Des Gaulois de diverses cités apportent leur soutien aux Éduens (21 ap. J.-C.)
Suite à la prise d'Augustodunum par les soutiens de Iulius Sacrovirus, des Gaulois issus de diverses cités rejoignirent individuellement les rangs des insurgés (Annales, III, 43). Quelle fut l'ampleur de ces ralliements ? Tacite n'en dit rien, cependant dans un passage suivant, il indique que le bruit courut à Rome que les soixante-quatre cités de Gaule, entraînant avec elles les Germains et les provinces hispaniques. Comme le souligne parfaitement l'auteur, cette rumeur fut amplifiée à dessein par les détracteurs de Tibère. Bien que l'exagération soit certaine, la courte description que Tacite dresse de l'opinion publique suffit à expliquer l'attitude de Tibère et l'inquiétude qui semble l'avoir habité quant à l'évolution de la situation en Gaule (Annales, III, 44).
On notera enfin qu'un certain temps dut s'écouler entre l'installation des insurgés à Augustodunum (Autun) et la mise en branle des forces militaires romaines, puisque Tacite indique que les désaccords entre les légats Caius Visellius Varro et Caius Silius atteignirent alors leur paroxysme. En effet, les légats des deux districts militaires rhénans se disputaient la conduite de la campagne contre Iulius Sacrovirus, laissant l'opportunité aux conjurés de recevoir le soutien de plus nombreux partisans. Au terme de ces désaccords, Caius Visellius Varro abandonna finalement la conduite de la guerre à son benjamin, Caius Silius (Annales, III, 43). A ce moment seulement, les troupes romaines se mirent en route pour gagner le territoire éduen.
Tacite, Annales, III, 43 : "Ces forces étaient accrues par le concours des autres Gaulois, qui, sans attendre que leurs cités se déclarassent, venaient offrir leurs personnes, et parla mésintelligence de nos deux généraux, qui se disputaient la conduite de cette guerre. Varron, vieux et affaibli, la céda enfin à Silius, qui était dans la vigueur de l'âge."
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Tacite, Annales, III, 44 : "Cependant à Rome ce n'étaient pas seulement les Trévires et les Éduens qu'on disait soulevés : à en croire les exagérations de la renommée, les soixante-quatre cités de la Gaule étaient en pleine révolte ; elles avaient entraîné les Germains, et l'Espagne chancelait. Les gens de bien gémissaient pour la république. Beaucoup de mécontents, en haine d'un régime dont ils désiraient la fin, se réjouissaient de leurs propres périls. Ils s'indignaient que Tibère consumât son temps à lire des accusations, quand le monde était en feu : " Citerait-il Sacrovir devant le sénat comme criminel de lèse-majesté. Il s'était enfin trouvé des hommes qui allaient arrêter par les armes le cours de ses messages sanglants. Mieux valait la guerre qu'une paie misérable ". Tibère, affectant plus de sécurité que jamais, passa ces jours d'alarmes dans ses occupations ordinaires, sans quitter sa retraite, sans changer de visage. Était-ce fermeté d'âme ? ou savait-il combien la voix publique grossissait le danger ?"
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