Les Massaliotes concèdent des pertes territoriales et la fin de leur hégémonie sur le Sud de la Gaule (entre 49 et 43 av. J.-C.)
Au terme de la capitulation de la cité de Massalia (25 octobre 49 av. J.-C.), l'ensemble de cette thalassocratie phocéenne était tombée entre les mains des Romains. En vertu d'un décret rendu contre les Massaliotes à une date comprise entre la fin de l'année 49 et 43 av. J.-C., leur domaine maritime fut en partie démantelé. Ce fut dans ce cadre que le poste d'Αγαθή Τύχη / Agathé Tyché (Agde) leur fut retiré (Pline, Histoire naturelle, III, 33), tout comme celui d'Ἀντίπολις / Antipolis (Antibes) (Pline, Histoire naturelle, III, 34-35 ; Strabon, Géographie, IV, 1, 9) et certainement quelques autres cas particuliers n'ayant pas été commentés par les auteurs antiques. En revanche, nous savons qu'ils conservèrent leurs principales possessions, telles qu'Athenopolis (Baie des Canebiers ?, Saint-Tropez) (Pline, Histoire naturelle, III, 34), Νίκαια / Nikaia (Nice) (Strabon, Géographie, IV, 1, 9 ; Ptolémée, Géographie, III, 1, 2), Μόνοικος / Monoikos (Monaco) (Ptolémée, Géographie, III, 1, 2) et très certainement la totalité de la chôra de Massalia. D'après Strabon, les Massaliotes ne furent pas malmenés outre mesure. Elle conserva son autonomie et la jouissance des villes qui en dépendaient (Géographie, IV, 1, 5).
À au moins quatre reprises, les Romains confièrent des territoires pris aux Gaulois, aux Massaliotes. Ainsi, la portion littorale des territoires des Oxybiens et des Déciates leur furent cédés en 154 av. J.-C., celle du territoire des Salyens en 123-122 av. J.-C., ou encore les Fossae Marianae en 102 av. J.-C.. Enfin, les territoires des Volques Arécomiques et des Helviens passèrent sous contrôle massaliote en 76 av. J.-C.. Sur les territoire des Salyens et des Volques Arécomiques, plus particulièrement, de nombreux oppida indigènes devinrent dés lors autonomes et se mirent à battre des monnaies inspirées de celles de Massalia. Suite à la défaite des Massaliotes, ils perdirent leur hégémonie sur ces territoires, mais gardèrent cependant la bande littorale, entre l'embouchure du Var et Μόνοικος / Monoikos (Ptolémée, Géographie, III, 1, 2).
Dans les années qui suivirent ce démantèlement, certains oppida indigènes détachés de Massalia et au moins un comptoir massaliote, furent érigés en cités de droit latin ; les oppida latina. Les cas les mieux documentés sont ceux de Cabellio et Antipolis, du temps de Marcus Aemilius Lepidus (43 av. J.-C.).
Sources littéraires anciennes
Pline, Histoire naturelle, III, 33 : "Agatha, appartenant jadis aux Marseillais; la contrée des Volces Tectosages, le lieu où fut Rhoda des Rhodiens, et d'où provient le nom du Rhône, le plus riche fleuve de la Gaule."
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Pline, Histoire naturelle, III, 34-35 : "le promontoire Zao, le port Citharista ; la région des Camatulliques, puis les Sueltères ; et au-dessus les Verrucins ; sur la côte elle-même, Athénopolis des Marseillais ; une colonie de la huitième légion, Forum Julii, ou Pacensis, ou Classica ; il y passe un fleuve appelé Argenté ; la région des Oxubiens et des Ligaunes, au-dessus desquels sont les Suètres, les Quariates, les Adunicates ; sur la côte, la ville latine d'Antipolis ; la région des Déciates ; le Var, qui descend du mont Céma, de la chaîne des Alpes."
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Strabon, Géographie, IV, 1, 5 : "Ajoutons qu'ils avaient employé leurs forces militaires à fonder un certain nombre de places destinées à leur servir de boulevards contre les Barbares : les unes, situées sur la frontière d'Ibérie, devaient les couvrir contre les incursions des Ibères, de ce même peuple à qui ils ont communiqué avec le temps les rites de leur culte national (le culte de Diane d'Ephèse), et que nous voyons aujourd'hui sacrifier à la façon même des Grecs ; les autres, telles que Rhodanusia et Agathé, devaient les défendre contre les Barbares des bords du Rhône ; d'autres enfin, à savoir Tauroentium, Olbia, Antipolis et Nicaea, devaient arrêter les Salyens et les Ligyens des Alpes. Massalia possède encore des cales ou abris pour les vaisseaux et tout un arsenal. […] Du reste, César et les princes, ses successeurs, en souvenir de l'ancienne alliance de Rome avec Massalia, se sont montrés indulgents pour les fautes qu'elle avait commises pendant la guerre civile, et lui ont conservé l'autonomie dont elle avait joui de tout temps, de sorte qu'aujourd'hui elle n'obéit pas, non plus que les villes qui dépendent d'elle, aux préfets envoyés de Rome pour administrer la province. - Voilà ce que nous avions à dire au sujet de Massalia."
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Strabon, Géographie, IV, 1, 9 : "Nous ferons remarquer seulement dès à présent que, bien qu'Antipolis soit située en dedans des limites de la Narbonnaise, et Nicaea en dedans des limites de l'Italie, celle-ci demeure dans la dépendance de Massalia et fait partie de la Province, tandis qu'Antipolis se trouve rangée au nombre des villes italiques, par suite d'un décret rendu contre les Massaliotes, qui l'a affranchie de leur juridiction." |
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