Ceux qui sont loin de leurs traces, et qui combattent / vainquent avec le sanglier / l'if
Localisation:
L'Évrecin
Capitale:
Mediolanum (Evreux)
Aulerques Éburovices
Localisation
Peuple de la Gaule celtique, leur territoire correspondait à l'ancien diocèse Evreux (avant 1790), lequel couvrait l'ensemble de l'actuel Évrecin, soit la haute-vallée de la Risle, la vallée de l'Iton et la basse-vallée de l'Eure. Mediolanum (Evreux) était leur capitale.
Attestations et étymologie
Ce peuple fut mentionné sous les formes Aulerci Eburovices et Aulercis Eburovicibus par César (Guerre des Gaules, III, 17 ; VII, 75), Aulerci qui cognominantur Eburovices par Pline (Histoire naturelle, IV, 107), Αὐλίρκιοι οἱ Ἐβουρουικοὶ par Ptolémée (Géographie, II, 8, 9) et CIVITATIS AVLERCORVM EBVR(OVICVM) sur une inscription découverte à Limoges (CIL 13, 1390). Leur nom est gaulois. Le premier composé s'explique par le préfixe au-, qui exprime l'idée de séparation ou d'éloignement, associé au terme -lergo / -lerco qui signifie "trace". L'ensemble devait signifier "(ceux qui sont) loin de leurs traces". Dans le second composé, on reconnaît le terme eburo- qui signifie "sanglier", et possiblement "if", associé à -vico "combat / combattant". "Éburovices" signifie donc "(ceux qui) combattent / vainquent avec le sanglier" ou moins certainement "(ceux qui) combattent / vainquent avec l'if".
Histoire
● Protohistoire
On considère régulièrement que les Aulerques Éburovices, Aulerques Diablintes, Aulerques Cénomans et Aulerques Brannovices pourraient avoir été les fractions d'un même peuple, ayant pris leur indépendance dans un contexte qui ne nous est pas connu. Autre alternative, on peut également penser qu'il s'agît de peuples différents, unis au sein d'une même confédération. Les rares textes existants, la Guerre des Gaules de César en premier lieu, n'apportent aucun élément d'explication.
● Guerre des Gaules
Bien que le récit de la guerre des Gaules (58-51 av. J.-C.) par César soit généralement précis, il mentionne à plusieurs reprises les Aulercos "Aulerques" sans que nous ne puissions dire s'il les évoque dans leur ensemble, ou s'il évoque une population particulière de manière imprécise. Les Aulerques Éburovices firent assurément parler d'eux pour la première fois lorsque, en 56 av. J.-C., à l'arrivée de Quintus Titurius Sabinus chez les Unelles, les Lexoviens et eux se soulevèrent et massacrèrent leur sénat (César, Guerre des Gaules, III, 17).
Enfin, en 52 av. J.-C., ils fournirent un contingent de 3000 hommes aux armées de secours chargées de contraindre César à lever le siège d'Alesia (César, Guerre des Gaules, VII, 75).
● Intégration de la cité des Aulerques Éburovices à l'Empire romain
Dans le cadre de la réforme provinciale de Dioclétien (dernière décennie du IIIe s. ap. J.-C.), la province de Gaule lyonnaise fut divisée en deux nouvelles provinces. À cette occasion, la cité des Aulerques Éburovices intégra la province de Lyonnaise seconde.
Sources littéraires anciennes
César, Guerre des Gaules, III, 17 :"Tandis que ces événements se passaient chez les Vénètes, Q. Titurius Sabinus arrivait sur les terres des Unelles avec les troupes qu'il avait reçues de César. Viridovix était à la tête de cette nation et avait le commandement en chef de tous les états révoltés, dont il avait tiré une armée et des forces redoutables. Depuis peu de jours les Aulerques Éburovices et les Lexovii, après avoir égorgé leur sénat qui s'opposait à la guerre, avaient fermé leurs portes et s'étaient joints à Viridovix. Enfin de tous les points de la Gaule était venue une multitude d'hommes perdus et de brigands que l'espoir du pillage et la passion de la guerre avaient arrachés à l'agriculture et à leurs travaux journaliers."
César, Guerre des Gaules, VII, 75 :"Pendant que ces choses se passaient devant Alésia, les principaux de la Gaule, réunis en assemblée, avaient résolu, non d'appeler aux armes tous ceux qui étaient en état de les porter, comme le voulait Vercingétorix, mais d'exiger de chaque peuple un certain nombre d'hommes ; ils craignaient, dans la confusion d'une si grande multitude, de ne pouvoir ni la discipliner, ni se reconnaître, ni se nourrir. Il fut réglé que les divers états fourniraient, savoir [...] les Ambiens, les Médiomatrices, les Petrocorii, les Nerviens, les Morins, les Nitiobroges, chacun cinq mille ; les Aulerques Cénomans, autant ; les Atrébates, quatre mille ; les Véliocasses, les Lexovii, les Aulerques Eburovices, chacun trois mille, les Rauraques avec les Boïens, mille ; vingt mille à l'ensemble des peuples situés le long de l'Océan, et que les Gaulois ont l'habitude d'appeler Armoricains, au nombre desquels sont les Curiosolites, les Redons, les Ambibarii, les Calètes, les Osismes, les Lémovices, les Unelles."
Pline, Histoire naturelle, IV, 107 :"La Gaule Lyonnaise renferme les Lexoviens, les Véliocasses, les Calètes, les Vénètes, les Abrincatuens, les Ossismiens ; la Loire, fleuve célèbre ; une péninsule remarquable qui s'avance dans l'Océan, à partir des Ossismiens, dont le tour est de 625.000 pas, et dont le col a 125.000 pas de large ; au-delà de cette péninsule, les Namnètes ; dans l'intérieur, les Éduens, alliés, les Carnutes, alliés, les Boïens, les Sénons, les Aulerques surnommés Éburoviques, et ceux qui sont surnommés Cénomans ; les Meldes, libres ; les Parisiens, les Tricasses, les Andécaves, les Viducasses, les Bodiocasses, les Venelles, les Coriosuélites, les Diablintes, les Riedons, les Turons, les Atésuens, les Ségusiaves, libres, dans le territoire desquels est Lyon, colonie."
Sources épigraphiques
Inscription de Limoges (CIL 13, 1390) D(IS) M(ANIBVS) ET M(EMORIAE) PAETI PAETINI DECVRIONIS CIVITATIS AVLERCORVM EBVR(OVICVM) IPSE SIBI VIV(V)S POSVIT
"Aux Dieux Mânes et à la mémoire de Paetus Paetinus, décurion de la cité des Aulerques Eburovices, l'a déposé (cette stèle) pour lui-même, de son vivant."