Emporion / Eμπόριον - Fondation hellénistique située dans le golfe de Rosas, créée au début du VIe s. av. J.-C. Les restes de cette cité ont été mis au jour entre le XIXe et le XXe s. à San-Martín-de-Ampurias. Le nom de cette localité s'explique aisément par le grec εμπόριον qui signifie "marché / place de négoce". Les sources anciennes et l'archéologie confirment que cette ville était double, sinon triple. En effet un premier établissement grec remontant à la première moitié du VIème siècle av. J.-C., a été fondé sur un isthme aisément défendable, près de l'embouchure du fleuve Fluvià. Les vestiges de ce poste ont été mis au jour au niveau de l'actuel San-Martín-de-Ampurias et correspondent très certainement à la παλαιὰ πόλις ("la vieille ville") de Strabon (Géographie, III, 4, 8). Ce premier établissement a été succédé par la création, au cours de ce même VIe s. av. J.-C. d'une nouvelle ville sur le continent. Les deux villes (en réalité une seule et unique ville ou " ville double ") ont été occupée simultanément. A l'époque romaine les deux précédents sites ont été rassemblés sous la forme d'une ville unique, Emporium.
Les relations entretenues par Eμπόριον sont délicates à définir. Le Pseudo-Scymnos, (201-216) et Strabon (Géographie, III, 4, 8), font de cette ville une possession massaliote. Tite-Live (Histoire Romaine, XXVI, 19), plus imprécis, une colonie phocéenne. Chose est certaine, Eμπόριον paraît avoir bénéficier d'une indépendance au moins relative, puisque selon Strabon (Géographie, III, 4, 8), les habitants de Ῥόδη (Santa-Maria, Rosas) sont d'origine emporite. Notons également que la colonie d'Eμπόριον, tout comme celle de Ῥόδη, battaient monnaie.
Légendes monétaires d'Emporion :
ΕΜ
ΕΜΠ
ΕΜΠΟΡ
ΕΜΠΟΡΙΤΩΝ
ΕΜΠΟΡΕΙΤΩΝ.
Aucun évènement historique majeur n'est évoqué dans les sources anciennes au niveau de celle ville, mis à part le débarquement de Scipion l'Africain, ici, en 211 av. J.-C.
Tite-Live, Histoire Romaine, XXVI, 19 : "Le général partit ainsi de l'embouchure du Tibre avec une flotte de trente galères, toutes à cinq rangs de rames; et, après avoir longé les côtes de la mer de Toscane et les Alpes, doublé le golfe de Lyon et le promontoire des Pyrénées, il débarqua ses troupes à Empories, ville grecque, dont les habitants étaient originaires de la Phocée."
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pseudo-Scylax, Périple, 2 : "IBÈRES : En Europe, les premiers sont les Ibères, peuple d'Ibérie, avec le fleuve Iberos. On y voit aussi un comptoir (une ville grecque appelée Emporion) peuplée de colons massaliotes. La navigation le long des côtes de l'Ibérie est de sept jours et sept nuits."
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pseudo-Scylax, Périple, 3 : "LIGYES ET IBÈRES : Au-delà des Ibères, il y a des Ligyes et des Ibères vivant mêlés jusqu'au fleuve Rhodanos. La navigation le long de la côte des Ligyes depuis Emporion jusqu'au fleuve Rhodanos est de deux jours et une nuit."
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Pseudo-Scymnos, 201-216 : "Puis, le long de la mer, au-dessous (des Bébryces), se trouvent les Ligyes et les villes helléniques que les Phocéens massaliotes ont colonisées. La première est Emporium, Rhodé, la seconde, fondée par les Rhodiens qui jadis avaient de grandes forces navales."
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Pline, Histoire Naturelle, III, 4, 5 : "Après eux, et dans l'ordre que je vais suivre, au pied des Pyrénées, et en s'avançant dans l'intérieur des terres, les Aursétans, les Lacétans: dans les Pyrénées mêmes, les Cerrétans, puis les Vascons ; sur la côte, la colonie Barcelone, surnommée Faventia ; Baetulo, Iluro, villes à droit romain; le fleuve Larnum, Blandae, le fleuve Alba (le Ter) ; Emporiae, ville double, moitié aux indigènes et moitié à des Grecs descendants des Phocéens; le fleuve Tichis ; puis Vénus des Pyrénées, sur l'autre côté du promontoire , à une distance de 40.000 pas."
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Pomponius Mela, Description de la Terre, II, 80 : "En longeant le rivage, à partir de Cervaria, on rencontre un rocher, qui prolonge le Pyrénée dans la mer ; les fleuves Tichis et Clodianum, dont le premier baigne les murs de Rhoda, et le second ceux d'Empories ; la montagne de Jupiter, où l'on voit, sur la partie occidentale des pointes de rocher s'élever en forme de degrés, à peu de distance les uns des autres : ce qui a fait donner à cette partie le nom d'Échelles d'Annibal ; et de là jusqu'à Tarracon, les petites villes de Blanda, d'Eluron, de Baetulon, de Barcinon, de Subur, de Tolobi ; trois petits fleuves, le Boetulon au pied de la montagne de Jupiter, le Rubricatum auprès de Barcinon, et le Maïus entre Subur et Tolobis. Tarracon est la plus opulente des villes situées sur cette côte. Le petit fleuve Tulcis coule sous ses murs, et plus bas le grand fleuve Ibère baigne ceux de Dertosa."
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Strabon, Géographie, III, 4, 8 : "Généralement, depuis les Colonnes d'Hercule jusqu'ici, la côte n'offre qu'un très petit nombre de ports ; en revanche, de Tarracon à Emporium, les bons ports ne sont point rares. Le sol, qui plus est, dans cette partie du littoral, se fait remarquer par sa fertilité, notamment chez les Laeétans, chez les Lartolaeètes, etc. Emporium, colonie de Massalie, n'est qu'à 40 stades environ du Mont Pyréné et de la frontière de la Celtique ; tout son territoire, le long de la côte, est également riche, fertile et pourvu de bons ports. On y voit aussi Rhodé, petite place dont la population est emporite, mais qui, suivant certains auteurs, aurait été fondée par les Rhodiens. Diane d'Ephèse y est, ainsi qu'à Emporium, l'objet d'un culte particulier, nous en dirons la raison en parlant de Massalia. Dans le principe, les Emporites n'avaient occupé que cette petite île voisine de la côte, qu'on appelle aujourd'hui Palaeopolis, la Vieille-Ville, mais actuellement leur principal établissement est sur le continent, et comprend deux villes distinctes, séparées par une muraille, voici pourquoi : dans le voisinage immédiat du nouvel Emporium se trouvaient quelques tribus d'Indicètes, qui, tout en continuant à s'administrer elles-mêmes, voulurent, pour leur sûreté, avoir avec les Grecs une enceinte commune. Par le fait, l'enceinte fut double, puisqu'un mur transversal la divisa par le milieu. Mais, avec le temps, les deux villes se fondirent en une seule cité, dont la constitution se trouva être un mélange de lois grecques et de coutumes barbares, ce qui du reste s'est vu en beaucoup d'autres lieux. Ajoutons qu'à peu de distance d'Emporium passe un cours d'eau qui descend du Mont Pyréné, et dont l'embouchure sert de port à la ville." |
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