[Autissiodurenses] - Pagus de la cité des Éduens, puis cité autonome de la province de Grande Sénonie, cette entité fut désignée successivement par les noms PAG(ORVM) II M(AIORIS?) AVTESSIODVRI sur les patères d'Auxerre (CIL 13, 2920), AVTISSIODVRENSIVM CIVITAS sur l'une des tablettes de Lacaussade (CIL 13, 921b), puis ciuitas Autisioderum sur la Notice des Gaules. Cet ethnonyme est un gentilé latin qui dérive du nom de la métropole de cette cité Autessiodurum (Auxerre). Le territoire de la cité des Autissiodurenses correspondait dans une très large partie à celui du diocèse d'Auxerre, dans ses limites antérieures à 1790, soit l'Auxerrois et la Puisaye.

Un vif débat agite les historiens quant à l'appartenance du territoire des Autissiodurenses, antérieurement à leur autonomie (Cf. synthèse de M. Kasprzyk, 2005 & M. Kasprzyk et al., 2012). La découverte de la borne milliaire de Prégilbert (1870) a considérablement animé ce débat, et bien que la lecture qui en est faite diffère d'un travail à l'autre, l'inscription qu'elle porte atteste du fait que cette localité se situait sur le territoire des Éduens dans la seconde moitié du II^e s. ap. J.-C., alors qu'elle fut par la suite au coeur du territoire des Autissiodurenses (Barral et al., 2002). L'examen ou le réexamen des découvertes archéologiques effectuées dans ce secteur apporte d'autres éléments. Les monnayages découverts dans ce secteur, souvent tardifs, présentent beaucoup d'affinités avec celui des Éduens, tandis que les émissions monétaires attribuées aux Sénons y sont rares (Barral et al., 2002 ; Nouvel, 2002 ; 2004). Ces travaux ont été complétés par des études épigraphiques. J.-J. Hatt, (1988), M.-T. Raepsaet-Charlier, (1993), M. Kasprzyk (2005) et M. Kasprzyk et al. (2012) ont observé que le formulaire "AVGVSTO SACRVM (+ divinité)", presque exclusivement employé dans la cité des Éduens aux II^e et III^e s. ap. J.-C., était communément utilisé au niveau de ce qui deviendra le territoire du diocèse médiéval d'Auxerre, tandis que son usage était inconnu chez les Sénons (1). M. Kasprzyk (2005) et M. Kasprzyk et al. (2012) notent également que le culte d'Ucuetis, attesté à Alesia (Alise-Sainte-Reine, Côte-d'Or) (2), n'est attesté ailleurs qu'à Intaranum (Entrains-sur-Nohain, Nièvre), sur le territoire du diocèse médiéval d'Auxerre. De même, la déesse Clutoida, attestée sur le territoire des Éduens (3), n'est autrement attestée qu'à Massava (Mesves-sur-Loire, Nièvre), également situé dans le diocèse médiéval d'Auxerre.

La datation de la déduction de cette cité est fournie par deux documents. La borne milliaire de Prégilbert, tout d'abord, atteste que cette localité, située au centre du diocèse médiéval d'Auxerre, relevait encore de la cité des Éduens entre 261 et 266 ap. J.-C. Les tablettes de Lacaussade, dont celle qui mentionne la cité des Autissiodurenses (CIL 13, 921b), sont quant à elles datées des années 375 ap. J.-C. Autre indice, lors de la tenue du pseudo-concile de Cologne en 346 ap. J.-C., les cités de Sens et d'Auxerre disposaient chacune de leur propre évêque (4). À partir de cette documentation, C. Goudineau & C. Peyre (1993) ont estimé que cette déduction remonterait à la réforme provinciale de Dioclétien, à la transition du III^e et IV^e s. ap. J.-C. J.-L. Voisin (2002) a quant à lui émis l'hypothèse que cette déduction remonterait au règne de Marcus Cassianus Latinius Postumus ou de l'un de ses successeurs de l'Empire gaulois, pour sanctionner les Éduens de leur attachement à l'empereur Gallien.

Notes

Sources épigraphiques