Marius fait creuser le canal du Rhône et l'offre aux Massaliotes (102 av. J.-C.)
Dans l'attente d'un affrontement avec les Cimbres et les Teutons, Caius Marius fit creuser à ses homme un vaste canal pour faciliter la navigation près des bouches du Rhône. Les Massaliotes avaient participé à la guerre menée par Rome contre les Ambrons et les Toygènes, alliés des Cimbres et des Teutons. Cette participation dut certainement se traduire par le transport des troupes romaines et de leur matériel. Pour les en remercier, Marius leur offrit ce canal et donc, un certain monopole du commerce au niveau des bouches du Rhône. Pour s'approprier les lieux, les Massaliotes y ont élevé un temple dédié à la Diane d'Ephèse. Le nom de ce canal, fossae Marianae, se retrouve dans le nom actuel de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). La localisation exacte de ce canal et des constructions qui devaient l'environner reste énigmatique. D'importants vestiges immergés, découverts depuis les années 1970 dans l'anse Saint-Gervais pourrait correspondre en partie à ces structures.
Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres : Vie de Marius, XVI : "Mais comme il fallait faire venir par mer toutes les provisions avec beaucoup de temps et de dépense, il trouva le moyen d'en rendre le transport prompt et facile. Les marées avaient rempli de vase et de gravier les embouchures du Rhône ; sa rive était couverte d'une bourbe profonde que les flots y déposaient, et qui en rendait l'entrée aussi difficile que dangereuse aux vaisseaux de charge. Marius, pour occuper son armée pendant ce temps de loisir, fit creuser un large fossé, dans lequel il détourna une grande partie du fleuve, et qu'il conduisit jusqu'à un endroit du rivage sûr et commode. Le fossé avait assez de profondeur pour contenir de grands vaisseaux, et son embouchure dans la mer était unie, et à l'abri du choc des vagues. Ce fossé s'appelle encore aujourd'hui la fosse Mariane."
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Solin, Polyhistor, II, 53-54 : "C. Marius, pendant la guerre contre les Cimbres, fit creuser des canaux pour donner accès à la mer, et rendre moins dangereux pour la navigation le cours impétueux du Rhône, fleuve qui, se précipitant des Alpes, roule d'abord ses eaux dans l'Helvétie, entraînant dans sa course d'autres fleuves, et devient, grâce à ses accroissements, plus orageux que la mer dans laquelle il se jette ; à cette différence près, que ce sont les vents qui agitent la mer, et que le Rhône est agité, même par un temps calme. Aussi le compte-t-on parmi les trois plus grands fleures de l'Europe. C'est là que se trouvait le lieu appelé Aquae Sextiliae, où le consul tint autrefois ses quartiers d'hiver, et qui depuis devint une ville. La vive chaleur des eaux de ce lieu s'est affaiblie par le temps, et n'est plus digne de son ancienne renommée."
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Strabon, Géographie, IV, 1, 8 : "Au sujet des bouches du Rhône, Polybe taxe formellement Timée d'ignorance : il affirme que ce fleuve n'a pas les cinq bouches que Timée lui prête, et qu'il n'en compte que deux en tout. Artémidore, lui, en distingue trois. Ce qu'il y a de sûr c'est que plus tard Marius s'aperçut que, par le fait des atterrissements, l'entrée du fleuve tendait à s'oblitérer et devenait difficile, et qu'il fit creuser un nouveau canal où il dériva la plus forte partie des eaux du Rhône. Il en concéda la propriété aux Massaliotes, pour les récompenser de la bravoure qu'ils avaient déployée pendant sa campagne contre les Ambrons et les Toygènes, et cette concession devint pour eux une source de grands profits, en leur permettant de lever des droits sur tous les vaisseaux qui remontent ou descendent le fleuve. Aujourd'hui, du reste, l'entrée du Rhône se trouve être tout aussi difficile à cause de la violence du courant, et par le fait des atterrissements et du peu d'élévation de la côte, qu'on a peine à apercevoir même de près par les temps couverts, ce qui a donné l'idée aux Massaliotes d'y bâtir des tours en guise de signaux. Les Massaliotes, on le voit, ont pris de toute manière possession du pays, et ce temple de Diane Ephésienne, érigé par eux aux mêmes lieux, sur un terrain choisi exprès, et dont les bouches du fleuve font une espèce d'île, est là encore pour l'attester." |
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