Le massacre des Romains de Cenabum (début 52 av. J.-C.)
Dans le cadre de l'assemblée secrète des principaux chefs gaulois (hiver 53-52 av. J.-C.), une date fut définie pour lancer l'insurrection générale des peuples gaulois, et les Carnutes se portèrent volontaires pour engager les hostilités.
Conformément à leurs engagements, sous les ordres de Cotuatos et de Conconnetodumnos, les Carnutes massacrèrent les citoyens romains de Cenabum (Orléans) à la pointe du jour (1). Ces Romains étaient des commerçants et l'un d'eux n'était autre que Caius Fusius Cita, chevalier en charge des vivres, dont on peut supposer qu'il fournissait une partie des approvisionnements destinés aux six légions (2) qui hivernaient chez les Sénons (Guerre des Gaules, VII, 3).
Immédiatement après ce massacre, les Carnutes informèrent les autres peuples de leur entrée en guerre. Des personnes furent chargées de transmettre et de relayer cette annonce par des cris à travers les campagnes gauloises, afin que proche en proche, cette information soit transmise aux autres cités s'étant engagées à soutenir l'insurrection. Ce mode de communication fut d'une efficacité redoutable, puisqu'au cours de la première veille de ce même jour (3), la nouvelle arriva chez les Arvernes, à 160 mille pas de là (4) (Guerre des Gaules, VII, 3).
Comme prévu lors des préparatifs du soulèvement, différents peuples entrèrent à leur tour en résistance, les premiers ayant tenu leur engagement étant les Arvernes.
Notes
(2) Théoriquement, à la fin de l'époque républicaine, une légion comportait 6000 hommes. Les six légions cantonnées chez les Sénons équivalaient donc à 36000 hommes.
(3) Soit entre 21 et 22 heures.
(4) Soit près de 236 kilomètres.
Sources littéraires anciennes
César, Guerre des Gaules, VII, 3 : "Ce jour arrivé, les Carnutes, sous les ordres de Cotuatos et de Conconnétodumnos, hommes déterminés à tout, se jettent, à un signal donné, dans Cénabum, massacrent les citoyens romains qui s'y trouvaient pour affaires de commerce, entre autres C. Fusius Cita, estimable chevalier romain, que César avait mis à la tête des vivres, et ils pillent tous leurs biens. La nouvelle en parvient bientôt à toutes les cités de la Gaule ; car, dès qu'il arrive quelque chose de remarquable et d'intéressant, les Gaulois l'apprennent par des cris à travers les campagnes et d'un pays à l'autre. Ceux qui les entendent les transmettent aux plus proches comme on fit alors. En effet, la première veille n'était pas encore écoulée que les Arvernes savaient ce qui s'était passé à Cénabum au lever du soleil, c'est-à-dire à cent soixante milles environ de chez eux."
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Dion Cassius, Histoire romaine, XL, 33 : "Sur ces entrefaites, de nouveaux troubles éclatèrent chez les Gaulois. Les Arvernes se révoltèrent sous la conduite de Vercingétorix, et massacrèrent tous les Romains qu'ils trouvèrent dans les villes et dans les campagnes." |
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