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Vulchalo (?) |
Vulchalo - Toponyme uniquement connu par un passage du Plaidoyer pour M. Fontéius de Cicéron, dont la seule copie - fortement corrompue - provient d’un manuscrit du IXᵉ s. Si les noms communs ont pu être corrigés, certains toponymes apparaissent inédits, possiblement en raison de cette altération (1). Dans le cas de Vulchalo, il semble certain que le toponyme soit corrompu, mais il demeure délicat de préciser s’il s’agît de l’altération d’un nom déjà connu, ou d’un toponyme inédit. Plusieurs travaux ont tenté de trancher cette question.
Dans son plaidoyer, Cicéron a mentionné Vulchalo comme étant l’un des quatre lieux de péage où étaient taxées les amphores remplies de vin provenant d'Italie, avec Tolosae, Croduni et Elesioduni. Suivant É. Griffe (1957), ces postes de perception (2) ne pouvaient se trouver dans de simples vici, et devaient nécessairement être implantés dans l’une des villes secondaires dont les noms figurent dans les itinéraires et autres textes antiques. Ainsi, cet auteur suppose que le toponyme Vulchalo ne serait qu’une erreur de graphie pour Carcaso (Carcassonne, Aude), ville que l’on trouve parfois mentionnée sous la forme Carchasone, ce qui peut être justifié d’un point de vue paléographique. En outre, à l’instar de la Vulchalo du manuscrit médiéval, Carcassonne est effectivement située entre Narbonne et Toulouse, et était suffisamment importante pour accueillir un bureau de péage. Si cette correction s'avère exacte, nous aurions ici la plus ancienne attestation du nom de Carcassonne. Cette hypothèse séduisante ne fait toutefois pas l’unanimité. En effet, le texte de Cicéron stipule bien que les droits de péage de Crodunum et de Vulchalo étaient payés par les negotiatores qui changeaient de route à Cobiomagus (Bram, Aude) pour éviter de passer par Toulouse. Comme le remarquent justement R. Étienne (1962) et M. Gayraud (1970), ces deux péages ne pouvaient donc pas se trouver sur la route reliant Narbonne à Toulouse. En outre, le transport du vin s’effectuait de Narbonne vers Toulouse, et non l’inverse, de ce fait, il n’y avait aucune raison d’installer un péage à Carcassonne, bien avant la bifurcation qui s’effectuait à Cobiomagus. Ces considérations ont amené R. Étienne (1962) et M. Gayraud (1970) à localiser Crodunum et Vulchalo sur un itinéraire commercial partant de Cobiomagus et allant vers le sud. Aucun de ces deux points de vue n’est pleinement satisfaisant. Notons d’ailleurs que sans rejeter complètement cette dernière hypothèse, J. France (2001) souligne le fait que la route commerciale quittant Cobiomagus ne se dirigeait pas nécessairement vers le sud et que rien ne justifie l’existence de deux péages successifs sur un même axe routier. La question n’est donc absolument pas tranchée.
(1) Seuls les noms de Toulouse et de Narbonne sont épargnées.(2) Bien que Cicéron n’en dénombrait que quatre, É Griffe (1957) a cru bon en ajouter un cinquième, Cobiomagus, ce qui n’est aucunement justifié.
Cicéron, Plaidoyer pour M. Fontéius, IX : Itaque Titurium Tolosae quaternos denarios in singulas vini amphorae portori nomine exegisse; Croduni Porcium et Munium ternos et victoriatum ; Vulchalone Servaeum binos et victoriatum, atque in his locis [se. Croduni et Vulchalone] ab lis portorium esse exactum si qui Cobiomago qui vicus inter Tolosam et Narbonem est deverterentur neque Tolosam ire vellent ; Elesioduni C. Annium senos denarios ab ils qui ad hostem portarent exegisse."(3)
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Traduction : C'est ainsi que Titurius a exigé à Toulouse, à titre de taxe ( portorium), quatre deniers par amphore de vin; qu'à Crodunum Porcius et Munius ont exigé trois deniers et un victoriat ; qu'à Vulchalo Servaeus a exigé deux deniers et un victoriat et que dans ces pays le portorium a été perçu sur ceux qui, arrivés à Cobiomagus, vicus situé entre Toulouse et Narbonne, changeaient de route et ne voulaient pas aller à Toulouse ; qu'à Elesiodunum C. Annius a exigé six deniers de ceux qui transportaient [le vin] en pays étranger" (4).
(3) Lecture d'après A. Boulanger (1929), in É Griffe (1957) (4) Traduction de É Griffe (1957)
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Sources: R. Étienne, (1962) - Bordeaux antique, Tome 1, Fédération historique du Sud-Ouest, 388p.
J. France, (2001) - Quadragesima Galliarum : l’organisation douanière des provinces alpestres, gauloises et germaniques de l’Empire romain (Ier siècle avant J.-C. - IIIe siècle après J.-C.), Publications de l'École Française de Rome, 498p.
M. Gayraud, (1970) - "L'inscription de Bram (Aude) et les toponymes Eburomagus, Hebromagus, Cobiomagus, en Gaule méridionale", Revue archéologique de Narbonnaise n°3, pp.103-114
É. Griffe, (1957) - "I. La Narbonnaise au temps du prêteur Fonteius : questions de topographie", Annales du Midi, 69-37, pp.59-64
Julien Quiret pour l'Arbre Celtique
Pierre Crombet pour l'Arbre Celtique
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