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Jonas de Bobbio:
Vie de saint Colomban et de ses disciples
, I, 13, 21
, Trad: Adalbert de Vogüé
, 1988
, Abbaye de Bellefontaine
Sur ces entrefaits, le moment arriva de rentrer dans les granges une abondante moisson, mais le grand vent ne cessait d'accumuler des nuages. Le besoin se faisait pressant, si l'on ne voulait pas que les épis mûrs germent sur pied et que la moisson se perde. L'homme de Dieu se trouvait au monastère de Fontaines, où le sol récemment défriché avait donné une moisson particulièrement abondante. Les vents étaient déchaînés, leur souffle apportant de grosses pluies. Pas un instant les nuées du ciel n'arrêtaient de déverser leurs ondées sur la terre.
Que faire dans de telles conditions ? L'homme de Dieu se le demandait anxieusement. La foi donna des armes à son âme et lui montra comment obtenir l'aide requise. Il appela tous les frères et leur commanda de couper la moisson. L'ordre du Père les surprit, mais pas un ne lui fit voir ce qu'il pensait. Ils arrivent tous et, sous la pluie battante, coupent la moisson à la faux, en regardant ce que faisait le Père. Celui-ci place aux quatre coins de la moisson, pour diriger le travail, quatre hommes remplis d'esprit religieux : Cominin, Eunoc et Equonan, tous trois d'origine irlandaise, et en quatrième lieu Gurgan, un breton d'origine. Après leur avoir confié ces postes, lui-même, au milieu, moissonnait avec le reste de la troupe.
Miracle étonnant ! La pluie fuyait la moisson, tandis que ses torrents se déversaient de tous côtés. Seuls, au milieu, les moissonneurs étaient brûlés par le soleil ardent. Jusqu'à ce qu'ils eussent rentré la moisson, un grand souffle chaud passa sur eux. C'est ainsi que la foi et la prière obtinrent que la pluie fût écartée et que la chaleur se fit sentir au milieu de averses.
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