Célébration du triomphe de Lucius Aemilius Paullus (181 av. J.-C.)
La victoire remportée par Lucius Aemilius Paullus sur les Ingaunes, puis la capitulation de ce peuple valurent à ce proconsul les honneurs du triomphe. Cet événement nous est connu par quatre sources distinctes, le Pseudo-Aurelius Victor (Des hommes illustres de la ville de Rome, LVI), Plutarque (1) (Vies parallèles des hommes illustres : Vie de Paul Émile, XXX), Tite-Live (Histoire romaine, XL, 34) et une inscription honorifique provenant d'Arezzo (CIL 11, 1829). Seule la description fournie par Tite-Live offre des informations satisfaisantes. On y apprend que le vainqueur entra à Rome en faisant porter devant lui 25 couronnes d'or, lesquelles furent les seuls objets de valeur tirés de la guerre contre les Ingaunes. Elles furent suivies par les prisonniers renommés, puis par le char du vainqueur. À ceci, le Pseudo-Aurelius Victor ajoute qu'un tableau fut exposé de manière à illustrer les exploits du proconsul (Des hommes illustres de la ville de Rome, LVI). Enfin, à l'issue de ces célébrations, Lucius Aemilius Paullus offrit 300 as à chacun de ses soldats.
Tite-Live précise qu'une ambassade de Ligures (Ingaunes ?) assista à cette cérémonie et vint pour demander une paix perpétuelle aux Romains. Au nom du sénat, le préteur pérégrin Quintus Fabius exprima ses doutes quant à la bonne volonté des Ligures, et leur rappela leurs récents revirements. Il leur fit cependant la promesse d'une paix durable s'ils respectaient leurs engagements.
Notes
(1) Plutarque se contente d'une très courte allusion, dans le cadre de l'évocation du second triomphe de Lucius Aemilius Paullus, octroyé en 167 av. J.-C., suite à sa victoire sur le roi Persée de Macédoine (168 av. J.-C.).
Sources littéraires anciennes
Pseudo-Aurelius Victor, Des hommes illustres de la ville de Rome, LVI : "Lucius Paul Émile, fils de celui qui périt à Cannes, triompha des Liguriens, lors de son premier consulat, qu'il n'obtint qu'après trois refus. Dans son triomphe, il exposa aux regards des citoyens un tableau qui représentait toute la suite de ses exploits."
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Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres : Vie de Paul Émile, XXX : "Au point du jour, le peuple fut appelé à voter. La première tribu refusait le triomphe à Paul-Émile, et la rumeur s'en répandit aussitôt dans le reste du peuple et au Sénat. La masse, profondément attristée de l'outrage fait au grand homme, se livrait à des clameurs sans efficacité ; mais les plus connus des membres du Sénat se récriaient contre l'indignité du fait et s'encourageaient mutuellement à réprimer l'arrogance et l'audace des soldats, qui se porteraient à toutes les illégalités et à toutes les violences, si rien ne venait les empêcher d'ôter à Paul-Émile les honneurs du triomphe. Écartant la foule, ils montèrent en corps au Capitole et dirent aux tribuns de suspendre le vote jusqu'à ce qu'eux-mêmes eussent fait à la foule les représentations qu'ils voulaient. Tout le monde s'arrêta et le silence se fit. Alors un personnage consulaire qui avait tué vingt-trois ennemis en combat singulier, Marcus Servilius, monta à la tribune et dit : Je connais maintenant mieux que jamais quel grand général a été Paul-Émile, en voyant l'indiscipline et la mollesse de l'armée dont il s'est servi pour réussir de si grands et de si beaux exploits, et je m'étonne que le peuple qui se glorifie des triomphes remportés sur les Illyriens et les Ligures se refuse à voir le Roi de Macédoine vivant et, en sa personne, la gloire de Philippe et d'Alexandre, menés en captivité par la force des armées de Rome [...]."
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Tite-Live, Histoire romaine, XL, 34 : "Vers la même époque, le proconsul Paul-Émile triompha des Ligures Ingaunes. Il fit porter devant lui vingt-cinq couronnes d'or : ce furent les seuls objets de prix qui parurent à ce triomphe. Une foule de captifs de distinction précédèrent le char du vainqueur. Chaque soldat reçut une gratification de trois cents as. Ce qui rehaussa la gloire de ce triomphe, ce fut la présence d'une ambassade de Ligures qui venait demander une paix perpétuelle et déclarait que les Ligures avaient résolu de ne plus prendre les armes que sur l'ordre du peuple romain. Le préteur Q. Fabius répondit au nom du sénat que ce langage n'était pas nouveau dans la bouche des Ligures, mais qu'ils étaient plus intéressés que personne à mettre leurs sentiments en harmonie avec leurs paroles ; qu'ils n'avaient qu'à se présenter aux consuls et à exécuter leurs injonctions; que le sénat s'en rapporterait à ces magistrats et pas à d'autres, sur la sincérité des dispositions pacifiques des Ligures. On eut donc la paix en Ligurie."
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Sources épigraphiques
Inscription d'Arezzo (CIL 11, 1829) L(VCIVS) AEMILIVS L(VCI) F(ILIVS) PAVLLVS CO(N)S(VL) II CENS(OR) INTERREX PR(AETOR) AED(ILIS) CVR(VLIS) Q(VAESTOR) TR(IBVNVS) MIL(ITVM) TERTIO AVG(VR) LIGVRIBVS DOMITIS PRIORE CONSVLATV TRIVMPHAVIT ITERVM CO(N)S(VL) VT CVM REGE [PER]SE BELLVM GERERET AP[SENS F]ACTVS EST COPIAS REGIS [DECEM DIEB]VS QVIBVS MAC[EDONIAM ATTIGIT] DELE[VIT REGEM CVM LIBERIS] CEP[IT ...
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"À Lucius Aemilius Paullus, fils de Lucius, 2 fois consul, censeur, interroi, préteur, édile curule, questeur, 3 fois tribun militaire, augure. Lors de son premier consulat, il a dompté les Ligures et célébré un triomphe. En son absence, il fut élu consul pour la seconde fois pour faire la guerre au roi Persée. Il détruisit les forces du roi seulement dix jours après son arrivée en Macédoine, captura le roi et ses enfants [...]."
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