeur chez les perfides anglois ou leurs cousins des mers du sud.
Dans ces derniers temps, rien ne permet d'augurer la reitération des exploits d'antan qui nous ont tant fait aimé le jeu à quinze, et pourtant....si l'espace de 80 minutes, le ballon ovale ne rebondissait pas là où on l'attend, et si les quinze blancs becs sauvaient ce jeu tellement engoncé dans ses certitudes ?
Allez les bleus.