Défaite du consul Marcus Iunius Silanus face aux Cimbres (109 av. J.-C.)
À une date comprise entre 113 et 109 av. J.-C., les Cimbres et leurs alliés franchirent le Rhin. Les sources sont muettes quant à ce que furent leurs agissement immédiatement après leur traversée. Peut-être pillèrent-ils une première fois l'est de la Gaule ? Toujours est-il qu'au cours de l'année 109 av. J.-C., les barbares menacèrent le district de Gaule transalpine. Pour faire face à cette menace, le Sénat romain dépêcha sur place le consul Marcus Iunius Silanus. Les sources diffèrent quant aux évènements qui s'en suivirent. Ainsi, Florus prétend que les Cimbres, les Teutons et les Tigurins dépêchèrent des ambassadeurs au camp du consul afin de réclamer aux Romains des terres où s'établir en Italie, tout en indiquant avoir d'abord été repoussés par les Gaulois et les peuples d'Hispanie. En contrepartie, ils offraient aux Romains l'entière disposition de leurs bras et de leurs armes. Suivant le même auteur, le Sénat rejeta cette demande, craignant que la loi agraire nécessaire à ce transfert n'eût déclenché une guerre civile (Abrégé de l'Histoire romaine, III, 4). Ce passage est plus qu'étonnant puisque à cette date, les Cimbres et leurs alliés n'avaient visiblement pas encore mené de campagne dans la Péninsule ibérique, ni été chassés de Gaule. De tels propos n'auraient pu être tenus avant 103 av. J.-C. (1). En outre, il semble que leur volonté de passer en Italie soit née que vers 105 av. J.-C. (2). Quels que soient les possibles erreurs de Florus, il n'est pas inenvisageable de penser que les barbares aient réclamé des terres et que le refus qui leur fut opposé déclencha les hostilités. Les autres sources se sont contentées de décrire très suscintement ce qui s'en suivi. Les Cimbres, les Teutons et les Tigurins écrasèrent l'armée consulaire et mirent en fuite le consul Marcus Iunius Silanus (3) (Asconius, Commentaires des discours de Cicéron : Plaidoyer pour C. Cornelius, 68 ; Florus, Abrégé de l'Histoire romaine, III, 4 ; Tite-Live, Periochae, LXV ; Velleius Paterculus, Histoire Romaine, II, 12). Notons enfin que selon Tite-Live, ce ne fut qu'après cette défaite romaine que les barbares réclamèrent des terres et que le Sénat romain les leur refusa (Periochae, LXV).
Cette cuisante défaite de l'armée romaine eut des conséquences. En premier lieu, le consul Marcus Iunius Silanus fit aboger un certain nombre de lois qui avaient eu pour effet de réduire la durée du service militaire (Asconius, Commentaires des discours de Cicéron : Plaidoyer pour C. Cornelius, 68).
Les Cimbres et leurs alliés ne furent plus mentionnés par les sources anciennes avant 107 av. J.-C., année au cours de laquelle une partie des barbares affronta l'armée de Lucius Cassius Longinus et détourna les Volques Tectosages de leur alliance avec Rome. Tout porte donc à penser qu'ils reprirent le pillage de la Gaule indépendante.
Notes
Sources littéraires anciennes
Asconius, Commentaires des discours de Cicéron : Plaidoyer pour C. Cornelius, 68 : "[Cicéron] Il y a, juges, quatre circonstances où, suivant la coutume de nos ancêtres, le sénat peut statuer quelque chose sur les lois. Il décrète d'abord que telle loi est abrogée; comme il le fit sous le consulat de C. Caecilius et de M. Iunius, pour celles qui entravaient le service militaire." "[Asconius] Q. Caecilius Metellus Numidicus et M. Iunius Silanus, dont il est fait mention, étaient consuls au moment de la guerre contre les Cimbres, une guerre menée de manière inefficace et improductive ; en effet Iunius lui-même avait échoué face aux Cimbres [...] et il a donc abrogé un certain nombre de lois votées pendant ces années par le peuple, qui avaient pour effet de réduire la durée du service militaire."
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Eutrope, Abrégé de l'Histoire romaine, IV, 11 : "M. Iunius Silanus, collègue de Q. Metellus, défit les Cimbres dans la Gaule ; Minutius Rufus vainquit, en Macédoine, les Scordisques et les Triballes, et Servilius Caepio battit les Lusitaniens en Espagne. La défaite de Jugurtha fournit deux triomphes : le premier à Metellus, le second à Marius."
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Florus, Abrégé de l'Histoire romaine, III, 4 : "Les Cimbres, les Teutons et les Tigurins, partis des extrémités de la Gaule et fuyant les inondations de l'Océan, cherchaient de nouvelles demeures par tout l'univers. Repoussés de la Gaule et de l'Espagne, ils voulurent passer en Italie et envoyèrent des ambassadeurs au camp de Silanus et de là au Sénat. Ils demandaient au peuple de Mars de leur accorder quelques terres à titre de solde ; en échange, ils mettraient à son entière disposition leurs bras et leurs armes. Mais quelles terres pouvait donner le peuple romain chez qui les lois agraires allaient provoquer la guerre civile ? Aussi n'obtinrent-ils pas satisfaction, et ils décidèrent de prendre par les armes ce qu'ils n'avaient pu avoir par la prière. Silanus ne put soutenir le premier choc des barbares, Manlius ne put soutenir le second, ni Caepio le troisième. Tous trois furent mis en fuite et chassés de leurs camps. Tout était perdu, si ce siècle n'eût, par bonheur, produit Marius."
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Tite-Live, Histoire romaine (Periochae), LXV : "Le consul Q. Caecilius Metellus défait Jugurtha dans deux combats et ravage toute la Numidie. - M. Iunius Silanus, consul, est vaincu dans un combat contre les Cimbres. Leurs députés viennent demander une demeure et des terres où ils puissent s'établir ; le sénat refuse."
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Velleius Paterculus, Histoire Romaine, II, 12 : "C'est alors qu'on vit s'avancer, comme nous l'avons dit plus haut, un immense flot de peuplades germaniques, les Cimbres et les Teutons. En Gaule, ils avaient battu et mis en fuite les consuls Caepio et Manlius et avant eux Carbo et Silanus ; ils les avaient dépouillés de leurs armées, ils avaient égorgé l'ancien consul Scaurus Aurelius et d'autres personnages très illustres." |
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