Peuple de la province de Gaule lyonnaise, leur territoire correspondait à celui de l'ancien diocèse de Bayeux (avant 1790), soit la moitié ouest du département du Calvados et l'extrémité occidentale du département de l'Orne. On notera également que leur nom se retrouve dans celui de l'actuel pays du Bessin, dont l'extension actuelle est moindre qu'elle ne le fut par le passé. Leur métropole était Augustodurum (Bayeux).
Attestations et étymologie
Ce peuple qui ne fut mentionné que dans deux sources littéraires antiques sous les formes différentes ; Bodiocasses par Pline (Histoire naturelle, IV, 107), Baiocassi (Ausone, Souvenirs aux professeurs de Bordeaux, V) et ciuitas Baiocassium dans la Notice des Gaules. La version de Pline est généralement privilégiée (Guyonvarc'h & Le Roux, 1986 ; Delamarre, 2003 ; 2017 ; Lambert, 2003). Cet ethnonyme est gaulois, il s'explique par badios / bodios "jaune / blond / doré", associé à -casses "boucle / tresse". L'ensemble de ce composé pourrait se traduire par "(ceux à) la chevelure blonde" ou "(ceux) aux boucles blondes" (Delamarre, 2003 ; 2017 ; Lambert, 2003).
Histoire
● La cité des Baïocasses, une création tardive
Les Bodiocasses ne furent mentionnés qu'à partir du Ier s. ap. J.-C. Si l'on se fie à la Guerre des Gaules de César, le peuple dont dépendait ce territoire à l'époque pré-romaine était celui des Ésuviens. Dans un cadre mal déterminé, probablement lors d'une des réorganisations administratives de la Gaule opérée du temps d'Auguste, que la cité des Ésuviens fut démembrée et les peuplades ou pagi des Bodiocasses et des Viducasses gagnèrent leur autonomie et furent érigées au rang de cités.
● La cité des Baïocasses au Bas-Empire
Lors de la réforme provinciale de Dioclétien (dernière décennie du IIIe s. ap. J.-C.), la cité des Bodiocasses intégra la nouvelle province de Lyonnaise seconde. Aussi, à une date comprise entre l'érection de la borne routière de Vieux (AE 1979, 410) en 305-306 ap. J.-C. et la rédaction de la Notice des Gaules (IVe-Ve s. ap. J.-C.), la cité des Bodiocasses fut agrandie aux détriments de celle des Viducasses, qui perdit alors toute autonomie.
D'après les Souvenirs aux professeurs de Bordeaux d'Ausone (rédigés après 389 ap. J.-C.), le rhéteur Attius Patera, notable de la cité des Bodiocasses / Baïocasses, enseignait à Burdigala (Bordeaux) dans la première moitié du IVe s. ap. J.-C. D'après Jérôme de Stridon, il enseigna également à Rome et fut l'auteur de divers ouvrages (Chroniques, II ; Critique sacrée : Lettre à Hédibia, Préface). Il était réputé descendre de druides et les origines de sa familles se rapportaient au culte de Belenos (Souvenirs aux professeurs de Bordeaux, IV). Dans ce même passage, il est dit qu'Attius Patera était le fils du "vieux Phebicius", présenté un peu plus loin comme ayant été Beleni aedituus "gardien du temple de Belenus" en Armorique, avant d'obtenir par les soins de son fils une chaire à Burdigala (Souvenirs aux professeurs de Bordeaux, X). Attius Patera était également le frère d'un autre Phebicius et le père du rhéteur Attius Tiro Delphidius, auquel Ausone consacra un autre passage de son oeuvre (Souvenirs aux professeurs de Bordeaux, V).
Sources littéraires anciennes
Ausone, Souvenirs aux professeurs de Bordeaux, IV :"Attius Patéra, ou Pater, rhéteur. Bien que tu aies précédé en cette vie ceux dont je viens de parler, cependant, Patéra, comme ta parole célèbre était florissante encore en ces derniers temps, et que tout jeune je t'ai vu vieillard, je ne te priverai pas des honneurs de la nénie plaintive, maître de nos puissants rhéteurs. Tu étais Baïocasse, et issu de la race des Druides, si la renommée n'est point trompeuse : ta famille tirait son origine sacrée du temple de Belenus ; delà vos noms : le tien, Patéra, qui, dans le langage des initiés, désigne les ministres d'Apollon ; celui de ton frère et de ton père, qu'ils doivent à Phébus ; et celui de ton fils, qui lui vient de Delphes. Nul en ce siècle n'eut autant de lumières, et nul ne sut varier comme toi la marche et les tournures du discours. Doué d'une mémoire heureuse, d'une élocution facile, claire, harmonieuse, élégante, peu prodigue du sel de la raillerie, exempt de fiel, fuyant les excès de la chère et du vin, tu vécus chaste, enjoué, brillant de santé jusqu'en ta vieillesse même, qui fut la vieillesse de l'aigle ou du coursier."
Pline, Histoire naturelle, IV, 107 :"La Gaule Lyonnaise renferme les Lexoviens, les Véliocasses, les Calètes, les Vénètes, les Abrincatuens, les Ossismiens ; la Loire, fleuve célèbre ; une péninsule remarquable qui s'avance dans l'Océan, à partir des Ossismiens, dont le tour est de 625.000 pas, et dont le col a 125.000 pas de large ; au-delà de cette péninsule, les Namnètes ; dans l'intérieur, les Éduens, alliés, les Carnutes, alliés, les Boïens, les Sénons, les Aulerques surnommés Éburoviques, et ceux qui sont surnommés Cénomans ; les Meldes, libres ; les Parisiens, les Tricasses, les Andécaves, les Viducasses, les Bodiocasses, les Venelles, les Coriosuélites, les Diablintes, les Riedons, les Turons, les Atésuens, les Ségusiaves, libres, dans le territoire desquels est Lyon, colonie."