Le Périple du pseudo-Scylax (Περιπλους) - Recueil d'informations relatives à la navigation autour de la Méditerranée, il fut faussement attribué à Scylax de Caryanda, avant que les chercheurs modernes n'aient rejeté cette attribution et aient dénommé son auteur le pseudo-Scylax. Ce texte se présente comme une circumnavigation de la mer Méditerranée et de la mer Noire, entreprise depuis la portion européenne des Colonnes d'Hercule en longeant les côtés européennes et asiatiques vers la Méditerranée orientale, puis depuis celle-ci vers la portion africaine des Colonnes d'Hercule, le long des côtes africaines. Divisé en trois parties ; ΕΥΡΩΠΗ ("Europe", 1-71), ΑΣΙΑ ("Asie", 72-106) et ΛΙΒΥΗ ("Afrique", 107-112) ; ce document était visiblement destiné à être utilisé pour la navigation. La position des principaux peuples du littoral méditerranéen y est précisée, de même que l'embouchure des grands fleuves, la position des principales îles, les plus importantes villes et ports (avec une attention toute particulière pour les villes grecques), et enfin les durées (ou distances) séparant les différentes contrées. Le Périple du pseudo-Scylax est un document particulièrement intéressant parce qu'il renferme l'une des plus anciennes descriptions du sud de la Gaule, un témoignage inédit sur les Ligures et l'une des plus anciennes mentions des Celtes.
Dans le cadre de ce périple, l'auteur anonyme mentionne nombre d'indices permettant de proposer une datation relativement fine à ce texte, bien que rares sont les anecdotes historiques qui y figurent. Tout d'abord le texte évoque assez clairement les possession que les Carthaginois auraient eu en Europe, au-delà des Colonnes d'Hercule (Périple, 1), allusion qui ne peut être que postérieure au périple d'Himilcon (Ve / IVe s. av. J.-C.). De plus, décrivant le voisinage de la Vénétie, il mentionne "ceux du peuple des Celtes qui sont restés lorsque les autres sont partis en campagne" (Périple, 18), allusion nécessairement postérieure à l'installation de ces populations dans la basse-plaine du Pô (début du IVe s. av. J.-C.). La situation décrite est par contre nécessairement antérieure à l'installation des Sénons sur les territoires appartenant aux Étrusques le long de l'Adriatique (milieu du IVe s. av. J.-C.). Aussi, l'extension du territoire des Étrusques, des Latins et des Volsques (Périple, 5 ; 8-9) est nécessairement antérieure à la guerre latine (340-338 av. J.-C.), puisque au terme de celle-ci, l'ensemble des territoires latins passèrent sous le contrôle de Rome, jusqu'à Κιρκαίου (Kirkaion, San Felice Circeo). En Lucanie, Λᾶος (Laos, Marcellina, Santa Maria del Cedro), fondée par Θουρίας (Thouria, Sibari) est toujours qualifiée de "ville grecque" bien qu'elle ait été prise par les Lucaniens en 389 av. J.-C. (Périple, 12). Autour de la mer Égée et en Méditerranée orientale, le pseudo-Scylax n'a fait aucun cas de l'expansion macédonienne du temps de Philippe II (359-336 av. J.-C., et à fortiori de son fils Alexandre le Grand) et notamment la soumission de la Thrace (343-342 av. J.-C.) et de la Grèce (338 av. J.-C.). Par contre, des événements remontant à la fin du Ve s. av. J.-C. ont parfaitement été pris en compte. Ainsi, Ἡράκλειον (Herakleion, Platamon) cédée par Athènes à Perdiccas II, en 413 av. J.-C., est bien attribuée à la Macédoine. Πέλλα (Pella), "où est le palais royal (de Macédoine)" (Périple, 66) supplanta Αἰγαί (Aigéai, Vergina) à la transition des Ve et IVe s. av. J.-C. On notera d'ailleurs cette dernière n'est pas mentionnée, bien qu'elle ne perdit rien de son importance. Le littoral macédonien et thrace est encore décrit comme constellé de cités grecques, situation qui changea notablement au milieu du IVe s. av. J.-C. Ainsi, en Thrace (Périple, 67), Ἀμφίπολις (Amphipolis) fut annexée par Philippe II en 357 av. J.-C., tandis qu'en Macédoine (Périple, 66) Πύδνα (Pydna, Pydna-Kolindros), Μεθώνη (Methoné, Méthone, Piérie) et Ποτίδαια (Potidaia, Nea Poteidaia) le furent prises en 356 av. J.-C. Ποτίδαια fut à cette occasion entièrement dépeuplée et rasée par Philippe II de Macédoine et son territoire offert à la cité d'Ὄλυνθος (Olynthos). Ὄλυνθος fut à son tour dépeuplée et rasée en 348 av. J.-C. lorsque Philippe II de Macédoine annexa les territoires des cités grecques de la ligue chalcidienne. Ces différentes villes figurent dans le texte du pseudo-Scylax et y sont qualifiées de "villes grecques" (Périple, 67-66), ce qui implique une rédaction antérieure à ces événements. Ainsi, même en considérant que l'auteur de ce périple a pu utiliser des sources n'ayant pas été actualisées, ce faisceau d'observations relativement concordantes, pousse à croire que cette oeuvre a été rédigée au début du IVe s. av. J.-C., sans ajout postérieur.
Vous pouvez consulter ce texte dans son intégralité (texte en grec et traduction en français) en suivant ce lien :
Le Périple du pseudo-Scylax [édition bilingue]
Sources: Julien Quiret pour l'Arbre Celtique
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